Fonds de tiroir

En 2006, Genève comptait 12'000 millionnaires (en fortune), soit 6 % des contribuables, qui détenaient 76 % de la fortune fiscale cantonale, et 680 multimillionnaires détenant au moins 10 millions de francs de fortune fiscale, soit 0,3 % des contribuables détenant le tiers de la fortune fiscale. A l'autre bout de l'échelle des fortunes, on trouve 15 % des contribuables n'en détenant aucune, 10 % de contribuables dont les dettes dépassent la fortune, et un tiers de contribuables détenant une fortune inférieure à 100'000 francs. Par classe d'âge, les plus de 60 ans, qui constituent 30 % des contribuables, détiennent 60 % de la fortune totale. Bien fait pour les djeuns : au lieu de festoyer nuitamment dans les rues, feraient mieux de bosser comme des malades. Ou de hâter la mort de leurs ascendants pour hériter. De faire quelque chose de normal, quoi, s'ils veulent qu'on les prennent enfin au sérieux.

Notre bon président suisse, Christian Levrat, a rappelé au congrès du PSS, à Lausanne, que les socialistes avaient « droit » à deux sièges au Conseil fédéral, mais qu'il fallait les mériter en se battant pour les garder, comme il avait fallu se battre pour les conquérir. Ouais. D'abord, ce genre de recommandations nuance assez considérablement le « virage à gauche » du PS, annoncé par la presse. Ensuite, qu'est-ce que c'est que cette histoire de « droit » à deux sièges (ou à un siège, ou à trois sièges, peu importe le nombre) ? Aucun parti, pas plus le PS qu'un autre.n'a le moindre droit au moindre siège dans un gouvernement. Siéger dans un gouvernement n'est pas un droit, c'est un moyen, peut-être un objectif stratégique, mais certainement pas un «droit». Ou alors il faut dire que sous prétexte qu'il a obtenu plus d'un septième des suffrages aux élections cantonales, le MCG a « droit » à un siège au Conseil d'Etat genevois, et l'UDC suisse, avec près de 30 % des suffrages aux dernières élections nationales, « droit » à deux sièges au Conseil fédéral, alors que le PSS s'est (à fort juste titre) acharné à ce qu'elle n'en ait plus qu'un, et qu'elle ne puisse rien en faire sinon abolir l'armée à la place du GSsA

Toute la droite genevoise se mobilise pour l'extension des horaires d'ouverture des (grands) magasins. Et quand on dit « toute la droite », c'est vraiment toute la droite. UDC et MCG compris. Ben oui, quoi, c'est qu'il y a du pognon à la clef. Ils vont être crédibles, les partis de l'Entente, quand ils recommenceront à faire les dégoûtés face aux affiches UDC et MCG.

On ne sait pas si le procès des anciens responsables de la Banque cantonale genevoise, et de son trou de 2,3 milliards bouché par les fonds publics, pourra reprendre avant 2011 : le Tribunal fédéral a annulé une décision de la Cour de Justice, qui avait refusé une demande de récusation du président du tribunal, le juge Delieutraz, soupçonné d'avoir « orienté » le tirage au sort des jurés de la Correctionnelle pour s'assurer de leur disponibilité à pouvoir siéger pendant deux mois. Les juges fédéraux n'ont pas statué sur le bien-fondé de la demande de récusation, ils ont seulement estimé que le refus de cette demande n'avait pas été suffisamment étayé. Du coup, on ne sait pas si le procès, qui doit reprendre cette semaine, ira jusqu'à son terme ou sera reporté (les avocats des accusés ne vont pas lâcher l'os qu'ils rongent depuis le début), et s'il devait finalement être reporté, on ne sait pas de combien de temps. mais il pourrait bien ne reprendre qu'au-delà du délai de prescription d'une partie des infractions et délits pour lesquels les accusés sont jugés. Au fond, entre nous, faire traîner les choses jusqu'à la prescription, et donc empêcher que la vérité sur la quasi-faillite de la BCG, c'est pas le but ?

Mercredi dernier, un chauffard a pris cinq ans et huit mois de prison pour avoir provoqué un accident mortel à Soleure. Le chauffard s'est donc rendu coupable d'un homicide. Il est étranger, le chauffard. On se dit donc, naïvement, qu'un étranger ayant commis un homicide en Suisse tomberait sous le coup de l'initiative UDC pour le renvoi des « criminels étrangers ». Ben non. Les chauffards homicide, l'UDC n'en a rien à secouer: ils ne font pas partie de la liste noire des « criminels étrangers » à qui la « double peine » (prison + expulsion) serait applicable. Un oubli involontaire ? Pas du tout : un « détail », selon le Conseiller national UDC genevois Nydegger. C'est bien à ce genre de « détails » qu'on mesure le souci qu'à l'UDC de la « sécurité » dans ce pays...

Dernières nouvelles des alpages chrétiens : à Stalden (Valais), le prof mécréant qui a été licencié par le Conseil régional, au prétexte d'une « rupture du rapport de confiance », pour avoir décroché un crucifix de sa salle de classe, reste licencié, le Conseil d'Etat ayant refusé, au prétexte cette fois de « l'intérêt public » de frapper son licenciement d'un effet suspensif. Pendant ce temps, à Lucerne, une pétition émanant de politiciens UDC et PDC réclame le maintien du crucifix dans les salles de classes, après qu'un père d'élève ait demandé qu'on l'enlève. Bon, égrénée comme cela, la petite chronique du catholicisme rupestre pourrait laisser penser que le chroniqueur est atteint d'antipapisme pulsionnel. Ben non : le chroniqueur est même prêt à féliciter les évêques suisses, qui se sont prononcés, comme le PS, comme les Verts, comme la gauche de la gauche, pour un double « non » à l'initiative UDC et au contre-projet parlementaire sur le renvoi des «criminels étrangers», contrairement à la Fédération des églises protestantes, qui recommande le soutien au contre-projet.

ça devait arriver, et c'est arrivé : un comité de pontes socialistes s'est créé pour prendre le contre-pied de la position adoptée par le parti lors de son dernier congrès à propos de l'initiative UDC et du contre-projet parlementaire sur l'expulsion des «criminels étrangers». Le comité réuni autour du Conseiller national bâlois Daniel Jositsch, et qui ne comporte aucun Romand, appelle à soutenir le contre-projet, qui n'a évidemment aucune chance de passer sans un renfort socialiste, mais qui, avec ou sans ce renfort, ne mérite d'ailleurs pas de passer, tant il apparaît comme un décalque de l'initiative UDC, l'hypocrisie en plus. La comparaison historique vaut ce qu'elle vaut, et elle pèche évidemment par excès, mais ces fins tacticiens nous rappellent furieusement ceux qui, il y a trois-quarts de siècle, trouvaient judicieux de jouer Mussolini contre Hitler.

Interrogée par la «Tribune » sur sa réaction au bon conseil de papy Blocher (ne plus se préoccuper du MCG et se concentrer sur des thèmes nationaux), la présidente de l'UDC genevoise assure qu'il n'y a pas de contacts entre l'UDC cantonale et le MCG, parce que pour elle, « le MCG est un parti de gauche ». En revanche, les sections municipales peuvent parfaitement accepter de s'apparenter, soit avec l'Entente, soit avec le MCG-qui-est-un-parti-de-gauche, mais qui alors ne serait plus un parti de gauche. A moins que l'UDC soit dans un tel état que non seulement elle ne distingue plus sa gauche de sa droite, mais qu'elle soit même prête à s'allier avec n'importe qui pour surnager. En particulier en Ville, où elle risque d'être à ce point cannibalisée par le MCG qu'elle pourrait tomber en dessous de la barre du quorum et disparaître du Conseil municipal.

Les gouvernementaux cantonaux, à majorité de droite, s'opposent à l'initiative socialiste pour des impôts « équitables ». ça ne devrait pas surprendre, alors même que dix cantons (tous les romands, plus le Tessin, Berne et les deux Bâle) appliquent déjà ce que l'initiative recommande, et que d'autres cantons, comme Zurich, n'auraient rien à perdre, et beaucoup à gagner, à ce que cesse le dumping fiscal auquel se livrent de petits cantons qui n'assument aucune charge d'infrastructure régionale, mais attirent à ceux les contribuables friqués et donc en privent les cantons qui, eux, assument de telles tâches. Commentaires de quelques ministres des Finances : le socialiste neuchâtelois Jean Studer observe qu'à l'évidence l'appartenance à un parti joue un rôle plus déterminant que l'appartenance à un canton dans le prononcement des ministres à l'égard de l'initiative socialiste; le Vert genevois David Hiler relève l'exemple de Zurich, où la ministre radicale des Finances combat l'initiative en défendant une « position de base qui consiste à dire que la concurrence est bonne en tout », alors qu'elle est fiscalement nuisible à Zurich; la socialiste bâloise Eva Herzog et le socialiste bernois Andreas Rickenbacker relèvent également que les cantons assumant une fonction de métropole devraient plutôt soutenir l'initiative que la combattre aux côtés des cantons qui jouent la carte des « impôts discount ». Bref, tout ça pour dire quoi ? Pour dire que les ministres « bourgeois » défendent les intérêts de leur clientèle et de celle de leurs partis, plutôt que les intérêts de leurs cantons. Notez qu'on le savait déjà -mais 'il est bon que cela soit rappelé, et pas par d'insignifiants militants à peine contribuables, mais par des ministres honorablement connus de leur entourage.

Selon une étude de l'Office fédéral de la statistique, 37 % des habitantes et habitants de Suisse, âgé-e-s de plus de 15 ans, sont trop gros, et 8% sont carrément obèses. Les hommes sont proportionnellement bien plus nombreux (46 %) que les femmes (29 %) à présenter un excès de poids, alors qu'ils sont aussi plus nombreux (43 % contre 39 %) à avoir une « activité physique » de type sportive ou ludique. Il nous semblait bien, aussi, que ce pays commençait sérieusement à être confit dans sa propre graisse.

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