Augmentation des tarifs TPG : Faire payer aux usagers cinquante ans de conneries politiques ?


La commission des transports du Grand Conseil a demandé, à une large majorité (PS, verts, PDC, MCG), contre les libéraux, radicaux et udécistes, de reporter (seulement de reporter) d'un an (seulement d'un an) la hausse des tarifs TPG. Le Grand Conseil a accepté ce report. Un vote de principe ? Non : un vote d'opportunité : les conditions de transport des usagers des TPG, autant que leur humeur, sont si dégradées ,par les travaux rendus nécessaires par les nouvelles lignes de trams, que la grogne est générale. A six mois des élections municipales, ça inquiète. Mais quand les travaux seront terminés, la majorité de droite ressortira du frigo la hausse des tarifs, en comptant que les oppositions qu'elle suscite aujourd'hui se seront estompées, et en ressortant jusqu'à plus soif l'argument de l'amélioration des prestations, « qu'il faut bien financer » mais qu'elle refuse de faire financer par le canton, alors qu'il ne s'agit que de réparer un demi siècle de conneries dans la politique des transports urbains. De la resquille comme réparation

Le report à l'année prochaine de la hausse des tarifs TPG n'est qu'un sursis, comme le fait à juste titre observer l'AVIVO, qui a lancé, et maintient, une initiative pour, d'une part baisser ces tarifs, et d'autre part donner au parlement la compétence de les fixer, et donc au peuple le pouvoir de les attaquer par référendum. En attendant, les TPG ont lancé une vaste offensive contre la resquille, et ont même décidé de faire accompagner leurs contrôleurs par des agents de sécurité (privés, sans doute) pour assurer leur sécurité face au mécontentement des usagers resquilleurs. Quant à la hausse des tarifs, sa justification est toujours la même : il faut payer l'amélioration des prestations. Et comme la majorité parlementaire refuse de la faire payer par le budget cantonal, elle la fera payer par les usagers. C'est injuste et incohérent, mais c'est surtout amnésique. parce qu'en réalité, tout ce qui se fait comme travaux à Genève en ce moment pour le développement des transports publics, par de nouvelles lignes de trams, n'est qu'une réparation de tout ce qui a été défait en un demi-siècle. Dès les années cinquante, on s'est mis, à Genève comme dans bien d'autres villes (mais pas dans toutes), à faire place nette à la bagnole. Et dans le même temps où l'on arrachait les rails de trams que l'on doit aujourd'hui reposer, on faisait tout pour attirer les bagnoles en ville, d'où l'on cherche aujourd'hui à les faire sortir. Avec ce résultat qu' aujourd'hui, la ville de Genève, au grand dam de sa Municipalité, est championne de Suisse pour l'offre de places de parcs pour bagnoles : elle en offre 236 pour 1000 habitants (alors que la moitié des habitants de la Ville n'ont pas de voiture), voir même 450 pour 1000 habitants si on tient compte des parkings privés. Ce qui n'empêche pas les bagnolâtres et les parkingomaniaques de réclamer de nouveaux parkings, et de s'opposer aux zones piétonnes. L'augmentation des tarifs des transports publics est dans le droit fil de cette politique. Et face à cette augmentation comme face à cette politique, on peut s'offrir le luxe d'user de trois grands mots bien ronflants : L'égalité, la responsabilité, la cohérence. L'égalité, qui justifie la gratuité des transports publics, parce qu'un franc n'a pas la même valeur pour quelqu'un qui en a 2500 par mois pour vivre et pour quelqu'on qui en a 25'000. La responsabilité, qui justifie le financement intégral des transports publics par l'impôt, dès lors qu'on ne fait aujourd'hui que rattraper le temps perdu, et réparer les conneries du passé. La cohérence enfin, entre les discours sur la nécessité de d'opérer un « transfert modal » de la route et de l'automobile privée vers les transports publics, et les actes politiques : augmenter les tarifs des TPG, ce n'est après tout rien d'autre que faire payer à leurs usagers le prix d'un comportement qu'on leur demande d'avoir. autrement dit de les punir parce qu'ils font ce qu'on leur demande de faire.

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