Equité fiscale : Ce-n'est-qu'un début-continuons le-combat !

L'initiative socialiste pour l'équité fiscale a donc été rejetée par la majorité du peuple (58,5 % de « non ») et des cantons. Elle a néanmoins été acceptée par Genève, le Jura, Neuchâtel et Bâle ainsi que les villes de Lausanne, Berne, Fribourg, Zurich et Bellinzone. Ce résultat est certes en deçà des espérances du PS (nous espérions une majorité populaire, la majorité des cantons étant inatteignable) mais n'en ouvre pas moins des possibilités de relancer le débat fiscal : l'initiative obtient un soutien bien plus large que le seul poids de la gauche en Suisse, où, prise en son sens le plus large, en y incluant les Verts, les chrétiens sociaux et la « gauche de la gauche », elle ne pèse qu'un tiers de l'électorat actif, alors que 41,5 % des votantes et des votants ont finalement accepté un texte qui n'a réellement été défendu dans la campagne électorale que par le PS lui-même et la « gauche de la gauche », avec des moyens cinquante fois inférieurs à ceux consacrés par la droite et le patronat à le combattre, y compris par le mensonge.

Et maintenant, sus aux forfaits fiscaux !

L'initiative socialiste pour l'« équité fiscale » a succombé en votation populaire, mais le débat qu'elle a lancé va se poursuivre : « La Gauche - Alternative Linke - La Sinistra » a annoncé son intention de lancer, en mars 2011, une initiative fédérale pour la suppression des forfaits fiscaux accordés aux riches étrangers. Et à Genève, en février, nous aurons à combattre l'amnistie fiscale votée par la droite. La coïncidence de ces deux combats nous offre l'occasion d'unir localement et nationalement, des forces qui ont une maligne tendance à privilégier leur concurrence à leurs convergences. On ne voit en effet pas au nom de quoi le PS refuserait de soutenir l'initiative fédérale de La Gauche, ni au nom de quoi La Gauche refuserait de s'associer au combat contre l'amnistie fiscale genevoise... Cette unité est d'autant plus nécessaire qu'on a pu vérifier, dans la campagne sur l'initiative socialiste, ces dernières semaines, l'extraordinaire disproportion entre les moyens engagés par la droite et le patronat, et ceux dont nous avons pu disposer pour présenter et défendre, contre les falsifications, notre initiative. Que Genève, le Jura, Neuchâtel et Bâle-Ville, plus les villes de Zurich, de Berne et de Lausanne, contre le reste de leur canton, aient accepté un texte soumis à une canonnade propagandiste incessante, paraîtrait tenir du miracle si nous croyions aux miracles. Il se trouve que les cantons et les villes qui ont soutenu l'équité fiscale sont aussi des cantons et des villes qui ont refusé l'amalgame udéciste entre immigration et criminalité. Il se trouve que Genève a accepté l'initiative fiscale socialiste en même temps qu'elle refusait le projet patronal d'élargissement des horaires d'ouverture des magasins. Il se trouve même que les quelques communes suburbaines (Onex, Vernier, Meyrin) qui ont accepté l'initiative udéciste, et les quelques locaux de vote de la Ville qui ne l'ont refusé que du bout des lèvres (Vieusseux, Sécheron, Servette) ont aussi accepté l'initiative socialiste avec plus de 60 % des suffrages et contre les mots d'ordres de l'UDC et du MCG, et refusé le projet du patronat des grands magasins. Cet électorat est un électorat « antibourgeois » qui abandonne la gauche lorsqu'elle-même lui paraît l'abandonner, mais la soutient lorsqu'elle se révèle capable de se battre sur les objectifs qui sont les siens fondamentaux -ceux de la justice sociale, et donc de la justice fiscale. Il ne tient qu'à nous de le retrouver et de l'élargir contre l'amnistie fiscale et sur l'initiative que lancera La Gauche contre les forfaits fiscaux. En même temps, nous obligerons l'UDC à se montrer telle qu'elle est : un parti bourgeois qui ne capte les suffrages d'un électorat populaire qu'en faisant oublier, par le labourage systématique du terrain sécuritaire et xénophobe, ses prises de positions sur les enjeux sociaux et économiques. Avec au bout du compte des succès électoraux, mais aucune, strictement aucune, efficacité sur ces terrains. Cela fait un quart de siècle que l'UDC dénonce l'immigration -et il n'y a jamais eu autant d'immigrants en Suisse, y compris d'immigrants illégaux, clandestins et sans statut légal. Un quart de siècle que l'UDC accumule les discours et les projets sécuritaires -et le sentiment d'insécurité n'a jamais été aussi fort. Un quart de siècle que l'UDC pisse dans un violon pour faire oublier qui elle sert., qui elle n'a jamais cessé de servir, et qui elle continuera de servir, ayant d'ailleurs été créée pour cela.

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