Fonds de tiroir

Les Services Industriels genevois (SIG), entreprise publique qui gère le réseau d'eau du canton, on invité Peter Brabeck, PDG de la multinationale Nestlé, à un débat sur « La guerre de l'eau » ce lundi 22 novembre, auquel participera également Anne Le Strat, Présidente d'Eau de Paris. Brabeck prônant la privatisation des sources et des réseaux d'eau, et touchant déjà une rémunération de l'ordre de 15 millions de francs par an, ce qui fait passer les pontes des SIG pour de nouveaux pauvres, les Communistes se demandent judicieusement si Brabeck « touche une enveloppe pour sa participation à ce débat », parce que si enveloppe il y a, si ce sont les SIG (c'est-à-dire leurs usagers) qui la remplissent. Et il serait en effet assez farce qu'une entreprise publique accorde un dédommagement à un multimillionnaire partisan des privatisations...

Un à qui nos zautorités offrent un joli coup de pub gratuite, c'est le Conducator du MCG, Eric Stauffer, que le Conseil fédéral a accepté, à la demande de la Libye, de poursuivre pour « outrage à Etat étranger », après que des affiches MCG ait été illustrée d'un portrait du Guide Muhammar Kadhafi, sous le titre « Il veut détruire la Suisse ». Ce qui résume de manière certes succincte, mais parfaitement exacte, les déclarations de Frère Muhammar, qui avait appelé au « djihad par tous les moyens » contre « la Suisse mécréante et apostate » (apostate de quoi, au juste ?). Résultat des courses : Stauffer peut se draper face au Conseil fédéral dans une tunique de martyr de la liberté d'expression sous une couronne de Défenseur de la Suisse, alors qu'en réalité, le Conducatordu ne risque strictement rien, que le gouvernement qui fait mine de le poursuivre le sait aussi bien que Stauffer lui-même, et que (conclusion républicaine) le délit d' « outrage à chef d'Etat étranger » est en soi une absurdité, le fait même d'être chef d'Etat étant un outrage, qui rend, comme dirait Saint-Just, le chef d'Etat en question étranger à toute l'espèce humaine dès lors qu'il se veut le chef d'une partie d'entre elle et que, s'en voulant le chef, il s'en exclut.

On lit dans la « Feuille d'Avis Officielle» de lundi dernier que la Ville lance un appel d'offre à des privés pour la mise à disposition de la Voirie de personnel intérimaire (des éboueurs et des ouvriers de nettoiement) pour la période estivale. Bref, on sous-traite, plutôt qu'engager du personnel en nombre suffisant pour pouvoir assumer les tâches de la Voirie, même en été.

Au Grand Conseil, vendredi dernier, une piteuse palinodie du MCG, qui n'a osé ni s'opposer à la hausse des tarifs TPG, ni la soutenir, a réexpédié en commission des transports (qui s'était majoritairement prononcée pour un report de la hausse) le « contrat de prestation » de l'entreprise. La droite veut l'augmentation des tarifs et refuse toute autre participation financière du canton aux TPG que celle prévue, la gauche et le PDC veulent un report de la hausse, et, donc, le MCG, après avoir soutenu le report de la hausse, a trouvé un prétexte pour ne plus le soutenir, sans le dire, mais tout en laissant la droite se livrer à son chantage désormais coutumier : ou bien vous taxez les usagers, ou bien on refuse le contrat de prestation. Y'a pas à dire, on est jamais déçus par la cohérence du MCG. Quelqu'un a le numéro de téléphone de Muhammar Kadhafi, qu'on lui demande de se prononcer pour la hausse des tarifs afin de pousser Stauffer à se prononcer contre ?

Selon GHI, avec l'engagement de gros bras de Protectas pour accompagner les contrôleurs des TPG y compris la journée (ils ne sévissaient auparavant que la nuit en fin de semaine), le budget de « sécurité » des TPG s'élèverait désormais à plus de 2000 francs de l'heure. On sait au moins à quoi sert l'augmentation prévue du prix des billets et des abonnements...

Après la communauté tarifaire vaudoise, c'est le directeur général des CFF qui propose de réduire la validité des abonnements AVS en les rendant invalides (les abonnements, pas les vieux) avant 9 heures du matin. Après la sieste obligatoire dans les sanatoriums, la grasse matinée obligatoire avant de prendre le train ? C'est bien connu, les vieux, ça fait rien que roupiller.

Petite (toute petite) polémique entre le président du PS genevois et Le Journaliste : dans une lettre de lecteur à la « Tribune de Genève », René Longet se plaint amèrement de Pascal Décaillet : «Généralement, la personne qui a subi l'ire ou l'ironie du juge universel de la vie politique locale -pire, qui l'aura déçu- se retrouvera épinglée deux fois sur l'antenne, même en son absence, et le lendemain, par écrit, dans un bulletin d'humeur ». Bon, et alors ? On peut savoir ce qui oblige qui que ce soit à se prêter au « Show à Décaillet » ? Et quelle crédibilité peuvent bien avoir les reproches faits au Journaliste quand ceux qui les font accourent à son micro dès qu'il les siffle, quand rien ne les y oblige sinon le dur désir de durer dans les étranges lucarnes de « Léman Bleu » ? A moins d'être affamé, quand on n'aime pas une soupe, on s'en passe.

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