De la nécessité d'avoir les yeux plus gros que le ventre

2011, année électorale (entre autres) :
De la nécessité d'avoir les yeux plus gros que le ventre

On ne regrettera pas l'année grégorienne 2010, politiquement assez calamiteuse -en Suisse comme dans le reste de l'Europe. Qu'en sera-t-il de 2011, année électorale ? Municipales à Genève et dans le canton de Vaud, puis, à l'automne, élections fédérales, et avant cela un test important à Genève : le vote, le 13 février, sur le retour de la vente des Indulgences dans la Cité de Calvin -autrement dit : l'amnistie fiscale proposée par la droite... Au fond, cela dépend de nous -cette année sera, politiquement, ce que nous serons capables d'en faire. On ne gagne jamais rien en n'ayant pour ambition que celle de ne pas perdre. Et à se résigner à admettre comme vérité révélée le résultat, toujours hasardeux, des petits calculs pré-électoraux, on ne se garantit, et ne mérite, jamais qu'un résultat : la défaite.

Audaces Fortuna iuvat

A en croire un premier sondage sur les intentions de vote pour les élections fédérales de cet automne, dix mois avant l'échéance les « grands vainqueurs » de ces élections (mais tout est très, très relatif, puisqu'aucun de ces « grands vainqueurs » ne dépasse les 5 % d'intentions de vote) seraient les xénophobes mous du PBD et les écolos mous d'«Ecologie libérale», les « grands » partis (ceux qui dépassent les 10 %) faisant les frais de ce grignotage : l'UDC, le PS, le PRD, le PDC reculent tous, dans des proportions variant de 0,4 à 3 % des intentions de vote. Cela dit, lorsque la marge d'erreur d'un sondage est de trois points, prédire une variation d'un demi point, ou d'un, deux ou trois points est plus qu'hasardeux. Pour ne rien dire des commentaires inspirés que ces variations suscitent. Reste qu'à dix mois des élections, leur résultat est plus qu'incertain, ce qui laisse un champ considérable au volontarisme militant. Et pas seulement à celui que suscitent les élections. Au fond, pourquoi « faisons-nous de la politique », et pourquoi en faisons-nous sans en faire une carrière (parce que se serait cesser d'en faire, en la réduisant à un métier) ? N'aurait-il pour effet que celui de nous détourner de la contemplation de notre nombril que notre engagement militant serait déjà largement justifié. Mais nous pouvons lui donner un peu plus d'ambition que celle de nous distraire de nos états d'âme existentiels. Un peu plus d'ambition, aussi, que celle de ne pas perdre les élections -et même que celle de les gagner. Parce qu'après tout, les élections, gagnées ou perdues, ne sont pas un but, mais la conséquence, la matérialisation de tout ce qui a été fait et dit avant et entre elles. Nous avons dix mois pour démentir cette règle, pourtant attestée depuis qu'élections libres il y a, que la première victime de toute campagne électorale est l'intelligence. Pour démentir aussi ce principe vieux comme le discours politique, le principe du tambour : plus c'est creux, plus ça fait du bruit. Et pour renoncer enfin à cette étrange humilité, et cette récurrente pusillanimité, qui nous fait par avance renoncer à toute ambition autre que celle de la sauvegarde des avantages acquis. Nous devons avoir, délibérément, et fièrement, les yeux plus gros que le ventre : on ne gagne jamais rien en se contentant d'espérer ne rien perdre : cela vaut pour les Municipales comme pour les Fédérales, pour le PS comme pour la « gauche de la gauche » pour chaque force politique comme pour les alliances qu'elles peuvent conclure entre elles. On mérite toujours ses défaites, quand on ne sait plus tenter une victoire -ou pire : quand ne sait plus pourquoi l'on combat, ou que l'on ne combat plus que pour sauver ses places, ses postes, ses habitudes.

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