Fonds de tiroir

La République est orpheline : Eric Stauffer est à l'hosto pour dix jours. En plein début de campagne électorale municipale. Il a une diverticulite, la Conducator gominé. Il était déjà divertissant, le voilà diverticulique. Mais c'est quoi, une diverticulite ? Une affection qui frappe une cavité, normale ou pathologique, en forme de poche, communiquant avec un organe creux, ou un conduit. Bref, du vide qui communique avec du vide. C'est tout le MCG, ça. Des discours creux qui communiquent pathologiquement avec des cerveaux creux.

Mark Muller a annoncé l'engagement, enfin, d'un architecte cantonal genevois. Bon, ben reste plus qu'à engager un Conseiller d'Etat pour le département des constructions et de l'aménagement du territoire, est on sera bons pour construire et aménager...

Une Conseillère nationale UDC, Andrea Geissbühler, a déposé une proposition visant l'interdiction du port de couteaux dans l'espace public. Elle est soutenue par la Conseillère nationale socialiste Chantal Galladé, qui, elle, milite (comme son parti) contre les armes à domicile. Et le voilà bien, le féminism,e castrateur... Plus de fusil d'assaut dans l'armoire, plus de couteau à cran d'arrêt dans la poche, mais avec quoi il va pouvoir montrer sa virilité, le mâle rupestre dominant ?

Le régime de Ben Ali se targuait d'avoir favorisé l'accès des Tunisiens à l'internet et à la téléphonie mobile. Résultat : alors que la presse tunisienne était muselée, que les journalistes tunisiens étaient soit aux ordres, soit emprisonnés, que les correspondants étrangers étaient empêchés de faire leur travail, les images, les sons, les mots de la révolution tunisienne ont fait le tour du monde en passant par téléphones portables et par Twitter, par Facebook (près de 18 % de la population du pays a un compte Facebbok -ça doit être un record mondial) et par des blogs hébergés à l'étranger. Le clan Ben Ali contrôlait certes le secteur des télécommunications -mais il contrôlait les tuyaux, plus ce qui passait dedans. Et ce qui est passé dedans, c'est la révolte de la jeunesse, puis celle du pays, et la chute du clan. Et du coup, la crainte de la contagion révolutionnaire dans le monde arabo-musulman se double d'une crainte plus réjouissante encore : et si les réseaux sociaux permettaient d'autres réjouissances, plus politiques, que les beuveries de masse en Europe occidentale ? En tout cas, les Tunisiens, «connectés», ont renversé leur dictateur -les Haïtiens, privés de tout, sauf de connexions vaudou avec l'au-delà, voient revenir Jean-Claude Duvalier.

Hourrah ! Le nombre de détenus à Champ-Dollon baisse, enfin : les deux premières semaines de janvier, la prison a compté en moyenne 450 détenus (pour 270 places), contre 622 en juillet. Bon, faut nuancer notre enthousiasme : c'est pas que les juges se soient rendus compte que c'était crétin d'entasser les détenus et d'abuser de la détention préventive, c'est seulement qu'ils n'ont pas eu le temps de tenir le rythme, et que l'entrée en vigueur du nouveau code pénal et le déménagement de la justice pénale au Petit-Lancy ont entravé leur enthousiasme embastilleur. Faut pas rêver, quand même...

L'inauguration du nouveau Palais de Justice à Lancy va accroître le nombre de navettes entre les diverses prisons du canton (et va y'en avoir de plus en plus, des prisons, dans le canton) et les bâtiments du Ministère Public. En 2009, plus de 13'000 mouvements de prisonniers avaient été enregistrés entre Champ-Dollon et le Palais de Justice du Bourg-de-Four. On s'attend à plus de 15'000 mouvements en 2010. Et en 2011, la soixantaine de policiers du détachement de convoyage et de surveillance ne suffiront plus à la tâche. D'où la décision de confier une partie du boulot à des Securitas, dès le second semestre 2011 et d'enlever une soixantaine de gendarmes du terrain pour renforcer le DCS pendant le premier semestre. Il y a quelques mois, nos zautorités juraient, la main sur le coeur, que la police allait être plus présente sur le terrain ? Elle sera plus présente dans les paniers à salade et sur le trajet entre les greffes des prisons et les violons du Palais de Justice. Notez bien qu'on a échappé au pire : une proposition inopinée d'un Conseiller administratif de la Ville d'engager des policiers municipaux supplémentaires pour faire à la place des policiers cantonaux ou des Securitas le boulot de convoyage des moutons noirs. Rappelons au passage que le dernier congrès du PS suisse a adopté, avec le soutien des délégués genevois, une position assez claire sur ce genre de sous-traitance : « les polices cantonales garantissent la sécurité et l'ordre intérieurs. La délégation de tâches policières souveraines à des services de sécurité privés ou à l'armée doit être exclue ». Bon, on vous dit ça comme ça, c'est juste histoire de causer.

Le canton, c'est-à-dire la Direction générale de l'action sociale, c'est-à-dire le département de Longfield, a décidé (sans concertation, on va perdre de temps à des formalités inutiles : après tout, il ne s'agit que d'immigrants) de retirer à Caritas son mandat d'aide sociale aux réfugiés statutaires (ceux qui ont obtenu le statut de réfugiés, donc), pour le confier à l'Hospice Général, déjà en charge des requérants d'asile. Ce retrait de mandat menace treize postes à Caritas, mais surtout, selon son directeur, Dominique Froidevaux, le « traitement » des réfugiés. L'argument du canton, c'est la « cohérence » d'un système de prise en charge des réfugiés, par le même organisme, de leur arrivée à l'octroi du statut de réfugié. mais pour Caritas, au contraire, une rupture est « essentielle » entre une situation (celle du demandeur d'asile) dont la logique est celle de l'assistance, et une situation (celle de réfugié statutaire) dont la logique devrait être celle de l'intégration -et pour opérer cette rupture, il vaut mieux que des organismes différents traitent ces deux situations différentes. N'empêche, à vouloir mettre comme Longfield de la «cohérence» dans la gestion de l'asile politique dans ce pays, si c'est le même genre de « cohérence » que le même a mis dans la gestion du chômage, vous allez voir que le nombre de requérants d'asile va subitement baisser. Dans les statistiques, pas dans la réalité, mais bon, on fait ce qu'on peut.

Selon un sondage Isopublic, 77% des Alémaniques n'ont pas peur de perdre leur emploi, alors que seuls 52 % des Romands sont aussi optimistes. En clair : plus il y a de chômage dans la région où on habite, plus on en a peur. Mais c'est marrant, quand il s'agit des étrange
rs, c'est le contraire : moins y'en a là où on vote, plus on vote xénophobe...

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