Elections municipales en Ville de Genève : petits chantages entre amis de l'Alternative

Et si on arrêtait les conneries ?

Or donc, les Verts (de la Ville et du canton) ont fait savoir que si les socialistes (de la Ville) ne faisaient pas ce qu'eux, les Verts (de la Ville et du canton), avaient décidé que les socialistes (de la Ville) devaient faire, c'est-à-dire abandonner l'un de leurs sièges à la Municipalité de Genève, eux, les Verts (de la Ville et du canton), feraient Sonderbund avec « Ensemble à gauche » contre les socialistes (de la Ville). Comme si « Ensemble à Gauche » n'avait pas mieux à faire : essayer de rattraper le terrain perdu depuis quatre ans en Ville et dans le canton, par exemple. On ose espérer qu'un tel ultimatum, légèrement présomptueux et ne reposant sur aucune autre base politique que celle d'un jeu de chaises musicales, trouvera au PS l'écho, ricanant, qu'il mérite.

Tant qu'à déconner...

La gauche n'a pas encore assuré, ce qui devrait être son objectif prioritaire et à vrai dire le seul qui vaille qu'on lui consacre l'essentiel de nos moyens, le maintien de sa majorité au Conseil municipal de la Ville (elle sera à tout le moins relative, cette majorité, ni l'Entente, ni l'extrême-droite n'étant en mesure de dépasser l'Alternative), qu'elle est déjà en train de se chipoter pour savoir combien de candidat-e-s elle mettra sur la liste pour le Conseil administratif, quel-le-s candidat-e-s elle y mettra, si elle fera liste commune ou listes séparées, si elle fera cadeau d'un siège à la droite, si un parti qui revendique un siège de plus doit essayer de le prendre à ses adversaires ou à ses alliés -bref, de la bonne grosse tambouille électorale bien indigeste. Ce n'est évidemment pas, on s'en serait douté, à partir d'un désaccord politique de fond que se déroule le piètre exercice auquel se livrent les Verts et on ne voit guère quelle position commune divergente de celle du PS pourrait réunir Verts et « gauche de la gauche » contre les socialistes. Peu importe, d'ailleurs : le fait est que, faute de pouvoir ressusciter un « accord » obsolète passé il y a quatre ans avec un seul des candidat-e-s socialistes, les Verts envisagent une alliance avec « Ensemble à Gauche» contre le PS, l'objectif n'étant plus alors de battre la droite, ni de garder la majorité au Conseil administratif, ni, pour les Verts, de gagner un siège. mais de punir les socialistes d'avoir eu le culot de gagner un siège à l'exécutif il y a quatre ans, et de vouloir le garder. L'« accord de 2007 » n'impliquait d'ailleurs nullement qu'un parti ait à renoncer à un siège qu'il détient déjà, et l'exercice serait parfaitement absurde, qui consisterait à demander au parti socialiste de s'engager dans une campagne électorale avec pour objectif de perdre un siège, pour stratégie la démobilisation de son propre électorat et pour ambition sa propre défaite, histoire de satisfaire un partenaire tenant à présenter un candidat qui n'a déjà pas beaucoup de chance d'être élu sur une liste commune, et n'en aurait quasiment plus aucune sur des listes séparées. Des cinq sièges de la Municipalités genevoises, deux sont pratiquement hors d'atteinte de qui que ce soit d'autre que leurs détenteurs actuels, Sandrine Salerno et Rémy Pagani. On peut aussi se risquer à gager que Pierre Maudet, porté par toute l'Entente, a toutes les cartes en main pour être réélu si l'Alternative se rassemble sur une liste unique lui laissant une place (si elle présente cinq candidatures, le suspense devient réel), compte tenu de la faiblesse de l'une des deux candidatures vertes, de celle de la candidature libérale et de la vacuité politique de la candidature PDC. Restent donc deux sièges, convoités par cinq ou sept candidates et candidats : un socialiste (qui ne revendique en fait que le maintien d'un siège déjà socialiste), une Verte, dont le profil politique et la pratique sociale lui feront certainement obtenir le soutien de l'électorat de gauche, un Vert (qui revendique un siège supplémentaire pour les Verts, mais entend le ravir au PS et pas à la droite, au risque de remettre ce deuxième socialiste au candidat de la Chambre genevoise immobilière, des banquiers privés et des plagistes kazakhs), une libérale (qui croit pouvoir récupérer le siège libéral perdu il y a quatre ans, mais que son parti soutient comme la corde une pendue, ) et un PDC (qui croit pouvoir récupérer le siège démo-chrétien perdu il y a vingt ans en accumulant les « dons » financiers de la droite d'affaires). Sans compter les éventuelles candidatures gesticulatoires de l'UDC et du MCG. Or en Ville de Genève, la droite ne peut récupérer un siège que si la gauche est assez stupide pour le lui laisser -et ses trois composantes assez stupides pour se contester les sièges dont elles disposent déjà, plutôt que s'unir pour les défendre, voire en conquérir un de plus, mais sur l'adversaire, pas sur l'allié. Etre capables d'avancer plutôt qu'attendre que les autres reculent, est-ce trop demander ? Etre capables de se battre pour prendre des sièges à la droite plutôt qu'à ses alliés, est-ce trop attendre? On le saura le 13 mars au soir (ou le 14 à l'aube), lorsque les assemblées générales des socialistes et des Verts auront arrêté leurs positions. Et là, on espère qu'on n'aura pas à se demander (et à y répondre par l'affirmative) si tant qu'à déconner, il ne vaudrait pas la peine d'y aller franchement, jusqu'au bout, dans la joie et la bonne humeur goguenarde d'un désordre coruscant.

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