Fonds de tiroir

Bonne année, les pauvres ! La Conférence suisse des institutions d'action sociale (CSIAS) demande aux autorités cantonales de vous octroyer 17 balles d'aide sociale de plus chaque mois, pour compenser le renchérissement. ça vous paiera un café par semaine au bistrot, ou une sortie au cinéma par mois. Qu'est-ce qu'on dit au Père Noël, hein, les pauvres ? Ben, on pourrait lui dire que si on compensait vraiment le renchérissement depuis le temps (depuis 2003) qu'on lui a pas adapté les aides sociales, c'est pas 17 francs mais 64 francs par mois que vous devriez recevoir en plus. Mais vous en feriez quoi, de ces 64 balles, les pauvres ? vous iriez encore vous bourrer la gueule à l'Assommoir, comme on vous connaît...

Selon un sondage publié le 9 janvier, 45 % des personnes interrogées soutiendraient l'initiative « pour la protection face à la violence des armes », contre 34 % qui la rejetteraient, moyennant 21 % d'indécis. 52 % des femmes soutiendraient l'initiative, contre 39 % des hommes. 50 % des Romands soutiendraient l'initiative, contre 43 % des Alémaniques. 50 % des urbains soutiendraient l'initiative, contre 35 % des ruraux. Une semaine plus tard, la proportion de partisans de l'initiative est grimpée, dans un autre sondage, à 52 % en moyenne générale, à 61 % chez les femmes (et 44 % chez les hommes)... Mais à un peu moins d'un mois du scrutin, le sort de l'initiative est cependant loin d'être garanti. D'abord parce qu'il lui faut la double majorité du peuple et des cantons, et que pour la majorité des cantons, les petits cantons ruraux pèsent autant que les grands cantons urbains dix, quinze ou vingt fois plus peuplés. Ensuite, parce que les indécis (9% de l'échantillon) finissent généralement par voter contre les initiatives populaires. Et puis d'aillleurs, au fond, après tout, les jeunes femmes romandes urbaines de gauche, faudrait pas plutôt les armer plutôt que les désarmer face aux vieux mâles ruraux alémaniques de droite ?

Selon une chercheuse fribourgeoise, Margrit Stamm, 5000 adolescents sortent prématurément de la scolarité obligatoire, et la moitié d'entre eux contre leur gré, parfois après avoir été ridiculisés par leurs profs devant leurs camarades, ou encouragés à ne plus mettre les pieds à l'école en n'étant pas sanctionnés pour leurs absences non justifiées. Bon, c'est pas grave, on va vous régler tout ça en réintroduisant les notes de comportement à l'école... quoique, se prendre un zéro de conduite, on n'a pas grand chose à cirer si on fait l'école buissonnière, mais si ça peut rassurer l'opinion publique... Celle des parents, donc, par définition...

On retrouve avec un serrement de nostalgie un vieil article de « 20 Minutes », du 23 septembre 2009, annonçant que selon un sondage Isopublic, la majorité des Suisses-ses seraient favorables aux transports publics gratuits. Cette majorité monte même à 57 % en Romandie (contre 51 % en Alémanie), à 60 % dans les communes de moins de 2000 habitants (contre 55 % dans celles de plus de 10'000 habitants, et 48 % dans celles de plus de 100'000 habitants), à plus de 60 % chez les moins de 35 ans contre 44 % chez les plus de 55 ans. Bon, ça fait quand même plaisir, de temps en temps, de se retrouver majoritaire, même dans un sondage, mais faut pas en abuser. Parce que sinon, où serait le plaisir de resquiller ?

Un citoyen de Langenthal, toujours sous le coups de l'imbécile interdiction des minarets, a proposé à la communauté musulmane locale (un projet de mosquée avec minaret y a été déposé, avant la votation les interdisant) de planter sur le toit de la mosquée un saule taillé en forme de minaret. D'autres propositions aussi amusantes ont été faites: un ballon à air chaud en forme de minaret, une projection au laser... ces propositions n'enthousiasment pas le président de la communauté musulmane de Langenthal, et on le comprend : il va bien se trouver des taborniaux pour lui proposer, après un minaret végétal, un minaret gazeux et un minaret virtuel, un minaret animal, pure couenne.

Il avait fait un tabac avec son pamphlet islamophobe «l'Allemagne se liquide elle-même», l'ancien dirigeant de la Bundesbank allemande, Thilo Sarrazin... et puis voilà qu'on apprend que les statistiques sur lesquelles reposait sa dénonciation de l'immigration musulmane en générale, et turque en particulier, étaient bidouillées, tripatouillées, manipulées, faussées pour leur faire dire le contraire de ce qu'elles disent: Sarrazin évoque un «handicap culturel héréditaire» que les immigrants se transmettraient jusqu'à la troisième génération, et affirme que 8 % seulement des Turcs vivant en Allemagne auraient atteint le niveau du bac ? En réalité, 22,4 % des immigrants de la seconde génération, et 28,5 % des immigrants musulmans (contre 24,4 % en moyenne générale, indigènes et immigrants confondus), l'ont obtenu, le bac... Sarrazin dénonce le « manque d'enthousiasme » des Turcs et des Arabes à apprendre l'allemand ? en réalité, 70 % des Turcs d'Allemagne parlent bien ou très bien l'allemand... Sarrazin affirme que les traditions religieuses musulmanes freinent l'intégration des jeunes musulman-e-s, et écartent les jeunes musulmanes de la pratique du sport à l'école ? 90 % des jeunes musulmans d'Allemagne participent aux activités sportives, 70 % des jeunes musulmanes d'Allemagne n'ont jamais porté ni foulard ni hidjab et encore moins burqa, et entre la première et la deuxième génération de musulmanes étrangères, la proportion de celles qui se couvrent les cheveux, ou plus, passe de 25 à 17 %. Enfin, le Sarrazin affirme que 20 % des délits commis à Berlin le sont par un millier de jeunes Turcs et Arabes, alors que selon la police, seuls 8,7 % des délits sont commis par des personnes de ces origines... Faut dire que Sarrazin, c'est un beau nom, pour un infidèle aux chiffres. Mais faut dire aussi que la vérité des chiffres, les xénophobes s'en foutent comme de leur première croisade. Et qu'on a jamais vu un fantasme être dissout par une statistique.

Une proposition de stèle devant être érigée sur la tombe de Grisélidis Réal, écrivaine et prostituée, et aussi fière d'être l'une que d'être l'autre, a été refusée par une majorité du Conseil administratif de la Ville, au motif que, symbolisant un sexe féminin (mais ne faisant que le symboliser, et assez joliment d'ailleurs) elle était inconvenante dans notre Panthéon local, au voisinage de la tombe de Jean Calvin. Et ce refus nous apparaît comme une triple ânerie : d'abord, parce que des putes, il y en certainement bien d'autres qui reposent dans ce cimetière -mais qui contrairement à Grisélidis ne s'avouaient pas telles, et que tant qu'à mettre un con dans un cimetière, autant le mettre sur la tombe que dedans. Ensuite, parce que c'est une vieille tradition du compagnonnage que d'ériger sur la tombe des compagnons un symbole de leur outil de travail -et que l'outil de travail de Grisélidis, c'était son sexe. Enfin, parce que rien ne siérait plus à la courtisane qu'une érection sur sa tombe -cette érection ne soit-elle que celle d'une stèle funéraire. On ne saurait donc que recommander au Conseil administratif de la Ville de Piogre de réécouter « le blason » de l'ami Georges : www.youtube.com/watch?v=6lVhNSnXUeg

Selon la police fédérale, il y avait 2,3 millions d'armes en circulation en Suisse en 2007, dont les trois quarts étaient des armes militaires. Il resterait aujourd'hui 1,3 million d'armes d'ordonnance en circulation dans notre beau et pacifique pays. Une arme militaire pour cinq habitants, nourrissons et grabataires compris. Jusqu'en 2005, le soldat qui souhaitait garder son arme à la fin de ses obligations militaires la recevait gratuitement. On est sortis de la gratuité, mais pour en rester à des prix ridicules (moins du dixième de la valeur de l'arme). Et s'il faut désormais disposer d'un permis d'acquisition d'armes pour pouvoir garder son fusil d'assaut ou son pistolet, rien n'empêche de revendre ensuite ce qu'on a eu le droit d'acheter à bas prix. Et qu'on a donc la possibilité de revendre plus cher. Avec ou sans autorisation. Les demandes des soldats de pouvoir garder leur arme au terme de leurs obligations militaires se sont toutefois effondrées : en 2004, 43 % d'entre eux le voulaient (et acquéraient près de 32'000 fusils d'assaut et pistolets); en 2009, ils n'étaient plus que 30% à le vouloir. Le lancement et l'aboutissement de l'initiative populaire « pour la protection contre la violence des armes » n'y sont pas pour rien, qui ont poussé le Conseil fédéral à durcir les conditions d'obtention du droit à racheter les armes militaires : il faut désormais disposer préalablement d'un permis et avoir accompli ses tirs obligatoires. Sur cible pas humaine, entendons-nous bien, un massacre à la zougoise ou une boucherie familiale, ça compte pas.

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