Brèves de comptoir

Le Journaliste est fâché : le Conseiller national vert Antonio Hodgers s'est permis de douter de la compétence du Journaliste. Décaillet avait en effet invité, et laissé dégoiser sans contradiction, un partisan du dictateur tunisien Ben Ali, fin 2009, à Léman Bleu. Et le séide du kleptocrate avait dégoisé sur la militante des droits humains Sihem Bensedrine, qui, absente, n'avait pu répondre en direct. Et Hodgers d'accuser Décaillet d'avoir « servi par ignorance le régime dictatorial tunisien », et d'avoir « par manque de préparation et de connaissance, commis une faute professionnelle ». On n'a pas idée : accuser Le Journaliste d'« ignorance », de « manque de préparation » et de « manque de connaissance », vous conviendrez, amis lecteurs abasourdis par l'outreduidance du Vert, que c'est quasiment un crime de lèse-majesté. Décaillet, en tout cas, en est convaincu. Et porte plainte contre Hodgers, pour diffamation. Parce que porter plainte pour blasphème, il peut pas, c'est plus un crime, en Suisse. Plus, ou pas encore. La loi est impie.

Un machin islamiste, le Conseil central islamique de Suisse (qui n'est apparemment central que parce qu'il peut se réunir dans une cabine téléphonique centrale) organisait le 19 février un colloque sur le thème de la « recherche d'une identité musulmane» ? Aussi sec, l'UDC sautait sur l'occasion et le génie des alpages repartait en croisade en proposant que la Suisse se dote des moyens de punir les auteurs de prêches extrémistes. Du moins s'ils sont islamistes, Ecône pouvant sans doute dormir tranquille. Et, groin contre groin avec les islamistes du CCIS, l'UDC lancera un « manifeste de la Suisse non islamisée » et un point presse devant le siège de la Conférences des Imams -pardon : de la Conférence des Evêques suisses. Le concours de conneries continue.

Commentant l'état des lois et réglements en vigueur à Genève à propos de l'hypothétique élection d'une conseillère municipale portant le voile (islamique ou non, d'ailleurs), « Le Courrier » signale que « siéger voilée n'est pas interdit ». Non, en effet. Siéger à poil non plus. Quant à Antonio Hodgers, il signale qu'ailleurs en Suisse, comme à Lucens, des femmes voilées siègent avec un foulard islamique. Peut-être, mais à Lucens, c'est pas une affirmation religieuse, c'est pour se protéger des radiations résiduelles.

La « Julie » nous narre, quasiment sur une pleine page, le pétage de plombs d'un Conseiller municipal UDC qui a brandit une arme devant sa voisine lors d'une altercation. Et précise que la police, alertée, a trouvé chez le Conseiller municipal en question trois pistolets, dont un d'alarme, des munitions et un mousqueton, non déclaré. Si l'UDC croit que c'est comme ça qu'elle va pouvoir résister au MCG, elle se fourre la baïonnette dans le fion : Stauffer est lui aussi armé...


Selon un audit rendu en décembre dernier, et examiné par la Commission parlementaire de contrôle de gestion, c'est le bordel au Service cantonal de la gérance, dépenant du département cantonal présidé depuis bientôt sept ans par le libéral Mark Muller. On le savait pourtant, exemple municipal à l'appui, que confier une gérance publique à un Muller, c'est pas une bonne idée. Et ça se confirme : baux établis à la tête du client, appartements et locaux loués à des prix dérisoires, loyers non réclamés ou non facturés, voire absence de loyers, de garanties de loyers, d'états des lieux à l'entrée et/ou à la sortie, baux sans date d'échéance, base de donnée lacunaire, parkings à tarifs bradés ou carrément gratuits... Le Muller cantonal a tenté de faire croire que c'est lui qui avait demandé l'audit, alors que l'Inspectorat des finances s'était autosaisi. Après quoi, il a essayé le coup du « c'est la faute à Grobet», alors que ça fait bientôt vingt ans que Christian Grobet n'est plus Conseiller d'Etat (c'est un démocrate-chrétien qui lui a succédé...) « La faute à Grobet », tu parles... pourquoi pas la faute à Braillard pendant qu'on y est ?

On a trouvé, dans « Le Matin dimanche » d'hier, un zouli catalogue avec un peu de tout à l'intérieur : celui de La Poste. Avec comme slogan «L'indispensable se trouve à la poste», et l'assurance que la plupart de ce un peu de tout indispensable, on peut le trouver à notre office de poste. Or donc, l'office de poste vend des téléphones, des ordinateurs, des fours à pizza, des nounours en peluche et des poupées, des jouets, des fleurs, des machines à café et du café, du chocolat, des bijoux fantaisie, des DVD, des masques... et «Le Courrier» ? Ben non, quand même, faut pas déconner, c'est quand même pas La Poste qui va distribuer Le Courrier, non ?

Dans le « Cause toujours » du 27 janvier, évoquant l'initiative populaire fédérale pour un salaire minimum légal, nous écrivions que cette initiative était lancée par l'Union Syndicale Suisse. Ce qui est le cas, mais mérite une petite précision : même si l'initiative est lancée par l'USS, le PS et les Verts ne se sont pas contentés de prendre le train en route, puisque les deux présidents nationaux, Levrat et Leuenberger, ainsi que d'autres personnalités socialistes et vertes, font partie du comité d'initiative, comme d'ailleurs, pour la gauche de la gauche, Jean-Michel Dolivo est aussi dans le comité d'initiative. Le PS avait d'ailleurs renoncé à lancer lui-même l'initiative pour laisser l'USS le faire. En fait, l'initiative est donc co-lancée par l'Union Syndicale et presque toute la gauche politique (sauf erreur ou omission).

« Vigousse » du 21 janvier nous met utilement devant un exemple de schizophrénie accomplie : celle de l'UDC, qui, lors de la campagne en faveur de son initiative pour des «naturalisations par le peuple» (la taxidermie démocratique, quoi), avait tartiné en long, en large et en travers sur le danger de naturalisations massives d'étrangers potentiellement criminels. La pratique des naturalisations n'ayant pas changé, puisque l'initiative à été balayée à deux contre un, le danger serait donc toujours là, et on aurait donc « massivement » naturalisé de potentiels criminels. Qui seraient donc devenus Suisses. Et astreints au service militaire. Et donc souvent détenteurs, à domicile d'une arme militaire. Or là, subitement, le danger des «étrangers naturalisés potentiellement criminels », et désormais armés d'un fusil d'assaut, devient nul : pour combattre l'initiative contre la violence des armes, qui propose de ne plus laisser des armes militaires au domicile des militaires de milice, l'UDC affirme que l'initiative vise «celles et ceux qui ne représentent aucun risque pour la sécurité : les militaires de milice». Naturalisés compris, forcément. Ben, ben faudrait savoir : ils sont potentiellement dangereux ou pas, les étrangers fraichement naturalisés armés d'un fusil d'assaut ?

Le « Matin Dimanche » nous fait un bien intéressant inventaire. Celui du pactole déposé en Suisse par quelques potentats divers : 2,4 milliards pour Moubarak, 2,1 milliards pour le Jordanien Rifaï, 766 millions pour Bouteflika, 430 millions pour Ben Ali, 393 millions pour Gbagbo... rien pour ces cinq miséreux, on arrive à plus de six milliards. Six fois le budget annuel de la Ville de Genève, pour cinq personnes... Y'a pas à dire, on est accueillants. Ingrats, (les fonds des deux derniers ont été bloqués, mais pas rendus aux peuples qui en ont été spoliés), mais accueillants.

Une liste « identitaire » d'extrême-droite a été déposée au Grand Saconnex, pour l'élection du Conseil municipal. Avec deux candidats. Dont le porte-parole est un incertain Benjamin Perret. Avec deux « r ». Ouf ! L'honneur du poète est sauf.

Le premier sondage pré-électoral de l'année (un sondage GFS, à prendre avec les pincettes d'usage, puisqu'il annonce une marge d'erreur de 2,2 points, suffisante pour transformer des reculs en avancées et des avancées en reculs) suggère un glissement à droite des intentions de vote des Suisse-sse-slors des élections fédérales d'octobre prochain. Par rapport à un sondage de la mi-octobre, tout le paysage politique (résumé par les sondeurs, puisque les forces régionales comme le MCG ou la Lega n'y apparaissent pas, ni la « gauche de la gauche » , par exemple) se déplacerait à droite, avec une UDC à 29,8 % (+ 0,9 par rapport aux élections de 2007) et, en face, un PS à 18 % (- 1,5). Entre les deux, le PDC reculerait de 1,6 point pour s'établir à 12,9, les radicaux et les libéraux fusionnés stagneraient à 17,7 % et les Verts reculeraient à 8,8 %. (moins un point). Quant aux nouveaux partis, les Verts libéraux se positionneraient à 5,2 % et le parti bourgeois démocratique à 2,6 %. Selon ce sondage, réalisé dans la foulée du vote sur les criminels étrangers qui a permis à l'UDC de faire son tintouin habituel, l'UDC domine dans les campagnes et les agglomérations moyennes, et dans les catégories de populations les moins bien formées, le PS dans les grandes villes, le PLR chez les universitaires et les hauts revenus. Bref, la Suisse, qui était déjà à droite depuis en gros un siècle et demi, est encore plus à droite qu'il y a quatre ans, et la gauche, qui depuis 1919 pèse entre un quart et un tiers des suffrages, jamais en dessous du quart et jamais au-dessus du tiers, se retrouve plus près du quart que du tiers. Commentaire du sondeur, Claude Longchamp, et du quotidien centriste romand « Le Temps » : si le PS recule, c'est que son nouveau programme est trop à gauche et a fait peur. Eh voui, un PS à gauche, ça plait moins à un pays de droite qu'un PS à droite, y'a une sorte de logique, là-dedans. Reste à savoir à quoi et à qui pourrait bien servir, même dans un pays de droite, un PS qui ne serait plus à gauche. De parti de droite supplémentaire ? Vous êtes sûrs qu'on en a besoin, entre l'UDC, le PLR, le PDC, le PBD, les Verts libéraux, la Lega, le MCG ?

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