Elections municipales genevoises, premier round : Plus majoritaire, vraiment, l'Alternative ?

En Ville de Genève, l'Alternative, avec 46 % des suffrages, a perdu, pour deux sièges, la majorité absolue dont elle disposait depuis vingt ans au Conseil Municipal. Mais en face , il n'y a plus grand chose : une Entente réduite à 22 sièges avec 27 % des suffrages (son plus mauvais score historique), une UDC en recul (à 10 % des suffrages) et, avec 13 % des suffrages, un MCG politiquement aussi creux qu'il est bruyant et qui occupera certes onze sièges, mais en les laissant vides lors même que leurs titulaires seront assis dessus. L'Alternative disposait de 42 sièges depuis 2007, elle n'en a plus que 39. Mais l'Entente recule, elle, de sept sièges, et l'UDC en perd un. Le rapport des forces entre la gauche et la droite traditionnelle, dont l'UDC fait désormais partie, est donc encore plus défavorable à la seconde.

Multi sunt vocati, pauci vero electi

Les évolutions électorales se font de trois manières : par transfert des suffrages d'un parti vers un autre, par apport des suffrages de nouveaux électeurs et de nouvelles électrices, par abstention d'anciens électeurs et d'anciennes électrices. Les transferts, en ces ides de mars, se sont fait, en Ville de Genève, des Verts et des socialistes au profit d'Ensemble à Gauche (et marginalement des Verts vers les Verts libéraux), des radicaux-libéraux et des démos-chrétiens vers le MCG (et, marginalement toujours, les Verts libéraux), et de l'UDC vers le MCG. Le PS était le premier parti du Conseil municipal (et donc le premier parti de l'Alternative), il le reste. Les Verts détenaient 15 sièges, ils n'en ont plus que onze, payant lourdement l'imperceptibilité de leur discours social. A Gauche Toute! devenue Ensemble à Gauche détenait 10 sièges. Repliée sur la Ville et Carouge, l'alliance de la « gauche de la gauche » gagne deux sièges en Ville. L'Entente avait obtenu 29 sièges en 2007 : cannibalisée par le MCG, et victime à la fois de la fusionnite radelibe et de l'agitation brownienne du PDC chevrolétisé, elle perd d'un coup sept sièges (cinq pour le PLR, qui est à peu près partout le grand perdant du scrutin municipal, et deux pour le PDC). L'UDC détenait 9 sièges, elle en perd un. Quant au MCG, dont tout le monde s'attendait à ce qu'il entre au Conseil Municipal de la Ville, (dont il était absent, n'ayant pas obtenu le quorum en 2007) certains commentateurs avisés (ou paniqués ?) pronostiquant même un raz-de-marée électoral de ce parti d'extrême-droite (car il est d'extrême-droite), il fait logiquement son entrée au parlement municipal genevois, mais, loin du triomphe annoncé (et obtenu dans les grandes communes de la centinture urbaine), n'obtient en Vile que onze sièges, et se retrouve (avec un programme tenant en une seule obsession, les frontaliers, assimilés, sur les affiches et dans les annonces publicitaires de ce cheptel, aux criminels, aux dealers et à la racaille) derrière les socialistes, les radicaux-libéraux et Ensemble à gauche. Enfin, les Verts libéraux font le résultat qu'ils méritent, et les deux tiers de l'électorat se sont à nouveau abstenus : le taux de participation électorale avait été de 36,5 % au plan cantonal en 2007, il est de 35,68 % aujourd'hui. Il y a quatre ans, il avait été tiré vers le bas par le vote, pour la première fois, des étrangers (les Suisses avaient été 40 % à voter, les étrangers seulement 27 %); il en a vraisemblablement été de même cette année, avec à nouveau des taux de participation très variables selon les origines nationales des électeurs étrangers : les Français et les Italiens avaient participé au scrutin de 2007 dans des proportions comparables à celle des Suisses, les Allemands avaient même plus voté que les Suisses, mais les Espagnols et les Portugais s'étaient abstenus dans une proportion largement supérieure. Ces observations faites de quelques grandes lignes du scrutin, reste, pour l'Alternative, à en tirer les conséquences, dans une pratique politique renouvelée, dans un Conseil municipal lui aussi renouvelé, avec un Conseil administratif qui pourra rester largement à gauche puisque personne à droite n'a la force d'y entrer, hors Pierre Maudet. L'Alternative n'a plus de majorité absolue, et alors ? Elle n'en devra être que plus intelligente, plus imaginative, plus combative, plus unie. Après sa déculottée électorale, la droite traditionnelle a imploté l'Alternative de cesser d'être « arrogante », puisqu'il paraît qu'elle l'était. Cesser d'être « arrogants », pourquoi pas -si c'est pour devenir orgueilleux...

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