Fonds de tiroir

Le Conseil d'Etat a déposé un projet de loi permettant de rendre le jeu du bonneteau punissable d'amende (jusqu'à 10'000 francs). Il explique que les « bonneteurs » sont actuellement poursuivis pour escroquerie, mais que « cette voie judiciaire est cependant lourde et aléatoire » et qu'elle nuit « à une répression policière efficace, laquelle doit être non seulement sévère mais constamment répétée, ce qui implique simplicité et rapidité ». Bref, on va taxer les petits malins qui taxent les andouilles qui se laissent prendre au bonneteau. En d'autres termes, ce petit tour de passe-passe devient une source de financement des caisses publiques. Y'a une idée, là : si la droite arrive à supprimer la taxe professionnelle communale, la commune pourrait introduire une taxe sur toutes les arnaques mercantiles qui se déploient dans les rues (et les magasins). Et là, y'en a du pognon à se faire.

La Fondation Saint-Gervais (et donc indirectement la Ville de Genève) va devoir payer 1000 balles à titre d'indemnités pour tort moral, à un employé du défunt Centre pour l'image contemporaine, démantelé et intégré dans le bâtiment d'art contemporain. Un référendum avait été lancé contre ce projet, mais le projet avait été adopté en vote populaire. Après quoi, alors qu'il avait été promis que les employés du CIC ne risquaient rien, trois d'entre eux ont été licenciés (deux sont toujours au chômage), et un quatrième mis à pied pour le punir de son activité au sein du comité référendaire. C'est lui, militant syndical, qui, au terme d'une procédure de conciliation menée par les Prud'hommes, a obtenu cette indemnité symbolique, qui constate que la Fondation Saint-Gervais (et donc son Conseil de fondation), sont dans leur tort en ayant assez bassement exercé une assez piètre vengeance contre un militant syndical. Comme quoi c'est pas parce qu'on a une Municipalité de gauche que ceux qui bénéficient de ses subventions perdent leurs réflexes de droite.

L'UDC verniolane a déposé une motion au Conseil municipal pour interdire aux membres dudit Conseil d'arborer des « signes religieux », quels qu'ils soient, et en particulier le voile « islamique » (qui n'est d'ailleurs pas particulièrement islamique). Mais qu'est-ce qu'elle a contre les bonnes soeurs, l'UDC ?

Le président du FC Servette, Majid Pishyar, a obtenu de la Fondation du Stade de Genève l'exploitation de ce terrain vague. En expliquamt qu'il en a besoin pour « poursuivre le développement de Servette ». On pourrait pas carrément lui fourguer non seulement l'exploitation, mais aussi la propriété du stade, à Pishyar, histoire de se débarrasser de ce machin ?

Le Conseil national a renoncé à légiférer sur les sondages d'opinion et a rejeté à la fois une initiative de l'UDC et une motion de la gauche, demandant, l'une d'interdire la publication de sondages par les media concessionnaires avant des élections ou des votations, et l'autre de réglementer (sans interdire) de telles publications. C'est vrai que ça serait dommage de les interdire, les sondages pré-électoraux : celui publié par la « Tribune de Genève» il y a quinze jours, et qui suggérait carrément que le MCG et les Verts Libéraux allaient à eux seuls détenir la moitié des sièges du Conseil Municipal, nous avait bien fait marrer -et dans une campagne électorale, des occasions de se marrer, on n'en a pas des masses...

On est bien emmerdés, mais on est bien obligé d'être d'accord avec ce qu'écrit dans la « Tribune de Genève » du 5 mars le président du MODEM de Haute-Savoie (le MODEM, c'est, en gros, le PDC français) à propos de la crise du logement, de l'importation d'emplois et de l'exportation de logements par Genève et de la multiplication du trafic pendulaire qui en découle: « Perly s'est transformée en aire d'autoroute; on y compte 20'000 véhicules par jour et 86 pompes à essence ». Et d'ironiser : à force de vouloir sanctuariser sa zone agricole, «Genève pourrait bientôt décrocher l'AOC du cardon au gasoil ». On préférerait que ce discours sont tenu unanimement par la gauche, mais bon : quand quelqu'un vous dit que deux et deux font quatre, on va lui demander s'il a la carte du bon parti.

La cheffe de la police genevoise, Monica Bonfanti, se déclare opposée à l'engamement de frontaliers comme assistants de sécurité publique au sein de la police. Enfin, faut nuancer : elle est opposée à l'engagement de frontaliers, sauf s'ils sont de nationalité suisse, mais pas opposée à l'engagement d'étrangers comme ASP, s'ils sont résidents, mais opposée à l'engagement d'étrangers résidents comme « vrais » policiers, même s'ils sont nés à genève de parents nés à Genève. «De l'hypocrisie?», demande, faussement naîve, la « Tribune de Genève » de mercredi... «oui», avoue Monica Bonfanti, qui admet que cette position, elle l'a adoptée pour ne pas faire hurler les syndicats de la maison poulaga, méchamment infiltrés par le MCG. Hypocrite et prudente, donc, la cheffe. C'est peut-être pour ça qu'elle est cheffe. Bon, faut bien avouer qu'on ne comptait pas trop sur la police pour organiser la résistance au MCG...

Un ponte de l'UDC lucernoise a sévi, dans le journal du parti, en se livrant à une description des menaces planant sur les chtis nenfants de notre beau pays : pour Emil Grabherr (le ponte en question), on enseigne à nos chères têtes blondes qu'homosexualité, hétérosexualité et pédophilie se valent (et ils ne parle pas seulement des collèges religieux, le cher homme). Quant aux homosexuels, ils sont de deux sortes : les bons, qui vivent en couple, les « putes mâles » et les «abuseurs de gosses», puisque dans le tête (pour en rester à cet appendice) d'Emil, homosexualité et pédophilie, c'est la même chose. On lui rappellera donc que la majorité des actes pédophiles sont commis par des hétérosexuels, et le plus souvent par des parents de la victimes. Voilà, c'était notre contribution au rattrapage des cours manqués d'éducation sexuelle des pontes de l'UDC. On a bien du mérite, parce qu'à notre avis, c'est mission impossible. Enfin, on aura quand même essayé.

« Conseil administratif : Portraits de candidats », nous annonce la « Tribune de Genève» de jeudi. En nous annonçant aussi « aujourd'hui Michel Chevrolet, PDC »... avant de nous présenter sur pleine page un joli portrait en texte et en image du socialiste Sami Kanaan. Ils ont déjà enterré Chevrolet à la « Julie », ou ils confondent l'Argentine et le Liban ?

L'épidémie de rougeole s'intensifie à Genève, avec 80 cas depuis janvier. Il nous avait bien semblé pourtant qu'aux élections municipales, on avait moins eu affaire à de la rougeole qu'à de le brunéole. Contre laquelle on n'a pas encore trouvé de vaccin.

A Vernier, le parti radical municipal, qui n'est même plus représenté au Conseil municipal, a décidé de présenter un candidat au Conseil administratif et de s'allier à l'UDC. Le parti radical cantonal, qui soutient la candidature du libéral Pierre Ronget, dont le parti est le seul de l'Entente qui soit encore représenté au Conseil municipal, a lancé une procédure d'exclusion contre le candidat radical, François Ambrosio, qui s'étonne : « nous, nous faisons alliance avec la droite, comme voulaient le faire les PDC Chevrolet en Ville ou Magnin à Vernier » et comme le fait la libérale Kraft-Babel en Ville, alors que le libéral Ronget est soutenu par la gauche, contre le MCG Cerutti. Et de toute façon, ajoute Ambrosio, « l'Entente n'existe plus à Vernier », ajoute le radical. Et alors ? Elle n'existe plus non plus en Ville, ça ne l'empêche pas de présenter trois candidatures à l'êxécutif municipal, et d'y revendiquer donc la majorité des sièges...

A Onex, l'UDC a retiré son soutien à la candidature du Conducator Eric Stauffer pour l'élection de la Municipalité. Explication de l'UDC onésienne : l'UDC cantonale n'est pas d'accord de soutenir la concurrence locale. A Stauffer, aparemment, ça en touche une sans remuer l'autre, comme disait Chirac : « nous avons déjà récupéré une bonne partie de l'électorat UDC », et le MCG ne peut que tirer profit que « sous les pressions libérales, l'UDC (...) joue les laquais » de l'Entente. Il s'était vraiment pas encore aperçu, le Conducator, qu'à Genève, c'était l'ambition ultime de l'UDC, ou il joue les andouilles ?

Au Grand Conseil, le MCG, parti « ni-de-gauche-ni-de-droite-et-qui-défend-le-peuple » a voté avec la droite, jeudi dernier, pour maintenir la pratique des forfaits fiscaux (l'imposition spéciale réservée aux riches étrangers inactifs dans le canton). Et ça vous étonne ? Rappelons donc notre définition du populisme de droite : « exercice consistant à monter sur la table pour tenir un discours au nom du peuple, et à se glisser ensuite sous la table pour faire une pipe au banquier ».

Présentant un projet mirifique de train à grande vitesse et à sustentation magnétique supposé permettre de relier Genève et Lausanne en dix minutes, Genève et Berne en moins d'une demie-heure et Genève et Zurich en moins d'une heure, l'éditorialiste du GHI du 2 mars demande : « qui ne s'enthousiasmerait pas d'une telle idée ? »...ben, nous, par exemple, sachant qu'un tel train nécessite non seulement des voies spécifiques mais aussi des gares particulières en dehors des villes, d'où un temps de trajet additionnel entre ces villes et ces gares qui bouffera une grande partie, voire la totalité (entre Genève et Lausanne ou Genève et Berne, par exemple) du temps supposé être gagné sur le trajet du train, et que ledit train ne reliera que ces gares et ces villes, en ignorant superbement tout ce qu'il y a entre deux -et qui abrite une population plus importante que celle des villes en question. Un piège à cons, en somme. Mais à cons pressés.

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