Fonds de tiroir

La juge Antoinette Stalder a démissionné de la Cour des Comptes, pour des raisons « personnelles» qu'elle n'a pas dévoilées. Mais « Le Matin Dimanche » en a déduit qu'elle avait démissionné pour protester contre les « dysfonctionnements » de la Cour : taux de totation très élevés du personnel, demandes d'audits écartées sans raisons valables... le président de la Cour, Stanislas Zuin, est furax : tout ça c'est rien que des menteries et une vengeance d'un ex-collaborateur licencié. Le taux de rotation du personnel ? Il est d'environ 20 %, c'est normal et c'est moins que dans les sociétés privées d'audit. Les audits auxquels on aurait renoncé ? L'exemple donné (un audit du service de la promotion économique) n'est pas pertinent, puisqu'aucune demande d'audit de ce service n'a été faite. Bref, il faut d'urgence auditer la Cour des Comptes pour en savoir plus. Mais qui diable peut bien auditer une Cour d'audit ?

On a (évidemment) reçu dans notre boîte aux lettres le torchon électoral du MCG pour l'élection du Conseil administratif de la Ville. Zont de la suite dans les idées, les fachos : ils nous remettent leur liste des calamités qui s'abattent sur Genève. Dans l'ordre : le chômage, les bouchons, les hold-up, le bonneteau, les dealers, les cambriolages et les frontaliers. Forcément, les frontaliers. Au même titre que les dealers. Et responsables sans doute de tout ce qui précède. Rappelons donc que c'est avec ce parti, et les auteurs de ces saloperies, que certains, à gauche, en Ville, s'apprêtent déjà à vouloir travailler « normalement », comme avec de brave démo-chrétiens un peu mollachus, mais pleins de bonne volonté ...

L'UDC part en croisade, annonce la presse. Bon, ça nous change pas, la croisade, c'est le sport favori de l'UDC. Et contre quoi elle part en croisade, cette fois-ci ? Contre l'adhésion de la Suisse à l'Union Européenne. Parce que la Suisse veut adhérer à l'UE ? Ben non. Alors ? Alors rien : partir en croisade contre un risque imaginaire, ça permet de ne pas se prononcer sur des trucs plus urgents, genre risque nucléaire après Fukushima. C'est l'avantage des moulins à vent, surtout quand ils sont imaginaires (parce que sinon, on risque encore de se faire attraper par les ailes). Des ennemis à la mesure de l'UDC, donc. Qui apparemment préfère que la Suisse soit un dominion de l'UE, et qu'elle soit contrainte d'en adopter les normes sans avoir pu en décider, plutôt qu'en être membre.

Le président du Conseil d'administration de Novartis, Daniel Vasella, est le « top manager » le mieux payé de Suisse : il se fait 2,1 millions de francs par mois, soit 357 fois le revenu moyen du Suisse moyen. Derrière lui, le dirlo du Crédit Suisse, Antonio Quintella, se fait 15,6 millions de francs par an, un autre dirigeant de Novartis, Joseph Jimenez, 13,1 millions, et le directeur du Crédit Suisse, Brady Dougan, 12,8 millions. On trouve encore des dirigeants de Roche, Richemont et Nestlé dans les « plus de 10 patates par mois » . On est bien contents pour eux. Et bien contents surtout que l'initiative « 1:12 » de la Jeunesse Socialiste ait abouti : elle prévoit que nul dirigeant d'entreprise ne doit gagner plus de douze fois ce que ses employés les moins bien payés gagnent. Ouais, ben ça va être dur pour Vasella, Quintella, Jimenez, Dougan et tous les autres. Une cellule d'aide psychologique s'impose. Avant l'Hospice Général ou l'Armée du Salut.


Petits réglements de comptes post-électoraux entre amis après les distributions de vestes électorales du week-end. ça râle sec, dans tous les coins et sur toutes les listes : les libéraux accusent les radicaux d'avoir organisé le biffage des candidat-e-s libéraux sur la liste unique, au PDC les copains de Chevrolet accusent les copains de Bonny d'avoir planté le parti, à l'UDC les copains de Nydegger accusent les copains de Jacques Haemmerli d'avoir empêché une alliance avec l'Entente, chez les Verts les copains de Boris accusent les copains d'Esther d'avoir tout fait pour que Boris se plante, au MCG les candidats sans passé politique accusent les transfuges d'autres partis d'avoir trusté les meilleures places, à Ensemble à gauche le Parti du Travail, les Indépendants et le DAL accusent solidaritéS d'avoir biffé leurs candidat-e-s et au PS des vieux accusent des jeunes d'avoir organisé le biffage des vieux. Le jeu des chaises musicales, ça devient vraiment marrant quand les joueurs commencent à se foutre sur la gueule.

Gueule de bois post-électorale à droite : on va vous la faire courte, parce que sinon on en a pour des plombes à vous expliquer : le MCG qui n'est-ni-de-gauche-ni-de-droite a fait à toute la droite, UDC comprise, une proposition d'alliance pour «renverser la majorité de gauche» en Ville de Genève. L'UDC est d'accord, mais son candidat putatif au Conseil administratif, Eric Bertinat, ne veut pas s'allier avec le candidat putatif du MCG à la même fonction, Soli Pardo. Le PDC n'est pas d'accord de s'allier avec l'UDC, mais son candidat au Conseil administratif, Miche Chevrolet, en aurait bien voulu, lui, de cette alliance.. Le parti libéral est d'accord de s'allier avec l'UDC, mais pas avec le MCG. Le parti radical « laisse la porte ouverte » à une alliance avec l'UDC, mais son candidat à la Mairie, Pierre Maudet, n'en veut pas. Et la gauche, dans tout ça ? Ben elle regarde, elle compte les points, et elle se dit que quand même, avec des adversaires pareils, elle aurait du présenter cinq candidats pour les cinq sièges de la Municipalité, elle les aurait tous fait élire.

Un candidat UDC à la Municipalité de Prilly, près de Lausanne, un certain Fabien Deillon, est un petit malin : militant d'une formation xénophobe dénonçant l' « afflux de réfugiés », proposant le renvoi des requérants d'asile déboutés, la fermeture des frontières et la chasse aux « abuseurs de l'aide sociale », le Peillon en question fait son beurre en louant des chambres d'hôtes... à des réfugiés, des personnes placées par les services sociaux et des « expatriés » employés par des sociétés implantlées en Suisse. C'est tout l'UDC, ça : le genre proxénète moraliste.

Mamours libéralo-udécistes : l'UDC a accepté de porter la candidate libérale au Conseil administratif de la Ville, Florence Kraft-Babel, sur sa liste, aux côtés du député Eric Bertinat. La présidente de l'UDC cantonale (il n'y a pas d'UDC de la Ville) explique que « par cette main tendue au Parti libéral, nous donnons un signal politique fort ». Ben oui, quoi, on sait bien que depuis la marche sur Rome, en 1922, la main tendue, c'est en effet un signal politique fort.

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