Pourquoi vivre ?

D'un front las penché sur le dernier verre
s'en va mourir un regard trouble
noyé dans les premières lueurs
Ce qui vient ne remplace pas ce qui part
mais en un moment rare s'y ajoute et s'y mêle
la nuit et le jour, dans l'aube, ensemble.

Terre d'aurore
où rôdent encore de blafardes légendes
et des armes rouillées
quand la haine n'a plus de chair
que la chair d'enfants chevaliers au coeur fou
et les nostalgies impuissantes de vieillards tristes
bâtisseurs de harpes fragiles comme des soupirs
Nous y trouverons ensemble non de serviles victoires
mais de grandes défaites héroïques
avec cette allégresse de s'abattre
titubants

sur des ombres graciles
qui nous tendent leur corps
comme d'autres à la guillotine leur cou.

Ainsi reconstruirons-nous un monde en mourant
comme des rois sans royaume
avec l'amour de la révolte
et l'amitié des fées.

Pays d'émeraude
où les femmes ont des toisons de moisson
monde trop vieux aux champs recouverts de mousse
qu'une charrue étoilée laboure et retourne
et qu'engrossent de grands loups
massacrés et féroces
mais riant aux éclats
plus anciens et plus purs que les songes d'ici-bas.

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