Fonds de tiroir

Un détenu de Champ-Dollon, coffré pour brigandage, réclame 100'000 balles à l'Etat en compensation des mauvaises condition de sa détention pendant 643 jours passés dans une prison surpeuplée. En gros, ça fait 150 balles par jour. Et comme on passe, si on décompte l'heure de promenade et les heures des repas de midi et du soir se prenant dans le couloir du quartier où on est détenu, 21 heures par jour dans sa cellule, ça nous fait du 7 balles et 15 centimes de l'heure. Non aux bas salaires !

« L'ordre public comprend l'ordre juridique objectif et l'ensemble des représentations non écrites de l'ordre, dont le respect doit être considéré, selon l'opinion sociale et éthique dominante, comme une condition inéluctable d'une cohabitation humaine ordonnée»... qui dit ça, et ça veut dire quoi ? C'est le Conseil fédéral qui le dit, à l'appui de sa proposition de révision de la loi sur la nationalité, proposition qui reprend en gros les conceptions tribales de l'UDC sur les naturalisations. Et ce que ça veut dire, c'est que l'une des conditions pour pouvoir accéder par naturalisation à la nationalité suisse est le respect de l'ordre public (condition qu'on ne pose pas, heureusement pour nous, aux « Suisses de naissance», mais seulement aux melheureux et malheureuses qui prétendraient vouloir le devenir sans avoir été engendré par un spermatozoïde sorti d'une couille helvétique), mais de « l'ordre public » dans la définition extrêmement large qu'en donne le Conseil fédéral, et plus précisément encore le Département de Justice et Police, supposé être en mains socialistes. Une définition si large qu'on peut y mettre tout et n'importe quoi, puisqu'il faut aussi respecter «l'ensemble des représentations non écrites de l'ordre selon l'opinion sociale et éthique dominante ». Dominante où ? Dans le canton, voire la commune, où on a déposé sa demande de naturalisation. Autant dire que ces représentations et « l'opinion sociale et éthique dominante » n'ont pas grand chose à voir selon que l'on vit aux Pâquis ou à Gottlieben, ou même aux Pâquis et à Céligny, et qu'on patauge là dans le plus complet des arbitraires... au fond, ça doit être ça, le but...

Le patron d'une petite boîte informatique schwytzoise dépose plainte auprès le la Cour européenne des droits de l'homme, à Strasbourg, contre la Suisse après que le Tribunal fédéral ait refusé de lui donner raison dans son refus de voir son entreprise être obligée de payer la dîme religieuse (contribution écclésiastique), obligatoire à Schwytz, même pour les entreprises, comme dans 18 des 26 cantons suisses. la contribution écclésiastique rapporte plus d'un quart de milliard de francs par année aux églises et communautés religieuses qui la touchent (toutes n'y ont pas droit). Et si une personne physique peut cesser d'y être assujetti en sortant de son église et en n'entrant dans aucune autre, ce droit à l'apostasie n'est pas reconnu aux entreprises. Et c'est ce qui a motivé la démarche du petit patron athée schwytzois (un athée qui se plaint de la Suisse à Strasbourg, il a une espérance de vie de combien de mois, à Schwytz ?). parce que les églises, elles, elles y tiennent, à la dîme obligatoire, et elles râlent sec quand elles la perdent,, comme à Genève ou Neuchâtel. « Aide-toi le ciel t'aidera», ça suffit plus ? Ben non. En tout cas, la démarche du patron athée est réjouissante : après que Jésus ait chassé les marchands du temple, voila qu'un marchand veut chasser le temple de ses impôts...

Le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) a effectué un audit de l'Office cantonal genevois de l'emploi. Résultat ? accablant. En gros, les services de Longchamp sont dans le même état que ceux de Muller : employés « sous observation et déresponsabilisés », conseillers en placement surchargés. management défaillant, leadership improbable, taux d'absentéisme inquiétant, service aux entreprises insatisfaisant... la routine d'un service public géré par la droite, quoi... « Le redressement est en cours », assure le département de Longchamp. Ben voyons. Et en attendant le redressement, on fait comme d'hab', comme au FC Sion après un match perdu : on vire l'entraîneur. Le directeur, en l'ocurrence. En attendant de remplacer Longchamp par Constantin, sans doute. La publication de cet audit n'est pas « gênante », déclare le porte-flingue de Longchamp, Bernard Favre. Evidemment que c'est pas gênant d'avoir un office de l'emploi qui cafouille : s'occuper des chômeurs, c'est une tâche tout à fait accessoire. D'ailleurs, des chômeurs, y'en aura bientôt plus, à Genève. Y'aura plus que des fins de droit et des assistés sociaux.

On s'indigne, d'ailleurs à juste titre, des prescriptions vestimentaires du Coran (qui sont d'ailleurs grosso les mêmes que celles de la Bible), du voile «islamique» et de toute ces sortes de choses, et quand on ne s'en indigne pas, on peut légitimement s'autoriser à en ricaner, mais, comme nous le rappelle en passant le bimensuel «solidaritéS» (du 31 mars), y'en a des qui, dans nos belles banques modernes et libérales et tout et tout font encore mieux dans le normatif textile : l'UBS a édicté un « dress code » qui enjoint à ses emloyées de porter une « tenue professionnelle classique unie » et foncée (noire, anthracite ou bleue) de n'user que d'un parfum discret, de mettre une chemise blanche mais de ne la laisser ni serrer ni bâiller, de porter un foulard rouge (là, ça doit être une erreur), de ne porter jupe que si elle va jusqu'au milieu du genou, ni en-dessus, ni en dessous, et qu'elle ne remonte pas quand on marche, et de ne porter de sous-vêtements que de couleur chair, et pas serrés siouplait ! Bon, y'a rien sur les godasses, ni sur la coiffure, et on ne leur demande pas, aux employées, de porter voile, ou châle, ou chapeau, ou de s'empaqueter dans une burqa, mais c'est probablement parce que ça fait trop allogène... parce que pour le reste, dans le grand concours de connerie vestimentaire normative, l'UBS peut facilement s'aligner aux côtés des talibans.

Tout émoustillé par un titre de la « Tribune de Genève » de samedi, annonçant que « le banquier Oskar Holenweg répond à de lourdes accusations face aux juges », et persuadé de s'être trouvé un cousin inconnu, mais banquier, le rédacteur de « Cause Toujours » s'est précipité sur l'article pour découvrir que, las ! le banquier en question s'appelait en réalité Holenweger, qu'on n'avait rien à voir avec lui et qu'on ne pouvait donc aller le tauper de quelques millions au nom des liens familiaux. C'est con, parce qu'il promettait, le banquier : accusé de faux dans les titres, complicité de gestion déloyale, blanchiment qualifié et corruption d'agents publics étrangers, il vous a un petit air de Madoff zurichois qui faisait déjà frétiller notre porte-monnaie et notre huissier de l'Office des Poursuites...



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