Police Municipale genevoise : Osons !

Depuis des mois se tient à Genève un concours de démagogie sécuritaire, auquel diverses forces politiques, pas forcément toutes de droite ou d'extrême-droite, se livrent sans plus de retenue que de souci de la réalité. Exploitant le sentiment d'insécurité, et le renforçant dans la mesure même où elles l'exploitent, ces forces politiques réussissent à créer une sorte de mouvement perpétuel d'auto-alimentation comparable à ce que les spécialistes des troubles psychiques s'accordent à considérer comme l'un des symptômes de la paranoïa : se nourrissant d'elle-même, elle se conforte par les produits de ses propres hallucinations. S'agissant d'un discours politique, il y entre cependant une part de calcul rationnel : s'il ne s'agit nullement ne contribuer à « résoudre un problème », puisqu'il ne s'agit que d'en exploiter la perception, il s'agit toujours d'en tirer quelque profit électoral. Sous l'exploitation et l'alimentation des peurs pointe donc la recherche d'un gain politique, mais sans d'ailleurs que ceux qui l'attendent soient prêt-e-s à en assumer les conséquences puisque dans le même temps où ils proposent l'augmentation des effectifs de la police municipale, ils refusent le budget finançant cette augmentations. Et si, face à cette gesticulation hypocrite, nous osions un franc et massif retour au Guet, aux Chasse-Gueux, au pilori, au couvre-feu et aux murailles ?

Un projet pour Genève : le Guet, les Chasse-gueux, le pilori, le couvre-feu et les murailles

Quelque chose, dans la multiplication des propositions sécuritaires dont Genève est le théâtre (guignol), nous navre: que ce soit la tentative avortée d'initiative populaire PRD, le projet enterré d'arrêté de feue « A gauche toute » ou l'annonce d'une motion MCG, aucune de ces démarches n'a fait l'effort de se rattacher aux belles, bonnes et saines traditions locales. Ce manque d'enracinement historique, ce mépris de l'identité locale, cette ignorance du legs de nos ancêtre, nous désole. Pour y remédier, nous proposons donc par voie de motion d'en revenir aux vraies valeurs policières genevoises, et d'ancrer le développement de la police de cette ville dans l'histoire de cette ville. C'est ainsi que nous paraissent s'imposer, par exemple, la restauration des corps du Guet et des Chasse-Gueux, du pilori et du couvre-feu. A ces mesures d'évidence, nous avons ajouté la reprise d'une idée émise par l'un des partis politiques siégeant en notre conseil : la mise sur pied d'une milice; partant de la légitimité d'exiger des élus qu'ils soient capables de donner l'exemple, nous proposons de former cette milice municipale, supplétive de la police municipale, à partir du Conseil municipal lui-même, ne doutant pas du dévouement enthousiaste avec lequel conseillères et conseillers municipaux auront à coeur d'accomplir la noble tâche de gardiens de l'ordre. Enfin, il nous est apparu indispensable de parfaire l'édifice parananoïaque (acritique) ainsi édifié par la restauration d'un instrument particulièrement adéquat au renforcement du contrôle de la population municipale et de l'épuration sociale de la Ville : les murailles, malencontreusement abattues par d'irresponsables révolutionnaires quarante-huitards, heureusement désavoués il y a quelques jours par leurs héritiers présomptifs, fusionnés en désespoir de cause électorale avec leurs adversaires conservateurs de l'époque. Concrètement (si l'on ose écrire) nous proposons l'organisation de la police municipale en deux corps distincts, l'un nocturne, le Guet, et l'autre diurne, les Chasse-Gueux. Ces deux corps seraientt armés de gourdins, knouts, fléaux et morgensterns, dont la fabrication serait assurée par les ateliers du Grand Théâtre. Le corps du Guet serait chargé des patrouilles nocturnes, de faire respecter le couvre-feu et d'interpeller, appréhender et reconduire chez elle, ou, à défaut de domicile dans un lieu de détention choisi pour son insalubrité et son inconfort, toute personne se trouvant sans autorisation exprès (sauf-conduit) sur la voie publique entre le coucher et le lever du soleil. Seraient évidemment de droit titulaires d'un sauf-conduit les propriétaires fonciers, contribuables au bénéfice de forfaits fiscaux et présidents de clubs sportifs professionnels. Quant au corps des Chasse-Gueux, il serait chargé d'interpeller, appréhender, fouiller, amender et reconduire aux limites de la commune, ou de mettre au pilori municipal, toute personne faisant partie de l'une des catégories suivantes : mendiant-e-s de nationalité étrangère, frontalier-e-s ne portant pas de manière visible un signe permettant de les distinguer du reste de la population, cyclistes participant, ayant participé ou suspect de vouloir participer à une critical mass, piéton-ne-s traversant en dehors des passages réservés, usager-e-s des transports publics sans titre de transport, spectateut-trice-s, usager-e-s, animateur-trice-s d'un lieu culturel alternatif, syndicalistes participant à un piquet de grève, ainsi que toute personne participant-e à une manifestation non autorisée. Les effectifs de la police municipale seraient établis à raison de quatre policier-e-s municipaux-pales par centime additionnel (impôt municipal), les Conseillères et conseillers municipaux formeraient ensemble une milice municipale, supplétive de la police municipale et à disposition du Conseil Administratif, Tout-e habitant de la Ville âgé-e de plus de 12 ans serait tenu d'effectuer un stage d'au moins trois mois dans l'un des deux corps de la police municipale, ou de la milice municipale. Enfin, il serait établi sur tout le territoire municipal un couvre-feu entre le coucher et le lever du soleil, ainsi qu'un pilori municipal, placé sous la surveillance de la milice municipale, et le Conseil administratif serait chargé d'étudier la possibilité de rebâtir, aux limites de la commune, des murailles, percées de portes fermées la nuit, afin de faciliter le contrôle des mouvements de population. A supposer qu'il y ait encore une population en mouvement dans une ville dont tous les habitants et toutes les habitantes seraient devenus policiers, policières, miliciens ou miliciennes..


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