Punition

Punition
C'est moi
ce n'est que moi
ce n'est que ma voix
ce ne sont que mes mots
quand tu attends l'ultime prophète
et la voix du jugement
et les mots qui te diraient l'agonie du monde
Cet espoir a ta beauté
ou celle d'un ciel drapé de sang
ou celle d'un cri glacé.

Je ris
pour reconnaître l'invisible
et me nourrir d'amours insoumises
et briser le silence par des chants d'attente
Ai-je dis vengeance ?
Je voulais dire : tendresse
Ai-je dit prison ?
Je voulais dire : océan
Ai-je dit silence ?
Je voulais dire : tumulte.

J'écarte d'un murmure tes soupirs affaiblis
je te connais par mes rêves innombrables
et te fuis par ce même chemin
Même folie est celle qui nous lie
et même déchirure nous sépare.

Une et multiple, je sais tes trésors
cette tristesse dans ton rire
cette douleur dans ton abandon
ce désespoir dans ton plaisir
Tes rêves ne sont plus que des rêves
l'espérance s'en est enfuie
tu déposes les armes
tu négocies une trêve
mais je t'aimais insoumise.

Je te dis un monde
et tu me réponds par le monde
Je vois tes veines dociles
Ils sont sourds ceux qui sans nous connaître
nous condamnent
Elle est lointaine celle qui sans me comprendre
m'approuve
Je croyais éteint ce volcan
et voilà qu'à nouveau il éructe
ce feu qui dévore
Les rues, les places et les ponts désertés
seraient nos abris, nos refuges
si sur le monde embrasé
s'abattait la cendre des morts
Que me reste-t-il pour me faire un bouclier ?

Ils s'affaissent
vieillards faits à l'image de dieux immobiles
veillant sur des cimetières
dieux morts ou qu'il nous faut encore tuer
avant qu'ils nous tuent
charognes aux os blanchis
placés en croix, en étoile ou en croissant
découpés au sabre
croisés en totems
et devant quoi s'agenouillent ces héros malades
enchaînés aux tombeaux des bourreaux
et que piétinent déjà les danses des victimes.

Ma peine est aussi grande que ma liberté
sur le pas de ta porte je puis m'effondrer
et la franchirai quand même
en rampant
ombre fragile au refus décidé
Au petit matin ils viendront me chercher
pour une dette impayée
un livre volé
un chèque osé
ou pire, ou bien plus,
ou rien

ce sont mes pas qui sont mes crimes.

Prison fut mon refuge hier
comme aux temps anciens l'on faisait retraite
seul avec l'ombre qui me reste de toi
ayant perdu jusqu'aux senteurs du temps.

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