Election partielle à la Cour des Comptes : Votez nul : vous n'avez pas le choix !


Election partielle à la Cour des Comptes : on joue à l'affrontement gauche-droite. Certes, l'unité de la droite autour de la candidature de l'udéciste Yves Nidegger imposait un retour de l'Alternative au réflexe unitaire qui, dans les élections majoritaires, lui a assuré jusqu'à présent un durable succès sur ses adversaires. Mais l'unité, cela ne se fait pas n'importe comment, sur n'importe quoi, pour n'importe qui, à n'importe quelles conditions, et en tenant chaque jour un discours contraire de celui tenu la veille. Or c'est précisément à ce piteux exercice que la gauche genevoise vient de se livrer, le chantage des uns, la pusillanimité des autres, les petits calculs des troisièmes s'étant conjugués pour presque faciliter l'élection, un mois avant les législatives fédérales, d'un udéciste à la recherche éperdue d'un mandat lucratif, contre celle d'un juge de gauche à la recherche d'un nouveau poste. Un choix exaltant. Non ?

Si nos coleos haberemus...

Résumé des épisodes précédents : une juge socialiste (faut le dire vite) à la Cour des Comptes démissionne, sans avoir jamais averti le PS de ses intentions. Le siège devient vacant, huit mois avant la réélection complète de la Cour. Il faut procéder à une élection partielle, à moins d'une élection tacite. Les socialistes annoncent leur intention de présenter une candidature, la seule qui s'annonce est celle du président du parti, René Longet. La droite revendique le siège, l'élection tacite devient impossible. SolidaritéS, qui a un juge à caser, le présente comme candidat. Le MCG laisse croire pendant un temps qu'il présentera lui aussi un candidat, puis saute sur l'occasion d'une concurrence à gauche pour faire mine de soutenir le candidat socialiste. SolidaritéS en profite pour tenter de faire croire à une alliance MCG-PS, et la droite démocratique (l'Entente) pour faire alliance avec l'UDC derrière un candidat udéciste, le Conseiller national en bout de course et Conseiller municipal fantômatique Yves Nidegger, à charge de revanche lors des élections fédérales. Un souk absurde (qui coûtera 800'000 balles pour un intérim de huit mois) : la gauche disposait de deux juges suppléants à la Cour des Comptes. Il eût été logique que l'un ou l'autre de ces suppléants supplée, pour huit mois, à la vacance du siège libéré par la socialiste (faut le dire vite), démissionnaire. Aucun des deux suppléants n'ayant consenti à suppléer, la gauche s'est trouvé devant un dilemme : faut-il faire l'impasse sur cette élection, chacun y allant pour son compte, en partant « seul à la lutte », en enrichissant une élection finalement assez secondaire du discours politique (pour le PS) ou apolitique (pour solidaritéS) qui'il veut tenir, ou faut-il retirer l'un des deux candidats (mais lequel ?) au profit de l'autre ? On connaît la suite : solidaritéS s'est comportée en maître chanteur, le PS en serpillère, les Verts en bookmaker, et Longet s'est retiré (il s'était mis en congé de la présidence du PS pour le temps de sa fugace candidature à la Cour des Comptes, il la reprend donc -mais avec quelle crédibilité ? ). Et le maître-chanteur, la serpillère et le bookmaker feront un semblant de campagne unitaire. Bel attelage pour un rafistolage hâtif -et par ailleurs contraire aux choix réitérés du PS, comité directeur et assemblée générale ayant par quatre fois affirmé et réaffirmé la volonté du parti de maintenir au chaud, mais en tenant un discours politique, le siège de la socialiste (faut le dire vite) Stalder dans l'attente de l'élection générale des magistrats de la Cour des Comptes, au printemps prochain. La probabilité de l'élection d'un udéciste mooniste à la Cour des Comptes, pour un interim de huit mois, est désormais forte. ça libérera au moins le Conseil national et le Conseil municipal de la Ville de sa présence, puisque sièger à la Cour des Comptes est incompatible avec tout mandat politique... Et puis, solidaritéS et les Verts nous ont bassinés pendant deux semaines avec la nécessaire dépolitisation de l'enjeu et des candidatures (ce qui pour eux, qu'il y ait là une conviction sincère une une argutie de faux-derches, rendait la candidature de René Longet contestable), Le Courrier reprenant encore l'antienne hier matin (« Présenter un politique, président de parti de surcroît, n'est pas de bon augure pour un poste d'auditeur. Il y a là un mélange des genres qui risque de faire fuir les électeurs »). Pour ne pas faire fuir l'électeur, fuyons la politique, c'est sale, la politique ? Fort bien, dépolitisons donc : Nidegger ou Devaud, peu importe, si l'on se refuse à faire des choix politiques des candidats le critère du choix des électeurs, et qu'on fairt semblant de prendre pour un simple tri professionnel une élection majoritaire, au suffrage universel, opposant des candidats présentés par des partis politiques à une institution chargée de surveiller l'Etat , jouons les andouilles jusqu'au bout. Et plutôt que choisir entre un juge qui veut changer de poste et un politicien looser qui veut s'assurer un revenu confortable pendant au moins huit mois, votons Madoff ou Tapie : après tout, leurs compétences financières sont incontestables, autant qu'indifférentes leurs convictions politiques.

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