Fonds de tiroir

Selon une étude de Wüst & Partner, il faut s'attendre à une hausse des loyers de 5,9 % à Genève en 2011, plus du double de la moyenne de l'arc lémanique (2,6 %), alors que le reste de la Suisse devrait être marqué par une stabilité des loyers. Vous allez voir que le MCG va nous expliquer que si les loyers augmentent à Genève, c'est à cause des frontaliers.

La Société pédagogique genevoise (le syndicat des enseignant-e-s du primaire) a décidé de lancer un référendum contre la probable acceptation par le Grand Conseil (seul le MCG s'y oppose) de l'introduction de l'école le mercredi matin pour les élèves de 8 à 12 ans. La SPG explique qu'elle ne combat pas le nouvel horaire par souci du confort des enseignants (de toute façon, ils travaillent déjà, le mercredi matin, les enseignants, mais à tout ce qui accompagnent leur enseignement), mais parce que la coupure du mercredi permet aux élèves de participer à d'autres activités, parascolaires mais liées à l'école, que celles exigeant leur présence en classe. Seulement voilà : il faut caser dans l'horaire scolaire tout ce qu'on a décidé d'y mettre en plus. Et alors qu'on aurait pu le caser le samedi matin, ou en prolongeant d'une heure par jour le temps d'enseignement, on a décidé de scolariser le mercredi matin. Une solution de facilité ? sans doute. Mais en applique-t-on d'autres, à l'école genevoise, depuis des années ?

Le Mouvement des sans-papiers lance une pétition, pour son dixième anniversaire et pour dire « stop à l'hypocrisie à l'égard des sans-papiers » . Il ne doute de rien, le Mouvement des sans-papiers : ne s'est-il donc pas aperçu que l'hypocrisie était constitutive, non seulement de la politique de la Suisse à l'égard des immigrants sans statut légal, mais aussi de toute sa politique d'immigration ? Le MSP appelle le Conseil fédéral à renoncer à des « renvois forcés inhumains, inutiles et coûteux», et à régulariser les sans-papiers. Mais dans le même temps, le Parlement fédéral propose de durcir les conditions de l'immigration légale, ce qui n'a jamais eu d'autre conséquence que d'accroître la masse de l'immigration illégale. « Stop à l'hypocrisie » ? Et puis quoi encore ?

Le « Temps Présent » de hier soir déroulait les drames humains : ceux des 300 expulsions annuelles de locataires à Genève. Une expulsion par jour, sauf les dimanches et jours fériés. En quelques minutes, plus de logement : le trottoir, le banc d'en face, l'Hospice Général. Tout seul, ou avec toute sa famille. Qu'on soit jeune ou vieux, en bonne santé ou malade. C'est le prix à payer pour participer au culte de la propriété privée. Le propriétaire est roi. Le locataire ? Tant qu'il paie (et encore...), on lui accorde, royalement, le droit de se loger. Mais qu'un « accident de la vie » lui fasse prendre du retard dans son loyer, on l'expulse. Et pour retrouver un logement à Genève, aujourd'hui... les 150 logements d'urgence dont dispose la Ville sont tous occupés (ils ne représentent que six mois d'expulsions), les foyers d'accueil aussi. A Genève, on ne construit pas de logements pour ceux qui n'ont pas la fortune ou le revenu de ceux qui peuvent en trouver à n'importe quel prix. ? Non. Mais si on ne sait pas construire, on sait expulser. L'ordre règne -mais lequel ?

Commentaires

Articles les plus consultés