Les Fugitifs

Dans sa grande poubelle de pierre
un peuple soliloque
la crasse enveloppe tout uniment
les corps mêlés des combattants adversaires
et leurs armes rouillées
et la vieille suie des vieilles usines
et la fumée des incendies
Leurs fusils sont semblables à leurs cris
et ils étouffent de toutes leurs flammes
Des pays et des hommes s'éveillent
et s'étirent avec des craquements d'ivrognes
La lampe d'Aladin éclaire un Occident en lambeaux
on entend le piétinement sourd des foules misérables
et notre attente impatiente
qu'elles viennent !

Ils n'ont plus à offrir
que des tendresses trop lourdes
dans des nuits raisonnables
dans des villes laborieuses
nuits grandes et belles pourtant
qui les pénètrent et les entourent
La lumière qu'ils avaient allumée au coeur
n'éclaire plus que des inventaires
et nul ne la voit plus qu'eux.

Notre route nous mène au même repaire
nous avons fait ample provision de visages
nous n'avons plus, fuyards impuissants,
que la souvenance du gibier traqué
mais nous courons pour nos vies
quand les chiens à nos trousses
ne chassent que pour leurs maîtres.

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