Alliances électorales genevoises : La droite s'écrème

N'importe quel sous.-officier de carrière pourrait vous le dire : la troupe, ça se rassemble avant de se disperser. Avant, pas en même temps. Ces deux ordres, « rassemblement ! » et «dispersion ! », la droite genevoise se les donne et les suit. Mais dans le désordre. Elle se disperse avant même de s'être rassemblée. Ou tout en se rassemblant. Le sous-officier de carrière en perd son latin légionnaire. Et c'est dès lors à un biologiste qu'il faut faire appel, pour nous expliquer que la décomposition du vivant précède sa recomposition. Puis lui succède.Rien ne se perd, tout se recrée. Même la droite genevoise ? Mais oui : deux voitures-balais sont là pour en récupérer les dissidents : les Verts Libéraux et le MCG...

Soyons réalistes, demandons l'impossible : une droite genevoise intelligente

On le savait : l'élection partielle à la Cour des Comptes genevoise n'est qu'un petit galop d'essai (ce qui nous autorise d'ailleurs à y trottiner à contre-courant) pour les fédérales du mois suivant. « Surtout, ne pas remplacer une magistrate socialiste par un magistat communiste », plaide le candidat UDC (Entente-compatible) à la Cour des Comptes. Il est communiste, Devaud ? Ouais, bon... au moins autant que Stalder était socialiste... Et Nidegger de poursuivre : « Ma candidature permet enfin de rassembler les forces électorales de la droite et du centre genevois (UDC, PLR, PDC) qui ont été marginalisées lors de la dernière élection ». Ah ça, on peut dire que ce rassemblement est en bonne voie. Mais de garage: après les appels de Guy-Olivier Segond et d'Eric Stauffer à voter Devaud, et la démission de Didier Bonny du PDC, on a appris hier la démission du PLR de deux Conseillers municipaux de la Ville passés aux Verts Libéraux (une voiture-balai plus présentable que celle, par trop plébéienne et tribunitienne, du MCG). A cette allure de « rassemblement », il ne restera bientôt plus que Lüscher, Jornot et Chevrolet dans une Entente genevoise écrémée par sa droite. Et vu l'ambiance générale, on finira bien, le soir de l'élection partielle à la Cour des Comptes, par être majoritaires à l'avoir traitée par le ricanement ou le mépris. On sait déjà qu'on le sera, et largement, en comptant les abstentions, mais il se pourrait bien qu'on le soit même en ne tenant compte que des votes nuls et votes blancs. Quant au résultat de l'élection, il est pratiquement acquis (on ne voit pas comment le candidat de la gauche, de Guy-Olivier Segond et d'Eric Stauffer pourrait être privé de sa reconversion professionnelle...), et ce sont les dommages collatéraux du scrutin, et des alliances passées à droite pour en faire un test du scrutin fédéral du mois suivant, qui désormais importent. A Genève, l'alliance de l'Entente (ou de ce qu'il en reste, c'est-à-dire sa frange la plus droitière) et de l'UDC (ou de ce qu'il en reste, c'est-à.-dire sa frange la plus bourgeoise) n'a plus aucune pertinence, pas même arithmétique depuis que l'UDC s'est fait tondre la laine sur le dos par le MCG. Et c'est au moment même où cette alliance se révèle nuisible à l'Entente que l'Entente la passe ? grand mal lui fasse -et grand bien nous fasse, et fasse aussi au MCG. Mais tout de même, ce qui pourrait être jubilatoire n'est ici que consternant : nous avions lancé il y a quelques mois un appel désespéré : « Sauvons l'Entente !». Sauvons-là d'elle-même ! Il nous faudrait donc renouveler cet appel ? Sauver l'Entente ? A l'impossible nul n'est tenu, dit-on... à gauche, on se disait aussi, au siècle dernier (et on recommence à se dire) : « soyons réalistes, demandons l'impossible ! »... C'est notre optimisme de la volonté à nous. Mais notre pessimisme de la raison nous souffle qu'il y a des impossibilités qui ne peuvent être surmontées que par des miracles -et nous ne croyons guère aux miracles. Sauf dans la Cour du même nom. Mais elle est sans doute peuplée de trop de mendiants rroms pour que la droite genevoise s'y risque.


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