Elections fédérales : c'est (enfin) parti !


Et si on passait aux choses sérieuses ?

Election partielle à la Cour des Comptes : bon, ça, c'est fait, et tout le monde est content du résultat, ou peut faire semblant de l'être : solidaritéS a réussi à recaser Roy Bean, Nidegger a fait son tour de piste (et un meilleur résultat que prévu), Segond s'est fait (ou refait) bien voir à gauche, Stauffer peut se targuer d'avoir fait élire Devaud (vu l'écart réduit entre les deux candidats) et nous, on a nos 500 bulletins nuls (en plus de 1200 bulletins blancs, les nuls et les blancs correspondant à la moitié de l'écart entre Roy Bean et Moon. Une élection sans battus, que demandait le peuple ? Ben, rien, il s'en foutait, le peuple... Alors maintenant, on peut passer aux choses un peu plus sérieuses ? Les élections fédérales, par exemple ?


« Comme citoyen, je veux qu'on me parle politique »

L'intermède de la Cour des Comptes clos, les choses sérieuses commencent. Pour le Conseil National, l'enjeu est double : la gauche de la gauche réussira-t-elle, malgré sa division en quatre listes, dont deux sont hors apparentements, à récupérer son siège perdu il y a quatre ans ? et à la droite de la droite, le MCG mangera-t-il toute crue l'UDC, et celle-ci perdra-t-elle le siège de Reymond ou celui de Nidegger ? Au Conseil des Etats, l'enjeu est entre la gauche qui détient les deux sièges genevois et la droite qui veut en récupérer un, et tente une alliance avec l'UDC pour surélever la maison Lüscher. A Genève, la campagne est marquée par le foisonnement des candidatures (170, dont seulement 38 % de femmes, pour onze sièges genevois au Conseil national : c'est presque le double d'il y a quatre ans) et de listes : le Parti évangélique (déjà présent en 2007), les Verts libéraux, le Parti pirate et l'Alliance Bleue concourent : aucun des quatre ne devrait obtenir de sièges, mais à eux quatre, ils devraient bien attirer, pour rien, un dixième des électrices et électeurs. A gauche, ni la liste de la « gauche combattive » ni celle du Parti du Travail ne devraient non plus obtenir de sièges, mais à elles deux, elles pourraient attirer suffisamment d'électrices et d'électeurs pour, en l'absence d'apparentement, priver solidaritéS-Ensemble à gauche d'un retour au Conseil national. Les principales formations politiques ont en outre multiplié les listes parallèles : listes « jeunes » pour le PS, les Verts, le PLR et l'UDC, listes « Suisses de l'étranger » pour le PS, les Verts, le PDC et l'UDC... En apparence, c'est donc le foisonnement. Mais en réalité, c'est au bon vieil affrontement gauche-droite des familles qu'on va assister, surtout, logiquement (c'est une élection à la majoritaire) pour le Conseil des Etats, où (sauf revirement de dernière minute) l'UDC soutient les deux candidats de l'Entente (Lüscher et Barthassat) en paiement du soutien de l'Entente à la candidature de Nidegger à la Cour des Comptes. Cette satellisation de l'UDC par l'Entente ouvre un boulevard pour le MCG, non pas pour l'élection du Conseil des Etats, gouvernée par la logique majoritaire, mais pour celle du Conseil National, ou le discours populiste devrait faire mouche... Et le contenu politique de la campagne, alors ? Disons qu'il s'adapte à l'actualité : comme vous l'expliqueront experts, communiquants, médiologues et politologues, un bon thème de campagne est celui qui, dans les sondages, répond à la préoccupation principale des électrices et des électeurs. Après Fukushima, le nucléaire. Après le Printemps Arabe, l'immigration. Après la crise du «franc fort », l'économie. On essaiera alors soit de susciter une émotion, soit de récupérer une émotion déjà suscitée par le contexte général (l'insécurité, réelle ou perçue, la libre circulation...) ou par un événement particulier (Fukushima, encore...). Et on se concentrera sur un thème porteur. Il faudrait bien sûr être capable de parler de tout, de répondre à tout, de proposer sur tout -mais on noyerait le message dans ce « tout » indistinct. Et donc on simplifie, on réduit, on ratiboise pour surnager dans un tsunami de discours électoraux. Et on se fait élire non sur un programme, mais sur un slogan, deux idées et trois priorités. Que disait Roger Vailland, déjà ? Ah oui : « Je ne veux pas croire qu'il ne se passera plus jamais rien. Que les citoyens n'exerceront plus leur pouvoir qu'en mettant un bulletin dans l'urne pour désigner comme souverain (à leur place) un monsieur qui a une bonne tête à la télévision. Que le seul problème sur lequel le citoyen aura à se prononcer (par référendum) sera l'itinéraire d'une autoroute ou la puissance d'une centrale thermique... Comme citoyen, je veux qu'on me parle politique ». On va essayer, camarade, on va essayer.

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