Fonds de tiroir

Des patrons ont une riche idée, pour combattre la cherté du franc suisse par rapport à l'euro : payer leurs employés en euros. Et ce serait parfaitement légal, pour autant que les employés soient d'accord. Mais évidemment, c'est parce que l'euro baisse par rapport au franc que ça intéresserait les patrons de payer les salaires en euros -le jour où l'euro remontera, on verra les patrons en revenir la bouche en cœur au franc. Ils ne faisaient d'ailleurs pas ce genre de propositions quand l'euro était à un franc soixante... Et ils ne les font que pour les salaires du personnel, pas pour les dividendes des actionnaires... En attendant, une entreprise bernoise spécialisée dans l'emballage et employant 200 personnes à réduit ce printemps les salaires (déjà pas flamboyants) de son personnel de 10 % pour les adapter au cours de l'euro, ce qui a fait tomber certains salaires au-dessous de 3000 francs pour un plein temps. Le syndicat Unia a porté plainte, les commissions du personnel ont résisté et l'entreprise a du faire marche arrière. Mais d'autres sont prêtes à suivre l'exemple. Car le Code des Obligations autorise de payer le salaire en une autre monnaie que le franc pour autant que le salarié soit d'accord. A quand les salaires en roubles ou en yuans pour le personnel suisse d'entreprises suisses exportant en Russie ou en Chine ?

« A Genève, les animaux sont mieux traités que les ouvriers », observe le secrétaire syndical (de Syna) Carlos Massas, à propos des conditions de travail dans la construction : travail non déclaré, absence de contrats de travail, non-respect des minima salariaux conventionnels, sous-traitance, sous-sous-traitance, sous-sous-sous-traitance, explosion du travail temporaire (2,8 % de l'emploi dans le secteur au premier semestre 2010, six fois plus un an plus tard), de l'instabilité et de la précarité. Les syndicats (Unia, SIT, Syna) exigent l'introduction d'une responsabilité partagée entre les sous-traitants et leurs commanditaires, et la limitation de la part de l'emploi temporaire à 15 % du total de l'emploi. Doutent de rien, ces gauchistes.

« 20 Minutes » nous apprend qu'après le carnage commis en Norvège par Breivik contre un camp de jeunes socialistes norvégiens, le camp des jeunes socialistes suisses à Chandolin avait été placé sous protection policière, au cas où un Breivik local se manifesterait. Ce principe de précaution est certes salutaire, mais on ne nous empêchera pas de regretter qu'on soit dans un temps où la police doit protéger les jeunes socialistes contre des fachos plutôt que l'ordre social contre les jeunes socialistes...

C'est la « ruée sur les Cherpines», après l'acceptation (qu'on souhaitait) par le peuple du déclassement d'une partie de la zone agricole du coin, nous annonce la « Tribune de Genève» du 5 juillet. Et « les privés ont pris une longueur d'avance sur l'Etat », les communes et les coopératives. Bon, faut dire que l'Etat, quand c'est Mark Muller, il est pas trop pressé de prendre le contrôle du sol, c'est contraire à ses principes libéraux. Et que même si les privés accaparaient la totalité des terrains disponibles, la loi les obligerait à réaliser du logement social. Mais pour le reste, c'est une autre loi qui les guide, les privés : la loi du profit maximum dans le minimum de temps. Avec le moins de concertation possible avec les habitants. Restent les communes. Plan-Les-Ouates et Confignon sont sur les rangs, pour acheter et construire. Mais pourquoi pas des communes hors du périmètre des Cherpines ? Rien n'empêche Carouge, ou Lancy, ou la Ville de Genève, d'acquérir des terrains hors de « chez elles »... C'est pas parce que la République roupille que la Commune doit en faire autant...


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