Fonds de tiroir

On a beaucoup entendu groumer la droite à l'annonce du projet du canton et de la Ville d'octroyer à l'ancienne directrice de la Comédie une subvention de 200'000 francs pour lui permettre de « rebondir » après la fin de son mandat de directrice, et de mettre sur pied deux spectacles à Genève. C'est une nouveauté qui n'a pas eu l'heur de plaire aux partis bourgeois. D'ailleurs, heureusement que c'est une nouveauté, parce que sinon, l'ancien directeur du Grand Théâtre, Jean-Marie Blanchard, qui n'a lui non plus, comme Anne Bisang, pas été reconduit à la tête de son institution, aurait pu demander une subvention de reclassement... et là, la Ville aurait douillé... Mais bon, faut comprendre les difficultés des transitions professionnelles; d'ailleurs, à Carouge, la commune envisage d'aider financièrement les Conseillers administratifs non réélus à faire le « pont » avec une activité professionnelle normale, en leur versant leurs salaires de magistrats pendant trois mois après la fin de leur fonction... Mais on doit être durs d'oreilles : on n'a pas entendu la droite protester contre ce projet-ci de subvention de reclassement

Christian Lüscher veut se surélever. Bon, ça, on le savait, il voulait même être Conseiller fédéral, et aujourd'hui il veut encore être sénateur, avec l'UDC comme marchepied, mais là, plus trivialement, ce sont les immeubles dont il est propriétaire qu'il voulait surélever. Essayé, avec l'aide de son copain Mark Muller, mais pas pu, à cause de Patrimoine Suisse, d'Action Patrimoine Vivant et de la Ville de Genève. Qui ont déposé recours contre l'envie de Lulu d'ajouter des étages à ses immeubles, alors que ceux-ci sont situés dans un périmètre où cela n'est pas autorisé -ce qui n'avait pas empêché le département de Mark Muller de lui donner feu vert, malgré le préavis négatif de la commission des monuments, de la nature et des sites. Ben alors, si on peut plus aider les copains...

Deux Suisses-ses sur trois seraient en faveur d'une caisse-maladie unique, selon un sondage de Santésuisse. Le/la troisième est assureur ?

Le PDC a adopté un « papier de position » demandant que la Suisse n'accorde plus d'aide au développement des pays où les chrétiens sont persécutés ou discriminés. Les chrétiens, pas les autres : Le PDC (pas plus que l'UDC, d'ailleurs) ne défend pas les minorités religieuses, philosophiques ou culturelles, il n'en défend qu'une sorte, une seule : les chrétiennes. Et propose d'utiliser pour cela une aide au développement qui, par nature, s'adresse à l'ensemble de la population (minorités religieuses comprises, chrétiens compris) des pays concernés, mais qu'il propose de ne plus accorder qu'aux communautés chrétiennes persécutées. Une discrimination contre l'autre quoi -mais pas une discrimination positive, une discrimination punitive. Qui attiserait encore les persécutions et les discriminations anti-chrétiennes qu'elle prétend combattre. Peu importe d'ailleurs au PDC (et à l'UDC) : ce dont il s'agit n'est pas d'aider les chrétiens persécutés, mais de récupérer les électeurs égarés ou de mobiliser les électeurs abstentionnistes. Et c'est pas nouveau : L'UDC a fait aboutir une initiative imbécile contre les minarets ? Le lendemain, le PDC proposait d'interdire la burqa et d'inscrire la défense des « symboles chrétiens » dans la constitution fédérale. L'offensive contre la coopération au développement dans des pays ou sévit le fondamentalisme islamique n'est finalement que la troisième croisade du genre. Qui porte sur des peanuts : l'année dernière, la coopération suisse au développement n'a consacré que 22,2 millions de francs d'aide au Pakistan, 17.6 millions à l'Afghanistan, un peu plus de six millions à l'Egypte. Et pas un sou au Vatican.

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