Grande alliance de la droite genevoise ?

Clarifications bienvenues...

L'Entente Genevoise (c'est-à-dire le PLR et le PDC) a passé en juin dernier un accord avec l'UDC : elle soutient la candidature de l'udéciste Nidegger à la Cour des Comptes, en échange de quoi l'UDC soutient celles du radelibe Lüscher et du PDC Barthassat au Conseil des Etats. L'accord tiendra jusqu'au renouvellement complet de la Cour des Comptes l'année prochaine, après quoi il faudra que les fiancés de cette année se décident : mariage ou pas pour les élections cantonales ? Un choix difficile pour le PDC, mais un choix clarificateur... et au moins aussi bienvenu pour la gauche que pour le MCG.

Feu le « centre »

On pourra aisément, et sans la moindre arrière-pensée, se passer, à gauche, de monter sur nos grands chevaux de cirque politique pour dénoncer l'accord entre l'Entente (et donc le PDC) et l'UDC genevoises : cet accord est dans l'ordre des choses. L'UDC genevoise n'a jamais été que très fugacement plus que la cinquième roue (ou la roue du secours) du char à boeufs de l'Entente, et lorsqu'elle se surprit à l'être, sous la présidence de Soli Pardo, elle le paya d'une bonne prge stalinienne (le paradoxe n'est qu'apparent). Qu'elle assume pleinement sa fonction supplétive de la droite bourgeoise ne saurait indigner la gauche -au contraire, puisque l'alliance de « toute la droite bourgeoise », faisant face à une alliance de « toute la gauche ou presque » dissipe ambiguités et rideaux de fumée (d'autant que les « Verts libéraux », de moins en moins verts et de plus en plus libéraux, s'y sont adjoints) : il n'y a désormais plus de « centre » à Genève, quelques minauderies auxquelles le PDC s'obstine encore à se livrer pour nier que l'accord passé avec l'UDC soit un véritable accord politique. Entre un Lüscher et un Nidegger, il n'y avait déjà guère de différence avant que leurs partis ne s'entendent pour les soutenir, chacun à son tour. Il n'y en avait pas beaucoup plus entre un Chevrolet et un Nidegger. Il n'y en a donc plus, entre la droite traditionnelle genevoise et l'UDC, que celles de l'héritage historique -et on sait qu'il ne pèse guère, au moment de faire les comptes électoraux. Mais cette alliance, si elle est logique, n'en est pas moins venimeuse pour le plus faible des deux partis de l'Entente, le PDC, et finalement assez roborative pour le nouveau venu de la scène politique locale, le MCG. L'Entente n'y gagnera pas grand chose, le PDC y perdra beaucoup (à commencer par sa crédibilité centriste), et le MCG pourra se tailler de nouvelles et juteuses croupières dans les flancs de la droite en dénonçant l'embourgeoisement de l'UDC locale, un embourgeoisement dont lui, le MCG, profite à plein, et qui devrait lui valoir de récupérer un des deux sièges de l'UDC au Conseil national, fin octobre. Quant à la gauche, on voit mal ce qu'elle aurait à perdre à ce rassemblement de la droite. Un intérim de huit mois à la Cour des Comptes, tout au plus... et ce serait fort légèrement payé la dissipation des hypocrisies de la droite traditionnelle, et de la prétention de l'UDC d'être autre chose, à Genève, que son appendice. On appelle ici (on y reviendra) à voter nul (« vous n'avez pas le choix»...) à l'élection partielle, pour un mandat de huit mois, d'un magistrat de la Cour des Comptes, le 25 septembre prochain : si on était plus cynique que ricanant, on devrait même appeler à voter Nidegger : non seulement, s'il était élu, sa nouvelle fonction le contraindrait au silence politique et à la démission de tous ses mandats électifs, mais son élection sanctionnerait à la fois (outre les méthodes assez détestables utilisées pour imposer le candidat du secrétariat de solidaritéS comme « candidat-unique-de-la-gauche ») la mise au pas bourgeois de l'UDC genevoise, la détresse électorale de l'Entente et la fin bienvenue de l'illusion centriste...

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