Fonds de tiroir

Ainsi, la lutte héroïque engagée par la droite genevoise contre les mendiants rroms aura coûté au canton au moins trois millions, et plutôt dix, entre décembre 2009 et juin 2011 : trois millions, ce n'est que le coût des heures de travail des gendarmes, les frais administratifs du service des contraventions et les frais de procédures liés aux oppositions aux amendes (qui n'ont, elles, rapporté que 35'000 francs, soit cent fois moins que ce qu'elles ont coûté), mais sans compter ni les frais judiciaires, ni le coût des heures de travail des agents municipaux. Y'a pas à dire : pour les investissements publics utiles, on peut toujours compter sur la droite. Qui réclame maintenant un durcissement de la « lutte contre la mendicité » et, par exemple, l'incarcération des mendiants. Sachant qu'un jour de prison pour une seule personne coûte, à Genève, plus de 500 balles à la collectivité, qu'il y aurait un peu moins de 100 mendiants rroms à Genève et qu'ils n'en ont strictement rien à cirer de passer quelques jours au frais, calculez combien va coûter la champ-dollonisation (ou le brenazisation) d'une dizaine de mendiants en permanence (et par rotation) toute l'année...

Un soldat encaserné à Saint-Maurice a été puni de quatre jours de prison pour avoir dit « bonjour » à son colonel, au lieu de le saluer réglementairement. Quatre jours pour un « bonjour » ? pour un «casse-toi pauvre con ! », ça sera les travaux forcés à perpétuité ou la fusillade sur le front des troupes ?

Notre ministre cantonale de la police, de la justice et des prisons, Zabel Rochat, a rencontré l'ancien Maire de New-York, Rudolph Giuliani, dans une rencontre « privée et informelle » pour parler de « sécurité » Giuliani étant réputé avoir réussi, avec son principe de « tolérance zéro », à « nettoyer New-York ». Réputation fondée, si on réduit New-York à Manhattan. Parce que l'effet du « nettoyage à la Giuliani », c'est plutôt un effet époussetage : les dealers, les mendiants, les clodos et les petits délinquants ont bien été chassés du centre, mais pour se retrouver dans les quartiers adjacents, ou à la périphérie. Et si Rochat veut s'inspirer de cette politique-là, on serait verniolan, lancéen, ou carougeois, on s'inquièterait.

Les scènes de deal dans la rue, devant les immeubles, « exaspèrent les milieux immobiliers », nous apprend la « Tribune de Genève ». Pourquoi ? Parce que ça pourrait faire baisser les loyers, la dégradation de la sécurité étant constitutive d'un « défaut du bien loué » pouvant donner droit soit à exiger du propriétaire qu'il y remédie (et les propriétaires immobiliers ne peuvent pas faire grand chose contre le deal dans la rue), soit à une baisse de loyer. Et ça, les « milieux immobiliers » en veulent encore moins que du deal dans la rue. Dès lors, on s'étonne qu'ils n'aient pas encore pensé à la solution qui s'impose : louer directement les appartements aux dealers.


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