Budgets publics : Et si on faisait notre boulot ?

On n'est même pas encore entrés dans l'Avent, le sapin n'est même pas dressé, on n'a même pas encore acheté les cadeaux que dans nos petits souliers, ce matin, le Père Noël a déposé une grosse enveloppe. Avec un gros document dedans : le budget de la Ville de Genève. Et nos copains du Grand Conseil vont recevoir une plus grosse enveloppe encore. Avec un encore plus gros document dedans : le budget du canton. Merci Père Noël. Fallait pas. Mais bon, maintenant qu'on l'a reçu, notre cadeau de Noël, trouvons-lui le meilleur usage possible. C'est pas parce que la droite locale refuse de faire son boulot qu'il faut la suivre dans cet exemple lamentable et refuser de faire le nôtre Notre travail, nous, on veut le faire. On a été élus pour ça, non ?

Contre la posture politique du comptable frustré


On vous en a déjà parlé, du budget municipal ? Eh bien on vous en reparle. Parce qu'on ne s'en lasse pas. Et qu'il faut bien que quelques évidences finissent par se frayer un chemin dans les têtes. A commencer par celle-ci : le premier travail d'un-e Conseiller-e municipal-e, c'est d'étudier le budget municipal. Et s'il n'en est pas content, du budget municipal, d'agir pour qu'il soit modifié. Et cela vaut pour tous les parlements, et tous les budgets publics.

Les palinodies de la droite municipale autour du budget de la Ville vous ont plu ? Vous allez adorer ses gesticulations autour du budget cantonal, et du plan financier quadriennal 2012-2015 proposé par le Conseil d'Etat. Car si le petit déficit municipal (en gros, un centième du budget) fait grimper la droite aux rideaux, le trou du budget cantonal (au moins six fois plus profond en pourcentage, et quarante fois plus lourd en volume financier) devrait achever de lui faire perdre ce qui lui reste de tête. En trois mois, le canton de Genève a perdu 200 millions de recettes fiscales. Et perdra de plus en 2012, 53 millions du fait de la nouvelle répartition des bénéfices de la Banque Nationale. Tout en payant des dizaines de millions de plus au titre de la péréquation financière intercantonale. Le Conseil d'Etat présente un « plan de redressement» qu'il va bien falloir examiner et discuter -ce que la droite municipale s'est déjà révélée incapable de faire pour un budget annuel six fois plus petit que le budget cantonal.
Quant au budget municipal, le Conseil administratif de la Ville de Genève, qui y prévoyait un petit boni de 2 millions, a dû réviser ses prévisions, du fait de la baisse des rentrées fiscales : il prévoit maintenant un déficit de 13 millions. soit à peine plus d'un centième du budget, ou à peu près l'équivalent de la seule subvention d'exploitation du Grand Théâtre, ou moins du rendement d'un seul centime additionnel d'impôts. Le Conseil administratif a donc soumis une nouvelle version de son budget à la Commission des Finances du Conseil Municipal, dont le travail consiste précisément à examiner le projet de budget, à l'amender, et à le renvoyer au plénum. Travail que ladite commission s'est révélée incapable de faire, se lovant dans ce que le rapporteur de sa minorité, le socialiste Grégoire Carasso, définit justement comme « la posture politique du comptable frustré ». Ou l'imposture politique d'une opposition sans projet, mais pas sans réflexes pavloviens (couper dans le budget de la culture, par exemple).
On entend donc le PLR et l'UDC refuser tout budget qui ne soit pas équilibré, mais refuser de faire la moindre proposition pour l'équilibrer. On entend le PDC et le MCG accepter un « léger déséquilibre », mais refuser eux aussi de faire la moindre proposition pour réduire le déficit proposé. Quant aux Verts, ils se prononcent aussi contre le déficit (le fonds d'Hiler est frais ?) mais acceptent de travailler sur le budget. C'est bien gentil à eux.
Optimistes comme elle se refuse toujours à cesser de l'être, la gauche (les socialistes et «Ensemble à Gauche») ne désespère pourtant pas qu'une majorité du Conseil Municipal fasse le travail que la majorité de la Commission des Finances s'est révélée incapable de faire. D'ailleurs, ce que la Commission des Finances a dit du projet de budget, ou ce qu'elle a été incapable d'en dire, pour parler franchement, on s'en fout. Comme de ce que les chefs, petits chefs, sous-chefs et chefs putatifs des groupes parlementaires diront. Ce n'est ni la commission, ni les chefs, qui décident. C'est le plénum. Et chacun-e des membres du plénum.
Dans dix jours, lorsque le Conseil Municipal acceptera d'examiner, ne serait-ce que pour pouvoir l'amender, le projet de budget du Conseil administratif, on saura quels groupes, et quel-les élu-e-s auront des propositions à faire, des projets à défendre -bref, défendront quelque chose qui ressemble à une ligne politique, et accepteront de faire leur travail. Et de justifier leurs jetons de présence et la subvention que leurs partis reçoivent.

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