Fonds de tiroir

On a un système électoral assez intéressant, dans ce pays. Ce n'est pas qu'il ne soit pas démocratique, non, c'est qu'il fragmente l'expression démocratique en circonscriptions électorales cantonales, et que, même à la proportionnelle (on parle ici de l'élection du Conseil national), on peut gagner des sièges alors qu'on recule en pourcentage des suffrages, ou, si on progresse en suffrages, progresser bien plus que proportionnellement en sièges. C'est ainsi que le PS, qui a reculé de 0,8 point entre 2007 à2011 (du fait de forts reculs dans les Grisons, à Berne et à Bâle), a gagné quatre sièges au Conseil National grâce à sa progression et/ou aux apparentements à Fribourg, dans le canton de Vaud, en Valais et à Soleure. A droite, on s'en sort moins bien :Le PDC, qui recule de 2,2 points, perd 3 sièges, soit près de 10 % de sa représentation parlementaire; le PLR, qui recule de 2,6 points, perd cinq sièges, soit un septième de sa représentation, et l'UDC, qui recule de 2,3 points, perd huit sièges, soit un huitième de sa représentation. Mais ce sont les Verts qui paient leur recul au prix le plus fort: ils reculent d'un peu plus d'un point (1,2), mais perdent d'un coup le quart de leur représentation... Il n'y a guère que les « nouveaux partis » dont le résultat en sièges corresponde grosso modo à leur résultat en suffrages : le PBD, qui n'existait pas lors des élections précédentes, obtient 4,5 % des sièges avec 5,4 % des suffrages au plan national,et les Verts libéraux, qui quadruplent leur score en quatre ans, quadruplent aussi leur représentation. Au passage, on a pu vérifier lors de ces élections une hypothèse qu'on avait ici même imprudemment évoquée la semaine dernière : celle d'une gauche en bien meilleure forme en Romandie qu'en Alémanie. D'autant que les gagnants de ces élections, le PBD et les Verts libéraux, sont quasiment inexistants (le PBD) ou très faibles (les VL) en Romandie... Bref, si on est bien une démocratie, on a peut-être encore quelques petits réglages àfaire dans le système électoral pour qu'au final, les résultats des élections correspondent vraiment au choix national des électeurs...

Le bénéfice augmente, le patron licencie : on commence às'y habituer, àcette logique à la con. Et qui, mardi, s'est traduite par l'annonce, par le groupe bâlois Novartis, de la suppression de 2000 postes de travail, dont 110 en Suisse, dont 320 à Nyon. Choqué, le Conseiller d'Etat vaudois (et PLR) Philippe Leuba promet :« nous allons nous battre pour sauver ces emplois »et« le match ne fait que commencer ». Ouais, peut-être, mais on sait déjàqu'il est truqué, le match. Parce que pour « sauver les emplois »vaudois de Novartis, il n'y aura guère que trois solutions : faire un gros cadeau fiscal à l'entreprise, aligner les salaires des employés sur le niveau chinois... ou organiser la grève... et d'ici à ce que Leuba soutienne une grève...

25 ans après son prédécesseur, Jean-Paul Deux, Benoît Seize a organisé à Assise un raoût inter-religieux, en y invitant même des athées et agnostiques, à qui il a bien voulu concéder qu'ils pouvaient être des « chercheurs de vérité » et poser de bonnes questions (de là à admettre qu'ils y donnent de bonnes réponses, faut quand même pas pousser, il est est pape, Benoît...). Et Monsieur Seize en a profité pour répéter, malgré quelques suspicions historiques du contraire, que « la violence n'est pas dans la vraie nature de la religion » et que le recours à la violence au nom du christianisme « a été une utilisation abusive de la foi chrétienne ». Et « Le Temps » de titrer sur tout ça : « A Assise, le pape a tendu la main aux athées » . Ouais. Mais restons méfiants, tout de même : tendre la main, c'est un geste que Benoît a appris dans les Hitlerjugend, quand il ne s'appelait encore que Josef Ratzinger.

Bon, ben voilà, c'est officiellement confirmé : on est sept milliards d'humains sur terre. Dont 1,8 milliard sont de jeunes de 10 à 24 ans. « Les jeunes détiennent la clé de l'avenir » , commente, intelligemment l'ONU. Rien de tel qu'on bon et solide lieu commun quand on n'a rien à dire...

On a voulu changer de caisse maladie pour payer moins cher nos cotisations. Et on a donc lu non seulement les comparatifs entre les caisses, mais aussi les conseils que les caisses les moins chères prodiguent à leurs assurés, histoire d'éviter qu'ils tombent malade et aient besoin de se faire rembourser des trucs. Parce que le but des caisses maladies, c'est pas de rembourser des soins, c'est de n'avoir pas de soins à rembourser. Mais toujours des cotisations à encaisser. Donc on a tout bien lu, et si on a bien compris, si on veut éviter de tomber malade et de devoir faire de la peine à la gentille caisse maladie à qui on est supposé verser 400 balles par mois, les choses sont simples : on ne doit plus sortir de chez nous (dehors, y'a de la pollution), rester assis (pour ne pas glisser sur le parquet), évidemment arrêter de fumer, de boire autre chose que des jus de fruits (et encore), de baiser (même avec préservatifs, peut y avoir des trous), de regarder la télé ou de travailler sur écran (à la longue, c'est mauvais pour les yeux), de lire (ça donne des idées, et y'en aura forcément de mauvaises) et de manger autre chose que des petites graines bios. Bon, ben qu'est-ce qu'il nous reste à faire ? dormir. Mais pas trop. Parce que quand on dort, on rêve. A un autre monde. Où on pourrait sortir de chez soi, marcher, fumer, boire de l'alcool, baiser, manger des trucs bien gras, regarder des conneries (ou des pas conneries) à la télé, lire, tout ça, quoi. Finalement, on n'a pas changé de caisse. Parce que payer 400 balles par mois pour se faire chier à cent sous l'heure pendant le restant de nos jours, franchement, c'est pas un bon investissement.


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