Fonds de tiroir

Le Conseil d'Etat a accordé son soutien à un projet de parking au centre-ville, le parking souterrain « Clé de Rive », en nous expliquant qu'il faudra compenser en sous-sol les places en surface qui seront supprimées par le projet de «piétonnisation» du secteur. Mais en même temps, le Conseil d'Etat admet que même aux heures de pointe, les trois parkings actuels ne sont pas pleins, et que le projet « clé de Rive » offrira plus de places (500 pour les bagnoles, 388 pour les deux roues) que la piétonnisation en suprimera sur les 450 existant actuellement en surface. « Il me semble que les temps sont mûrs pour aller de l'avant, de façon pragmatique, décoincer des projets qui sont bloqués depuis vingt ans », se justifie la Conseillère d'Etat Michèle Künzler, qui ne s'attend pas à un référendum contre l'octroi par la Ville du droit de superficie. Ah bon, elle ne s'y attend pas ? Ben on va lui faire la surprise, alors...

Le Conseil d'Etat a publié l'indice général de capacité financière des 45 communes genevoise, et leur classement, pour 2012 (mais en fonction des données de 2009). Cet indice, en tenant compte du revenu par habitant, du revenu par rapport au nombre d'élèves des écoles primaires, du revenu par rapport au domaine public communal et au taux des centimes additionnels, permet de fixer la répartition de l'impôt entre la commune de domicile et la commune de travail, la part des communes au Fonds de péréquation financière, leur part aux prestations du Fonds intercommunal et à diverses subventions cantonales pour leurs investissements. Résultat des courses : l'écart entre la commune la plus pauvre (Chancy) et la commune la plus riche (Cologny) est presque de un à dix (indice 33.33 pour Chancy, 318.15 pour Cologny) et la Ville de Genève est au-dessus de l'indice moyen, avec un 126.97 qui représente un recul par rapport au dernier indice (16 autres communes sont dans le même cas), mais signale que compte tenu des charges qu'elle assume pour l'ensemble du canton, la Ville de Genève se porte, financièrement, bien. Assez bien pour pouvoir, par exemple supporter un déficit budgétaire équivalant à 1 % du budget. Ou d'augmenter d'un centime additionnel le taux de l'impôt communal. Mais bon, on dit ça,c'est sans arrière-pensée, c'est juste histoire de causer...

Mardi dernier, la police municipale zurichoise a évacué, de force, le campement des « Indignés » dans le parc du Lindenhof. Une trentaine de personnes ont été arrêtées pour «opposition à un acte de l'autorité», ont reçu une amende et se sont vu signifier une interdiction de se rendre dans la vieille ville et sur le Paradeplatz. . Selon une militante, la police a fait usage de sprays au poivre et de gaz lacrymogène. Ah oui, on oubliait un truc : Zurich a une municipalité de gauche.

La Ville de Lucerne a décidé d'adopter un réglement qui interdit la prostitution dans la rue là où elle est «susceptible d'occasionner des nuisances». A Genève et Lausanne, théoriquement, le tapin est proscrit des zones d'habitation (c'est très théorique, comme interdiction, aux Pâquis) et aux abords des hôpitaux (on voit pas pourquoi, vu que les pensionnaires sont généralement hors d'état de commercer avec les hétaïres) et des écoles, mais aussi des églises (et là encore, c'est assez théorique, du moins dans le quartier de l'église russe). « Pourquoi des églises », se demande, judicieusement, le « Matin Dimanche » de dimanche dernier : « parce que », répond l'udéciste genevois multicarte (municipale et cantonale) Eric Bertinat : « la prostitution dérange les croyants, quelle que soit leur religion ». Même quand ils en usent pour tirer leur coup en douce ? D'abord, c'est Jésus qui a dit (Matthieu 21.31, dans la goûteuse traduction de Castellion ) : « Je vous dis pour vrai que les usuriers et les putains vous devancent au règne de Dieu ». Et toc ! En fait, quand les bigots veulent virer les prostituées, c'est rien que de la jalousie. Surtout dans une ville qui a offert une sépulture à Grisélidis dans le cimetière des Rois.

On a été très injuste avec Novartis, après l'annonce de la fermeture de son site de Prangins et de la suppression d'un peu plus d'un millier d'emplois... A lire l'entretien que son patron, Joseph Jimenez, a accordé au « Temps » de samedi, la victime, c'est Novartis. Qui est pleine de bonne volonté: le patron a rencontré les employées et les employés (mais hors de la présence des syndicats, quand même, faut pas pousser), et assuré que rien n'est difinitif, et que l'usine de Prangins pourrait être sauvée, et les emplois, ou une partie d'entre eux, avec. Et ceusses qui soupçonneraient le Père Joseph de vouloir noyer le poisson et démobiliser le personnel sont rien que des maldisants. Voilà. Et quand on compare les 25 ou 50 millions d'économies que pourrait provoquer la fermeture du site aux 10 milliards de bénéfices du groupe en neuf mois, on fait preuve d'étroitesse de vue. Parce que le groupe doit réduire ses coûts « partout où c'est possible, y compris dans la production » (et dans le salaire de ses patrons ?). Or l'usine de Prangins n'est utilisée qu'à 50 % de ses capacités, parce qu'elle est spécialisée dans des médicaments semi-solides et liquides qui se vendent moins bien que les médicaments solides ou en poudre. Et en plus, les autorités suisses ont imposé une baisse du prix des médicaments sous le futile prétexte qu'ils étaient bien plus chers en Suisse qu'à deux pas de l'autre côté de la frontière. Bref, si Novartis envisage de fermer son site de Prangins, c'est la faute des malades qui veulent pas consommer des médicaments liquides, et de la Confédération qui veut pas qu'on augmente encore le prix des médicaments. Et les victimes, dans cette histoire, ce ne sont pas les travailleurs lourdés, mais les actionnaires de Novartis. Fallait juste que Joseph nous l'explique, voilà, c'est fait. Et on dira pas que Joseph se fout du monde. Non, on le dira pas. Mais on l'écrit quand même.

Les Etats membres des Nations Unies ont voté vendredi dernier, à une très large majorité la réadmission de la Libye au sein du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, huit mois après sa suspension du fait de la répression violente du mouvement d'opposition populaire par le régime de Kadhafi. Finalement, le lynchage de Kadhafi père par les « insurgés » a réouvert les portes du Conseil des droits de l'Homme. Rien de tel qu'une bonne mise à mort pour rentrer dans la normalité, quoi...

Le Département de l'Intérieur et de la Mobilité a fait paraître une annonce d'offre d'emploi pour, on cite, un-e « Ingénieur-e au service de l'organisation de la mobilité en charge des plans stratégiques de développement à 100 % » ... ouf... mais qu'est ce qui est à 100 %, dans ce truc sans virgules ? L'Ingénieur-e ? l'organisation ? la mobilité ? les plans stratégiques ? Le développement ? Ah oui, a doit être le développement... parce que celui de Genève, en ce moment, il doit se situer autour de 120 à 150 %. Donc si le Département cantonal veut le ramener à 100 %, ça veut dire que Künzler, elle s'est convertie à la décroissance ? Ben en voilà , une bonne nouvelle, non ?

La corpo judiciaire du PLR a proposé (et fait passer) la candidature de Jornot pour la succession de Zappelli. On admire le sens radelibe de la continuité : Jornot, c'est Zappelli. mais en pire.

Nous narrant la préparation par les fabricants d'avions militaires de l'achat par notre glorieuse Luftwaffe de nouveaux joujoux pour remplacer ses vieux « Tiger », avec le choix entre le « Gripen » de Saab (moins cher, mais moins performant et plus anciens que les autres), le « Typhoon » du consortium germano-hispano-italo-britannique EADS (répandu, mais pas adapté à la Suisse) et le « Rafale » de Dassault (le plus performant, mais aussi le plus cher), le « Matin Dimanche » nous détaille le travail des lobbystes de ces avionneurs. Et nous apprend que Dassault a été particulièrement actif, faisant «écumer la Suisse» par l'ancien industriel genevois Pierre Derendiger... et s'adjoignant les services de l'actuel Conseiller fédéral Didier Burkhalter, alors Conseiller aux Etats et membre de la commission de politique de sécurité, qualifié de « meilleur homme » de Dassault par le «vendeur en chef» de l'avionneur français. C'est marrant, mais aussi un chouïa inquiétant, mais on n'est même pas surpris. On devrait, mais on n'est pas. On doit avoir été contaminés par le cynisme ambiant.

Le « Duo d'eXtrêmes Suisses » quitte l'antenne locale genevoise : Le Duo d'Extrêmes Suisses sur Léman Bleu, ce fut cinq chansons, pas une de plus (Quand on est libéral, Mouammar, Le CEVA, la Suisse est belle, Palestine...). Le temps de livrer un petit message patriotique aux masses incultes du bout du lac Léman (bien trop à l'Ouest pour être de dignes Suisses). Censure gauchiste, peur des grandes vérités que le duo énonçait avec calme et sérieux ? Mystère... mais voilà les chantres de la suissitude rejetés à la rue pour dire encore et toujours tout le bien qu'il faut penser de la Suisse et de ceux qui la font. Cela dit, vous pouvez toujours retrouver le duo et ses chansons sur http://www.cousumouche.com/dxs. Et ça fait du bien par où ça passe.

Les salaires vont augmenter en Suisse en 2012... si, si, c'est comme « Der Sonntag » nous le dit, selon une enquête auprès d'un panel de responsables des «ressources humaines » : 72 % des entreprises du pays assurent vouloir mieux payer leurs salariés en 2012. L'augmentation nominale serait de 1,22 % par rapport à 2011, soit une augmentation du pouvoir d'achat de 0.69 %. Mais un quart des entreprises interrogées annoncent vouloir geler les salaires (ce qui diminuera le pouvoir d'achat des salariés), et 1% vouloir les diminuer. Mais bon, faut nuancer tout ça : pour pouvoir toucher un salaire, un peu augmenté, plafonné ou diminué, encore faut-il en avoir un, de salaire. Parce que ça leur fait une belle jambe, aux salariées et aux salariés qui auront été licencié-e-s pour faire monter les cours des actions de leur patron, de savoir que les salaires de la majorité de ceux qui n'auront pas été lourdés augmenteront peut-être un peu en 2012.

Inauguration du « chantier du siècle » (le CEVA, donc) à la gare de la Praille, avec force huiles politiques suisses et françaises (une conseillère fédérale, une brochette de conseillers d'Etat, des maires, un président de Région...),,, et un groupe de syndicalistes d'UNIA rappelant que si la Convention collective nationale de la construction n'est pas renouvelée avant le 31 décembre, sur le chantier du CEVA comme sur les autres, ça sera la grève... Ben dis donc, si ça se trouve, ça sera vraiment le « chantier du siècle », celui du CEVA : le théâtre d'une grève soutenue par le MCG et la droite de Champel, en effet, ça fera date...

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