Fonds de tiroir

Le quotidien gratuit « 20 Minutes » a été désavoué par le Conseil Suisse de la Presse pour avoir publié des extraits d'une conversation entre un journaliste se faisant passer pour un adolescent de 15 ans et un enseignant, Conseiller municipal socialiste en Ville de Genève, et en illustrant cette conversation (et les avances explicites de l'enseignant) par une photo vaguement floutée de l'enseignant, qui y était parfaitement reconnaissable, d'autant que son nom avait également été donné par le journal. Or au moment de la publication des résultats du piège tendu par le journaliste à l'enseignant, celui-ci n'exerçait déjà plus sa profession et avait annoncé qu'il renonçait à son mandat politique. L'«affaire» n'en était donc déjà plus une, sa publication n'avait aucune espèce de justification informative, et le journal avait soigneusement omis de précisé que celui qu'elle avait piégé avait mis en garde le faux adolescent (mais vrai fouilleur de poubelles) contre les prédateurs sexuels sévissant sur la toile. Au total, donc, deux belles leçons de journalisme : celle donnée à « 20 Minutes » par le Conseil Suisse de la Presse, et celle du pire journalisme, donnée par « 20 Minutes ».

« Des multinationales suisses font des affaires sales à l'étranger sans devoir en répondre » : Cinquante organisations suisses ont formé une coalition pour lancer une campagne (« Droit sans frontières»), passant notamment par une pétition en ligne (www.droitsansfrontieres.ch/fr/petition/multinationales-en-laisse/) demandant que le parlement et le gouvernement suisses d'imposer aux multinationales dont le siège est en Suisse (notre beau pays détenant un record mondial en matière d'implantation de sièges de multinationales) le respect des droits humains et des « standards environnementaux » partout où elles agissent, directement ou par leurs filiales. Vaste projet, qui implique qu'une « maison mère » soit rendue responsables des décisions de ses filiales, de ses sous-traitants, et même de ses fournisseurs. La coalition donne des exemples de ce qu'elle entend combattre : c'est Glencore, qui licencie des milliers des travailleuses et de travailleurs en Thaïlande et aux Philippines en refusant tout dialogue avec les syndicats; c'est Axpo, qui importe du combustible nucléaire russe produit par des usines qui ont contaminé toutes leurs régions; c'est Trafigura, qui a déversé des déchets pétroliers qui ont empoisonné des dizaines de milliers de personnes en Côte d'Ivoire, et en ont tué des dizaines; c'est Roche ou Novartis, qui utilisent pour leurs essais cliniques des organes prélevés sur des prisonniers exécutés en Chine... Les responsables de ces saloperies doivent pouvoir être poursuivis, et donc des plaintes dont pouvoir être déposées contre eux, en Suisse. Là d'où ils décident précisément de ces saloperies. Ou de les laisser commettre par leurs vassaux.

Une septantaine d'antifascistes encagoulés ont manifesté (sans autorisation, les vilains) à Genève vendredi soir, en tirant quelques feux d'artifice et en taguant quelques murs. Banderole de la manifestation : «Fight fascism, smash sexism». Tag : « for social revolution ». Antifascistes peut-être, encagoulés sans doute, mais en tout cas linguistiquement mondialisés...

Le PAV (projet d'aménagement Praille-Acacias-Vernets, présenté comme l'un des deux « projets du siècle » pour Genève, avec le CEVA) perd pour la troisième fois la tête : sa directrice, Pascale Lorenz, a démissionné. Avant elle, Benoît Genecand et Sylvie Bietenhader avaient suivi le même chemin : « un banquier, une juriste et une architecte », résume la « Tribune ». Manque plus qu'un pasteur ou un curé... La directrice démissionnaire aujourd'hui explique qu'elle veut « orienter sa carrière vers de nouveaux défis ». Bosser sous la tutelle de Mark Muller, apparemment, ç'en est un que pas grand monde n'est capable de relever. Pas même Mark Muller.

La Conseillère fédérale Simonetta Sommaruga a présenté un projet de révision de la loi sur les étrangers, posant comme première condition du droit au regroupement familial la connaissance ou l'apprentissage d'une langue nationale, condition qui pourra aussi être posée au renouvellement du permis de séjour. On se réjouit déjà dans les gradins de pouvoir obliger Madjid Pishyar, Bulat Chagaev et Chris McSorley apprendre le français. Ou le romanche.

Le Pouvoir judiciaire genevois a fait passer dans nos gazettes une annonce d'offre d'emploi pour «un-e chargé-e de communication à 100 %» pour, notamment, «assurer et développer les relations entre (le pouvoir judiciaire) et les différents médias romands», «conseiller et accompagner les cadres, magistrats et chefs de projet de l'institution dans leur communication interne et externe» ... Entrée en fonction : le 1er janvier. Zappelli a le temps d'être candidat. Jornot aussi, d'ailleurs.

Selon un rapport de l'Organisation International du Travail, le monde compte plus de 200 millions de chômeuses et chômeurs, et il faudrait créer au moins 80 millions d'emplois nouveaux en 2012 et 2013, dont plus de 27 millions dans les seuls pays « avancés ». L'OIT, qui craint une « profonde récession de l'emploi » et, de ce fait, « de nouveaux troubles sociaux » un peu partout, dénonce l'hypothèse selon laquelle une baisse des salaires favoriserait l'emploi. Elle en appelle, à l'inverse, à une « stratégie de relance globale tirée par les revenus ». Bande de gauchistes !

Il y a trois mois, notre présidente de la Confédération et ministre des Affaires étrangères préférée àcrivasit au Conseil d'Etat de Genève pour exprimer son inquiétude (ou celle des « milieux internationaux » à propos de la «détérioration de la situation de la sécurité » à Piogre. La ministre cantonale de la police, Zabel Rochat, avait répondu en promettant une présence policièpre supplémentaire sur le terrain, et une augmentation des effectifs disponibles. Le projet de budget cantonal 2012 prévoit d'ailleurs 75 postes supplémentaires. Mais voilà : y'a personne (ou presque) pour les occuper, ces postes. Et sur deux «patrouilles» (mais de deux personnes) supplémentaires ont bien été mise sur (quatre) pieds, elles ont été constituées en prenant sur les effectifs existants. Et donc en dégarnissant la présence policière ailleurs. Quant à la relève, elle est décharnée : il n'y aura que seize nouveaux aspirants gendarmes à commencer leur formation en mars 2012. Ce qui compensera tout juste les départs à la retraite, et encore : si tous les aspirants terminent leur formation. Bref, on s'est livré à Genève, s'agissant de la sécurité et de la présence policière, à un exercice local assez coutumier : brasser de l'air, faire du vent et du bruit, gesticuler... pour des prunes. Ou pour des élections. Que les gesticulateurs ont quand même perdues.

Genève et Neuchâtel votaient le même jour (dimanche) sur l'introduction d'un salaire minimum légal. Neuchâtel l'a acceptée, Genève l'a refusée. La majorité acceptante à Neuchâtel est grosso modo la même que la majorité refusante à Genève. La grande majorité de celles et ceux qui auraient un intérêt direct à l'introduction d'un salaire minimum légal, parce que leurs salaires sont actuellement en dessous, sont étrangères et étrangers. Et ont le droit de vote à Neuchâtel. Mais pas à Genève. On vous laisse en tirer les conclusions qui s'imposent, on va quand même pas réfléchir aux évidences à votre place.

C'est la crise, faut faire des économies, se serrer la ceinture, accepter la rigueur, l'austérité, réduire les budgets, tout ça... ouais, on le connaît, le discours de la droite. On le connaît, mais pas dans les détails : il y a une semaine, au Conseil Municipal de la Ville de Genève, le PDC a proposé que les partis politiques (déjà subventionnés directement et indirectement par la même Ville) puissent utiliser gratuitement les salles communales de la Ville. Que les associations (les syndicats, l'ASVIVO, l'ASLOCA etc...) devraient, elles, continuer à devoir payer. La proposition a fort heureusement été refusée. Au grand désappointement de certains, qui salivaient d'avance à cette subvention supplémentaire, en nature, à leur parti (y compris le nôtre). ça aurait été quoi, le mot d'ordre ? Faites-ce que je dis, pas ce que je fais ? Serrez-vous la ceinture, nous on s'en fout, on a des bretelles ?

Le patronat genevois du secteur du nettoyage est de nouveau très colère. Il croyait pourtant avoir gagné contre la Ville après que la Chambre administrative de la Cour de Justice lui ait interdit (à la Ville, donc, pas au patronat...) d'assurer un salaire de 25 francs de l'heure aux nettoyeuses et nettoyeurs de ses locaux, alors que la convention collective ne prévoit de les payer que 18 francs 20. La Ville était prête à payer la différence entre le salaire très minimal de la Convention et le salaire minimal qu'elle proposait, mais le tribunal avait considéré, à l'appel de quatre entreprises, que cette initiative, justifiée par la lutte contre les bas salaires, vidait de sa substance «la liberté économique garantie par la Constitution». Amen. On imagine que les patrons récalcitrants avaient fêté cet intéressant jugement (vive la liberté économique de payer des gens en dessous du minimum nécessaire pour vivre correctement dans une des villes les plus chères du monde). On imagine aussi qu'ils attendaient que Sandrine Salerno, vêtue d'une robe de bure, la tête couverte de cendre, s'en vienne leur demander pardon. Ben c'est pas son genre. Et on apprend avec plaisir que la Ville, en tout cas, n'a pas renoncé. Et qu'elle lancera donc un nouvel appel d'offre respectant à la fois les conclusions du tribunal et sa propre volonté d'améliorer les salaires des nettoyeuses et des nettoyeurs. Ce qui fâche la patronne de l'entreprise Messerli, porte-parole du patronat du secteur, qui déclare que la Ville « ferait mieux de prendre acte et de faire confiance aux partenaires sociaux »... Or c'est exactement ce qu'elle fait la Ville : elle prend acte du jugement, rédige un nouvel appel d'offre et fait « confiance aux partenaires sociaux ». Surtout au partenaire patronal. Pour ne plus payer au lance-pierre ses employées et employés. Et s'il n'est pas content, le partenaire patronal, la Ville envisage d'engager elle-même, directement, dans sa fonction publique, les personnes chargées de nettoyer ses locaux. Ce qui serait logique. Et ferait d'elle l'employeur de ses nettoyeurs. Et lui laisserait entière liberté de les payer correctement. En entendant, au loin, après qu'il ait perdu le marché du nettoyage des locaux de la Ville, mugir le patronat du secteur, qui annonce craindre une « inflation des salaires ». Y'a des mots qu'on ferait mieux de ne pas prononcer quand on parle salaires de 18 francs 20 de l'heure...

On avait déjà appris par l'Office fédéral de la statistique que les Romand-e-s étaient trop gros-ses. On apprend maintenant par les Hôpitaux Universitaires que les Genevois-e-s aussi, surtout sur la rive droite. (on s'en fout, on habite la rive gauche). Donc, selon une étude des HUG, 60 % des habitants d'Avully et de Russin (qui, pas contente de l'image que ça donne d'elle, va carrément peser son cheptel humain sur une balance pour sacs de pommes de terre) ont un problème de poids, alors que ceux d'Hermance et de Cologny sont plutôt sveltes. Les bouseux font de la couenne, les lacustres font du jogging ? Pas si simple : Certes, les populations à plus bas revenus ont plus tendance à la surcharge pondérale. Parce qu'elles bouffent pas cher, donc mal. Mais l'écart graisseux entre les riches et les pauvres se réduit : les pauvres apprennent à manger mieux, alors que les riches (sauf quand ils ne sont que rentiers de leur richesse) bossent comme des malades, bouffent n'importe quoi, genre surgelé entre deux lignes de coke, et sont stressés (le stress est un facteur d'obésité). Bien fait.

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