Fonds de tiroir

Les indigènes de Chêne-Bougeries ont refusé le préavis favorable de la commune à la construction de 200 logements dans le quartier de Challendin. A Veyrier, la commune refuse la densification sur le domaine des Grands Esserts. Et à Bernex, on se demande si on va pas être les seuls à admettre que pour loger les nouveaux habitants de Genève, il faudra bien construire des logements ailleurs qu'en Ville (sachant que la densité de population en Ville de Genève est déjà la plus élevée de Suisse). Il faudrait construire 2500 logements par an à Genève rien que pour absorber l'augmentation de la population, et on n'en construit que 1000 à 1500. Et ceux qui ne se trouvent pas à se loger à Genève vont se loger en France ou dans le canton de Vaud, en faisant exploser le niveau des loyers sur place, et en pendulant matin et soir entre leur pieu et leur boulot. Le seul truc marrant, c'est que c'est l'électorat du supposé patron politique des constructions, Mark Muller, qui se rebiffe. Et ça commence vraiment à sentir le roussi sous le siège de DoubleM deux ans avant les élections cantonales. Et C'est pas en sautant sur son siège en braillant «surélévations ! surélévations ! » que ça va s'arranger...

Le Bureau du Conseil Municipal avait, la semaine dernière, refusé d'ouvrir la discussion en plénum sur un projet de motion déposé par des conseillers municipaux de gauche, demandant que le Conseil administratif revienne sur le soutien accordé par la Ville de Genève à un concert donné au profit du Keren Kayemeth Leisiarël, un organisme devenu l'un des instruments du gouvernement israélien pour le copntrôle des terres. La discussion au Conseil Municipal n'avait donc pas pu avoir lieu. Mais le Conseil administratif, alerté, n'en a pas moins pris position. Et donc :
« Genève, le 30 novembre 2011, Aux représentant-e-s de la presse et des médias
Communiqué de presse du Conseil Administratif de la Ville de Genève : La Ville de Genève se distancie du soutien accordé au Fonds National Juif de Suisse
Le Conseil administratif a récemment pris connaissance de la décision prise en mars 2011 par le Département de la culture d'accorder le tarif de bienfaisance au concert donné jeudi 1er décembre au Victoria Hall en faveur d’un projet du Fonds National Juif de Suisse (FNJ), appelé également Keren Kayemeth Leisraël. Le Conseil administratif souhaite aujourd’hui exprimer son désaccord unanime quant à la mesure prise : le caractère politique des activités du FNJ aurait dû interdire toute forme de soutien municipal.
Le Conseil administratif a découvert, lors du dernier Conseil municipal, l'existence de ce tarif préférentiel. Il a souhaité recueillir plus d’informations sur le Fonds National Juif. Il est apparu que cet organisme, se présentant comme apolitique, poursuit en réalité des buts politiques.
Le Conseil administratif se désolidarise donc fermement du soutien accordé à l’organisation du concert du Raanana Symphonette Orchestra au profit du Fonds National Juif. (...)
La décision d’autoriser la tenue de cette soirée au Victoria Hall et de lui accorder le soutien de la Ville de Genève est regrettable. Cet engagement ne pouvant être annulé à si brève échéance, cette prise de position revêt une dimension symbolique. En tant que garant des valeurs de la Ville de Genève, cité de paix et de médiation, le Conseil administratif lui attache néanmoins une grande importance »

Comme d'hab', ou presque (d'habitude, c'est le Grand Conseil qui se charge de ce boulot de singe), le Conseil d'Etat propose l'invalidation de deux initiatives populaires de l'Asloca, l'une contre les congés-ventes et la spéculation, l'autre pour la construction de logements locatifs et bon marché plutôt que des bureaux et logements de luxe. On comprend aisément que le caractère profondément subversif, quasiment nihiliste, de telles revendications aient hérissé le poil du gouvernement. Surtout à la lumière des explications données par l'ineffable Mark Muller : « Moi-même, qui connais bien ce droit, j'ai essayé de lire ces deux initiatives et n'y ai rien compris ». «Que Mark Muller ne comprenne pas nos initiatives ne m'étonne guère », ponctue Carlo Sommaruga, pour l'Asloca, qui rappelle que chaque fois que la majorité de droite du canton a fait invalider par le Grand Conseil une initiative de l'Asloca, elle-ci a recouru au Tribunal fédéral contre cette invalidation, a gagné son recours, et a fait accepter son initiative par le peuple. Alors que Mark Muller ait ou non compris les initiatives qu'il a « essayé de lire » (c'est vrai que l'Asloca n'avait pas mis beaucoup d'images sur son initiative, la prochaine fois, faudra qu'elle pense à en mettre, ça aidera le Conseiller d'Etat) ne changera pas grand chose au parcours habituel des textes de l'association des locataires. D'ailleurs, si on devait annuler toutes les propositions que MM ne comprend pas, faudrait commencer toute de suite par abolir le droit d'initiative.

Jamais à court d'une innovation, la Ville de Genève, pionnière dans l'âme, a donc inventé l'indignation labellisée, la dissidence apprivoisée : la majorité du Conseil administratif a autorisél les « Indignés » à planter leurs tentes dans le parc des Bastions, « sans restriction de périmètre ni de durée ». Bah, dans ce parc, il y a bien des joggers, des joueurs d'échec, des pratiquants de tai-chi... pourquoi pas des Indignés. Surtout que franchement, ils ne sont pas menaçants, nos Indignés municipaux. Mais on se demande quand même si le Conseil administratif n'aurait pas malignement adopté à leur égard l'attitude qui dévaluerait le plus radicalement leur posture subversive : l'attitude de la tolérance. On serait des Indignés tolérés, on serait vexés que la position de Pierre Maudet n'ait pas été retenue par ses collègues (du coup, il a refilé le dossier à Pagani) : pas au nom de l'ordre public ou du respect des règlements, de cela, on se tamponne. Mais parce qu'elle était la seule à pouvoir donner un peu de corps à l'indignation, et à l'inciter à passer l'insoumission. Au prix d'un peu, un tout petit peu, un chouïa, de répression, pour un peu plus de légitimité subversive...

La commission nationale (suisse) de prévention de la torture a rendu public son rapport sur les « vols spéciaux » d'expulsion forcée de requérants d'asile déboutés et d'immigrants clandestins : «ficeler les gens à déporter comme des saucissons, les empêcher d'aller aux toilettes pendant le vol (...) n'est pas acceptable », estime le président de la CNPT, Jean-Pierre Restellini (qui ne demande cependant pas la suppression des « vols spéciaux »). Ben si, c'est acceptable, répond le comité d'experts «retour et exécution des renvois» de l'Office fédéral des migrations : « les aspects sécuritaires sont déterminants » et la « sécurité de l'ensemble du vol » est plus importante que le « sentiment de honte que pourrait éprouver la personne» obligée de faire ses besoins dans des récipients parce qu'on l'a empêchée d'aller aux toilettes. Ah bon, ce sont quand même des personnes, les expulsés ? Merci, le Comité d'experts...

Selon un rapport révisé de l'ONU publié en mai dernier en révisant un rapport précédant, de nouvelles projections porteraient la population mondiale à 10,1 milliards de personnes en 2100. En 2050, la population mondiale devrait atteindre le chiffre de 9,3 milliards, soit une augmentation d'environ 2,3 milliards de personnes sur les quarante prochaines années. Les experts expliquent que les variations dans les calculs de la fertilité peuvent produire différentes projections sur le long terme. Heureusement qu'on a des experts, on n'y aurait pas pensé sans eux. La projection la plus élevée prévoit une population mondiale atteindrait de 10,6 milliards d'individus en 2050 et de 15,8 milliards en 2100. Bon, là, normalement, nous on sera morts, on n'aura plus besoin de se serrer. La projection basse du taux de fertilité mondiale prévoit 8,1 milliards de personnes en 2050 et, après une diminution (dont on ne serait pas seuls responsables) de 6,2 milliards en 2100. Elle devrait plaire aux écolos malthusiens, cette hypothèse, mais selon les experts, la variable médiane est la plus plausible : 9,3 milliards d'habitants humains de la planète Terre en 2050 et 10,1 milliards en 2100. Selon le rapport, 42% de la population mondiale vit dans des pays à faible taux de fertilité où les femmes n'ont pas assez d'enfants pour que chaque femme soit remplacée par une fille. Les pays à fort taux de fertilité sont principalement en Afrique (39) mais également en Asie (9), en Océanie (6) et en Amérique Latine (4). C'est-à-dire, en gros, là où la condition des femmes est la plus mauvaise. Les pays qui connaissent les taux de natalité les plus bas sont l'ensemble des pays européens, 19 pays sur 51 en Asie, 14 pays sur 39 sur le continent américain, deux en Afrique (Mauritanie et Tunisie) et un seul en Océanie (Australie). Seuls les pays ayant un taux de fertilité élevé devraient voir leur population continuer à augmenter après la fin du siècle, si on ne tient pas compte de l'immigration. Les projections médianes prévoient que les pays à faible fertilité atteindront leur pic aux alentours de 2030 avant de progressivement décliner. Si on ne tiens pas compte de l'immigration. Mais on ne va évidemment pas commencer à tenir compte de l'immigration, parce que ça pourrait nous convaincre qu'elle nous sera indispensable en 2011 pour qu'il y ait quelqu'un pour nous torcher dans nos EMS en 2050.

Bilan satisfait de Sepp Blatter (président de la coupole internationale du foot-pognon), au «Matin Dimanche» de dimanche dernier, en réponse à la question du journaliste « Vous vous êtes débarrassés de tous vos ennemis. Quel est votre secret ? » : « En 2002, onze membres du comité exécutif ont tenté de m'envoyer. De ces onze personnes, deux siègent encore (et) sont devenus de bons serviteurs du football », jubile Blatter... remplacez « Comité exécutif» par « Bureau politique » et «football» par parti, vous avez quasiment le bilan de Staline pour le Bureau politique du PCUS en 1938... Le foot, c'est vraiment une purge...


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