Les entreprises suisses licencient 15'000 personnes en trois mois

Les bourses ou les vies !

Crédit Suisse, Schindler, UBS, Novartis, Bobst, Kudelski et tous les autres : en trois mois, les entreprises suisses ont supprimé ou annoncé la suppression de 15'000 postes de travail (dont 4500 en Suisse), soit en procédant à des licenciements, soit en annonçant des réductions de temps de travail, des non remplacements de salariés sur le départ ou des mises à la retraite anticipée. Explication des unes (celles qui sont dans le secteur productif : la cherté du franc suisse par rapport à l'euro et au dollar). Explication des autres (celles qui sont dans le secteur financier et bancaire) : la crise du système financier mondial. Victimes des unes et des autres : leurs salariés.

Moraliser la finance, humaniser le capitalisme, féminiser le proxénétisme, civiliser la pédophilie ?

Il y a des oxymores qui fatiguent la patience : depuis le début de la crise que traverse le « sytème financier international », des appels à sa «moralisation » sont lancés par ceux qui veulent le sauver -mais le sauver de lui-même, apparemment... Moraliser la finance, humaniser le capitalisme ? Bien sür... et pourquoi pas féminiser le proxénétisme et civiliser la pédophilie ? Il n'y a ni morale, ni éthique, à attendre d'un « monde » (celui de la finance) et d'un système économique (le capitalisme) dont la règle d'or ou de diamant est le profit, qui ne fonctionne qu'à cette règle et qui, pour l'atteindre, ne cesse d'inventer des «produits» parfaitement inutiles, voire parasitaires, d'aucune utilité ni pour l'économie, ni pour la société, et que leurs gestionnaires sont incapables de gérer puisqu'ils sont ingérables. Les financiers prennent des risques dans une absolue opaciité, le capitalisme « fonctionne au risque » mais en le faisant payer par les autres : par les salarié-e-s, par la société toute entière, l'Etat y pourvoyant. La crise financière actuelle sera ainsi résorbée (car elle le sera, comme toutes les précédentes) par les interventions massives des banques centrales et des caisses publiques (cela vaut sans doute mieux qu'une guerre, qui pourvoit à la même nécessité), interventions elles-mêmes payées par des politiques d'austérité dont les victimes sont toujours les mêmes : pas Vasella, mais le personnel de Novartis. Et plus les trous creusés par les financiers, par les banques, par les investisseurs, par les spéculateurs sont abyssaux, plus la mobilisation des collectivités publiques, mises au service du sauvetage d'un système qui les vampirise, sont rapides, et urgentes : les coupables des crises financières sont tous, comme UBS, too big to fall, trop gros pour qu'on les laisse choir. Et cela vaut pour les Etats comme pour les entreprises: on pourrait à la rigueur laisser tomber la Grèce et la réduire au rôle de bronze-cul de l'Europe retraitée, on ne peut pas laisser tomber l'Italie ou l'Espagne. Ce système financier a ses lois, bien plus fortes que le rêve de le « moraliser » : une bonne grosse, bien lourde, charrette de licenciements, c'est bon pour les actions. Et donc pour les actionnaires. A condition qu'il s'agisse de vrais licenciements, bien massifs et bien brutaux, pas de suppressions de postes échelonnées dans le temps, en ne remplaçant pas les départs ou en proposant des retraites anticipées. Novartis, qui engrange des bénéfices colossaux, licencie sans consulter personne des centaines de personnes pour « économiser » l'équivalent (une vingtaine de millions de francs) de la rémunération d'un seul individu, leur patron, Daniel Vasella. Bobst négocie avec les syndicats les modalités de la supression de postes de travail, sans licenciements : cela fait baisser ses actions en bourse. La méthode Novartis paie, pas la méthode Bobst. Fallait pas négocier, fallait licencier, en bloc. Alors, on va pouvoir moralises quoi, et qui, dans cette jungle ? L'office du chômage ? L'ssistance publique ? Les Chiffonniers d'Emmaüs ?

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