Budget de la Ville : Le sapin et les boules

On voulait un budget, on a un budget. Pas enthousiasmant, mais tout de même : un budget. Les Verts voulaient un budget équilibré, ils ont un budget équilibré. La droite bourgeoise ne voulait pas accorder de budget à la Municipalité de gauche, elle a échoué à l'en priver. La droite plébéienne se voulait le pivot du Conseil Municipal, l'alliée indispensable aux uns ou aux autres, elle a fait beaucoup de bruit pour pas grand chose et a été battue avec la droite bourgeoise. Sauf quand les Verts ont rejoint celle-ci, et ce fut souvent. Et au bilan final, quoi ? Quelque chose qui ressemble au budget dont nous avons accouché après un jour et-demi et une nuit de discussions : zéro déficit, zéro bénéfice. Une résistance «globalement victorieuse» aux offensives de la droite, mais une résistance, seulement une résistance. Pas de quoi festoyer, donc, mais une petite satisfaction : à dix jours de noël, c'est la gauche qui a le sapin, et la droite qui a les boules...

L'Alternative : du tricycle à la bicyclette, de la bicyclette au monocycle...

On y a mis un jour et demi et une nuit, à faire le travail que la majorité de la commission des Finances avait réussi à empêcher la commission de faire, mais on y est arrivés : la Ville de Genève a un budget. Au fond, un budget, c'est quoi ? Des intentions fondées sur des estimations, une autorisation de dépenses fondée sur un inventaire des besoins (et donc un choix politique des priorités), et une estimation des recettes nécessaires pour couvrir ces besoins et assumer ces priorités. C'est donc, au départ, une sorte de quantification financière d'un programme politique. Le nôtre tenait en trois points, fort modestes d'ailleurs quant à l'ambition politique, assez défensive, qu'ils expriment -une sorte de programme minimum, le « moins que l'on puisse attendre de la gauche », mais dont on sait qu'en ce moment, en Europe, la gauche a quelque peine à le respecter, ce programme minimum : D'abord, le maintien des prestations à la population : engagement tenu, notamment dans le domaine culturel, malgré la poursuite par le MCG et l'UDC de l'offensive lancée, avec l'Entente, contre le budget de la culture (le PLR et le PDC s'étant assez lamentablement déballonnés devant la mobilisation des milieux culturels, le MCG et l'UDC se sont retrouvés seuls à monter au front); ensuite, le respect des accords passés avec le personnel de la fonction publique, et des droits de ce personnel : là, une défaite, la remise en cause par la droite élargie aux Verts de l'un de ces droits (les allocations familiales); enfin, le maintien des ressources financières de la commune : c'est fait, il n'y aura pas de cadeaux fiscaux, du moins pas au niveau de la Ville. Reste que si ce budget est acceptable (puisque nous l'avons accepté...) il n'est qu'acceptable, et n'a été voté que grâce à quelques petits artifices comptables destinés à complaire au fétichisme équilibriste des Verts. Sur bien des enjeux sociaux (le salaire des nettoyeuses et nettoyeurs, les allocations familiales du personnel municipal), les Verts ont en effet voté avec la droite, quitte à piétiner, avec elle, et avec la même allégresse, les accords passés avec les syndicats et la commission du personnel de la Ville. Pourquoi ? Pour que le budget soit équilibré. Et pourquoi le budget d'une municipalité de gauche devrait-il être forcément équilibré en période de crise, quand les dépenses publiques sont précisément un moyen de limiter la casse sociale ? Parce que. C'est comme ça. C'est comme il a dit David. C'est aussi comme il a dit Grégoire : la « posture de petits comptables frustrés » - frustrés, en l'ocurrence, de ne plus être que la troisième roue du tricycle de l'Alternative, et votant donc contre un effort financier pour atteindre l'objectif de consacrer 0,7 % du budget à la coopération et la solidarité internationales, contre, aussi, un effort de la Ville pour améliorer les salaires de ses nettoyeuses et nettoyeurs, contre, toujours, le respect des engagements pris à l'égard du personnel municipal... Et en réduisant l'Alternative à une simple coalition électorale. Un tricycle pendant les campagnes électorales, une bicyclette pendant quatre ans : la gauche, en Ville de Genève, aujourd'hui, c'est le PS et les deux composantes d'Ensemble à Gauche, un poing c'est tout.. Notez bien qu'au Grand Conseil, c'est encore pire : la gauche, c'est un monocycle -le PS tout seul...

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