Fonds de tiroir

Le Conseil administratif de la Ville de Genève a donc annoncé vouloir transformer une vingtaine de rues du centre ville, à Saint-Gervais, à Rive et aux Pâquis, en zones piétonnes. Mais dans le détail, seules une partie d'entre elles seront réellement réservées aux piétons. Dans les autres, riverains, véhicules de livraison et deux-roues pourront continuer à circuler (à 20 à l'heure). Bon, les zones piétonnes avec circulation automobile, c'est fait, on peut passer aux autoroutes avec pistes cyclables...

Le 13 décembre, le Conseil d'Etat genevois pondait un arrêté confirmant l'autorisation donnée à la Fondation Clair-Bois d'exploiter un « établissement accueillant des personnes handicapées ». Trois jours plus tard, le Grand Conseil approuvait un budget qui, en ne compensant pas le désengagement de la Confédération, fera perdre un million et demi aux institutions genevoise pour handicapés, dont 600'000 francs à Clair-Bois. La planification à la genevoise, c'est quelque chose...

L'afflux (relatif, tout de même) de requérants d'asile en provenance d'Afrique du nord a rempli, et fait déborder (jusque dans la rue) les centres, en nombre et en places insuffisants (ils ne peuvent héberger que 1800 personnes) où notre accueillant pays stocke les réfugiés en attente d'une décision sur leur statut. Il n'y a quasiment plus de place. La solution la plus logique, puisque rien à part mettre la Suisse sous cloche hermétique, n'empêchera les requérants d'asile potentiels de venir ici devenir des requérants réels, serait d'ouvrir de nouveaux centres. Mais voilà : hors des grandes villes, où de tels centres passeraient totalement inaperçus, les populations locales n'en veulent pas, de ces pouilleux. A Bettwil (Argovie), l'annonce de la venue de 140 requérants dans une ancienne caserne a soulevé une vague d'indignation. Pas contre les conditions d'hébergement des requérants : contre leur venue. Manifs, pétition, algarades... résultat: il n'y aura que 100 requérants hébergés, et seulement pour six mois. A Fischbach (Lucerne), 601 habitant-e-s ont signé une pétition contre l'hébergement de requérants dans un abri PC. Toujours pas en raison de leurs conditions d'hébergement, mais en raison de leur arrivée. A Gland (Vaud), 1282 habitants ont, en vain, protesté de même contre l'arrivée de requérants. Mais on se demande bien pourquoi ces braves gens protestent : y'a du fric à se faire, sur le dos des réfugiés. Une société privée, ORS, le sait bien, qui se fait des couilles en or en gérant à la place des pouvoirs publics, sept centres d'hébergement fédéraux et une cinquantaine de structures cantonales. ORS appartient à une société d'investissement et à une holding basées à Zoug. On se doute qu'elle n'est pas là pour faire du social, ou de l'accueil, mais du pognon. A Weiach (Zurich), par exemple, elle touche 84'000 francs par an pour assurer l'hébergement de dix requérants d'asile en louant une ferme pour 18'000 francs. Les 66 '000 francs qui restent, c'est pour elle. Travaillant avec des équipes d'encadrement très réduites et mal formées, refusant l'accès de « ses » centres aux représentants des organisations de défense des droits des requérants, n'assurant que des soins médicaux minimaux, et défaillants, ORS travaille à l'économie mais encaisse sans rechigner le prix de la sous-traitance par la Confédération de l'accueil, si on peut dire, des requérants d'asile. Vous voyez bien que les requérants d'asile, ça peut-être tout profit... putain, quel argument de merde pour calmer la xénophobie ordinaire...

Les parlementaires fédéraux se sont votés, deux jours avant noël, une chtite augmentation de 4 %, soit de 1250 francs de la contribution annuelle à leurs frais, de 1000 francs de leur indemnité annuelle et de 15 francs de leurs indemnités journalières. Avant cette augmentation (qui coûtera au total 1,3 million aux caisses fédérales), un-e Conseiller-e national-e touchait 133'000 francs par an, et un-e Conseiller-e aux Etats 152'000. Et la majorité des parlementaires a estimé que ce n'était plus suffisant vu l'augmentation du coût de la vie. Et c'est une bonne nouvelle. Parce que des gens qui estiment qu'être payés 133'000 ou 155'000 francs par an, c'est pas suffisant, ne pourront pas, décemment, refuser d'instaurer un salaire minimum légal trois fois plus bas. Non, ils pourront pas. Pas décemment.

Commentaires

Articles les plus consultés