Fonds de tiroir

L'Agence de « notation » Standard&Poors a décerné au canton de Genève une assez bonne note (AA-) pour sa gestion des finances publiques, grâce à un cadre institutionnel prévisible et favorable, à un tissu économique riche et capable de résister à la crise économique (du fait, notamment, du poids du secteur public, premier contributeur du produit intérieur brut cantonal) et de la « bonne gouvernance » des finances publiques. C'est David Hiller qui doit être content (même si la Ville a une encore meilleure note que le canton), et d'autant plus content que l'Institut des Hautes Etudes en administration publique (IDHEAP) a classé Genève en troisième position, derrière Lucerne et Zurich, des cantons les mieux gérés de Suisse en 2011 (la République n'était que seizième au classement 2010: la honte...). Standard&Poors relève toutefois le poids important de la dette publique consolidée (régies publiques comprises), la perspective de la voir augmenter à cause des importants investissements que le canton va devoir consentir (le CEVA, notamment), les problèmes liés à la nécessité d'accroître le taux de couverture des caisses de pension et la «volatilité» des recettes fiscales, très dépendantes des résultats du secteur financier. Mais bon, tant que Standard&Poors et les autres agences de notation, qui se sont autoproclamées grandes vérificatrices des orthodoxies financières, ne ramènent pas Genève au niveau de la Grèce, tout baigne, on peut emprunter à des taux pas usuraires. La crise, quelle crise, où ça une crise?

On s'en souvient (ou pas), une « task force » avait été chargée par le Conseil d'Etat pour identifier les problèmes de la gérance immobilière cantonale, et proposer les solutions pour y répondre. Le Département des constructions (DCTI) et son chef, Mark Muller, avaient assuré que les travaux de la « task force » seraient «transparents» et que la commission de gestion du Grand Conseil en serait régulièrement informée. Résultat : la « task force » a fini son boulot, et personne n'en a rien su, ni de ses conclusions. C'est pas une « task force », c'est une « talc force» ... Selon « 20 Minutes », « la désorganisation de la gérance cantonale était telle qu'il était de toute manière impossible de résoudre le problème rapidement ». Et même impossible de le décrire ? Le département de Muller assure que « ce qui n'allait pas est en train d'être corrigé » mais que ça prendra « encore des mois ». Jusqu'à l'automne 2013 ? Mark Muller, lui, promet de communiquer sur ce dossier en février. En février de quelle année ? 2012 ? 2013 ? Parce qu'en 2014, il y a de fortes chances qu'il ne soit plus Conseiller d'Etat, DoubleM. Et que tout le monde se confoutrera de ce qu'il pourras bien dire. D'ailleurs, maintenant, déjà...

« Genève a 105 kilomètres de frontière avec la France, et la situation de la sécurité à Genève est, en grande partie, due à cette proximité française » (Isabel Rochat, sur One FM, le 10 janvier). Deux solutions, donc : éloigner la France, ou s'éloigner de la France. La dérive des continents comme remède à la criminalité, ça le fait, non ?

Titre du « Monde » du 31 décembre: « Les Verts en voie de banalisation». Début de l'article : «Longtemps, les écologistes ont voulu faire de la politique "autrement". libérés des pesanteurs, des compromis et des jeux d'ambition habituels. En 2011, ils ont démontré qu'ils savaient et n'hésitaient plus à en faire comme les autres. Au risque de perdre en originalité et en énergies collectives ce qu'ils ont gagné en maturité et en réussites individuelles » ... Pas de doute, la région genevoise est bien, aussi, une région française..

En Roumanie, la Municipalité de Baia Mare a édifié un mur de béton de 100 mètres le long d'un quartier rrom, pour « délimiter les zones d'habitation » (un ghetto sans mur, c'est vrai que c'est pas vraiment un ghetto) et faire « baisser le nombre d'accidents » (le mur longe une route nationale, mais c'est vrai aussi que les premiers ghettos ont été édifiés au prétexte, notamment, de protéger les juifs des exactions dont ils étaient victimes). «L'argument de la protection est un prétexte pour ghettoïser les Roms», proteste l'ONG Romani Criss, et Amnesty International dénonce un traitement « dégradant », mais un chauffeur de taxi, cité dans « XXI », approuve le mur en ces termes « On ne voit plus la misère ». Le Maire explique, lui, que si le mur est en béton, c'est qu'il ne « peut pas être en bois car les Roms y mettraient le feu, ni en métal car ils le vendraient ». Ce qui nous rend les Rroms encore plus sympathiques. La Municipalité a encore en projet l'installation à côté du mur d'un poste de police, et sur le mur de caméras de vidéosurveillance. Ils sont très Suisses, ces Roumains, finalement...

Des munitions suisses vendues, tout à fait légalement, à l'émirat du Qatar, ont abouti, tout à fait illégalement, aux mains des «rebelles» libyens : c'est ce que le secrétariat d'Etat à l'économie (seco) a constaté après une enquête au Qatar, et après avoir stoppé les exportations d'armes vers ce pays. Faux derche, le Qatar s'est excusé et a attribué à une erreur de «logistique militaire» la fourniture aux « rebelles » libyens, que le Qatar soutenait officiellement par des livraisons d'armes, par sa participation à la mission de l'OTAN intervenant contre les forces fidèles au régime de Kadhafi, par un soutien financier et par l'envoi sur le terrain de centaines, voire de plusieurs milliers de soldats et d'instructeurs. Mais pour le Conseil fédéral, ça ne fait pas du Qatar le belligérant dans un conflit armé auquel la neutralité suisse interdirait à la Suisse de se mêler. Parce qu'officiellement, il n'y avait pas de conflit armé en Libye, puisque dès lors qu'il y a un mandat du Conseil de Sécurité de l'ONU, on n'est plus en situation de conflit armé, mais dans quelque chose du genre d'une opération de police internationale. Et donc les exportations d'armes et de munitions vers le Qatar peuvent reprendre. Et faudra pas s'étonner si on en retrouve une partie dans le camp des « rebelles » syriens. Et le Qatar s'excusera et expliquera que c'est encore une erreur de «logistique militaire». Au fait, c'est bien une démocratie, cet émirat à qui on livre des armes et des munitions ? Non ? Ah bon, désolés, on savait pas, mais on ne va tout de même pas vérifier si les gens à qui on vent des armes et des munitions sont fréquentables. Il nous suffit de vérifier s'ils sont solvables. Et les potentats islamistes du Golfe sont solvables.

Lorsque elle a été élue, en 2009, nous étions pleins de bonne volonté. Aujourd'hui, on n'attend plus rien d'Isabel Rochat », déclare le président dudit syndicat, Christian Antonietti, dans la « Tribune de Genève » du 29 décembre... Vous allez voir qu'ils vont finir par regretter Moutinot, les Pandores...

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