Fonds de tiroir

En Roumanie, la Municipalité de Baia Mare a édifié un mur de béton de 100 mètres le long d'un quartier rrom, pour « délimiter les zones d'habitation » (un ghetto sans mur, c'est vrai que c'est pas vraiment un ghetto) et faire « baisser le nombre d'accidents » (le mur longe une route nationale, mais c'est vrai aussi que les premiers ghettos ont été édifiés au prétexte, notamment, de protéger les juifs des exactions dont ils étaient victimes). «L'argument de la protection est un prétexte pour ghettoïser les Roms», proteste l'ONG Romani Criss, et Amnesty International dénonce un traitement « dégradant », mais un chauffeur de taxi, cité dans « XXI », approuve le mur en ces termes « On ne voit plus la misère ». Le Maire explique, lui, que si le mur est en béton, c'est qu'il ne « peut pas être en bois car les Roms y mettraient le feu, ni en métal car ils le vendraient ». Ce qui nous rend les Rroms encore plus sympathiques. La Municipalité a encore en projet l'installation à côté du mur d'un poste de police, et sur le mur de caméras de vidéosurveillance. Ils sont très Suisses, ces Roumains, finalement...

Des munitions suisses vendues, tout à fait légalement, à l'émirat du Qatar, ont abouti, tout à fait illégalement, aux mains des «rebelles» libyens : c'est ce que le secrétariat d'Etat à l'économie (seco) a constaté après une enquête au Qatar, et après avoir stoppé les exportations d'armes vers ce pays. Faux derche, le Qatar s'est excusé et a attribué à une erreur de «logistique militaire» la fourniture aux « rebelles » libyens, que le Qatar soutenait officiellement par des livraisons d'armes, par sa participation à la mission de l'OTAN intervenant contre les forces fidèles au régime de Kadhafi, par un soutien financier et par l'envoi sur le terrain de centaines, voire de plusieurs milliers de soldats et d'instructeurs. Mais pour le Conseil fédéral, ça ne fait pas du Qatar le belligérant dans un conflit armé auquel la neutralité suisse interdirait à la Suisse de se mêler. Parce qu'officiellement, il n'y avait pas de conflit armé en Libye, puisque dès lors qu'il y a un mandat du Conseil de Sécurité de l'ONU, on n'est plus en situation de conflit armé, mais dans quelque chose du genre d'une opération de police internationale. Et donc les exportations d'armes et de munitions vers le Qatar peuvent reprendre. Et faudra pas s'étonner si on en retrouve une partie dans le camp des « rebelles » syriens. Et le Qatar s'excusera et expliquera que c'est encore une erreur de «logistique militaire». Au fait, c'est bien une démocratie, cet émirat à qui on livre des armes et des munitions ? Non ? Ah bon, désolés, on savait pas, mais on ne va tout de même pas vérifier si les gens à qui on vent des armes et des munitions sont fréquentables. Il nous suffit de vérifier s'ils sont solvables. Et les potentats islamistes du Golfe sont solvables.

Lorsque elle a été élue, en 2009, nous étions pleins de bonne volonté. Aujourd'hui, on n'attend plus rien d'Isabel Rochat », déclare le président dudit syndicat, Christian Antonietti, dans la « Tribune de Genève » du 29 décembre... Vous allez voir qu'ils vont finir par regretter Moutinot, les Pandores...

Le Groupe pour une Suisse sans Armée, devenu Groupe pour une Suisse sans Armée de conscription mais avec armée de métier (GSsAcmam), quoique le GSsA s'en défende (il veut une armée de milice composée de volontaires...) a déposé son initiative pour l'abolition du service militaire obligatoire, munie de 107'280 signatures. L'initiative est soutenue par le PS, les Verts, Attac et de nombreuses autres organisations pacifistes et antimilitaristes. Elle ne vise donc plus à l'abolition de l'armée, mais à celle de « l'obligation de servir » imposée aux hommes indigènes par la constitution. Si elle est acceptée par le peuple (elle pourrait l'être) et les cantons (ça sera plus difficile), elle aura donc au moins le mérite d'instaurer sur le terrain d'exercice militaire un semblant d'égalité entre femmes et hommes, et même entre hommes (seuls un tiers des jeunes font leur service militaire, qui n'est imposé qu'aux hommes, et qu'aux hommes valides physiquement et psychiquement...). On ne l'a pas soutenue, cette initiative, on ne l'a pas signée, mais on la votera quand même. Ben oui, quoi, c'est notre côté social-démocrate : se contenter de peu, qui veut le plus veut le moins, tout ça...

Un oligarque russe, Dimitri Rybolobvev, qui a fait fortune (en milliards, autour de sept...) dans le potassium, les engrais et les fertilisants (en gros, dans le guano...) a racheté au Prince de Monaco le club de foot de la Principauté, pour au moins 100 millions d'euros. On est bien contents pour Monaco, pour Albert et pour le foot. Et pour Cologny, aussi. Parce que Dimitri, en se barrant de Genève et en transférant ses biens dans des paradis fiscaux exotiques (la Suisse n'étant plus qu'une sorte de purgatoire fiscal), a laissé à Cologny un très joli trou : un chantier en rade de deux hectares, sur une parcelle achetée pour 28 millions de francs, et qui n'est plus qu'une sorte de gros terrain vague, depuis que la femme de Dimitri a demandé le divorce et la moitié des biens de Dimitri. On se sait pas dans quel moitié, celle de Dimitri ou de sa moitié, se situe le trou, mais en tout cas, là où il est géographiquement situé, il fait craindre aux voisins du trou un affaissement général du terrain. D'ici à ce que les Colognotes se retrouvent dans le lac, les avocats s'agitent. Et celui des riverains, le Conseiller national UDC Yves Nydegger (ben ouais, on est à Cologny, pas à la Jonction, on va pas prendre Grobet comme avocat...) se demande pourquoi « l'Etat de Genève fait montre, dans ce dossier, d'une très inhabituelle compréhension pour les intérêts du propriétaire »... «inhabituelle », la compréhension de l'Etat pour les intérêts d'un propriétaire ? Il plaisante, Nydegger ?

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