Candidature socialiste à l'élection partielle du gouvernement genevois : Choisir les villes

Si les socialistes étaient joueurs, et joueurs de poker, ils pourraient samedi se rengorger bruyamment : leurs candidat-e-s à la candidature pour l'élection partielle du Conseil d'Etat dessinent un joli carré d'as. Mais les socialistes ne sont pas joueurs -c'est là le moindre de leur défaut (il suffit pour s'en convaincre de voir la tête qu'ils tirent, et d'entendre les commentaires qu'ils font, lorsque l'un-e d'eux s'offre le petit plaisir d'une proposition ou d'ne intervention décalée dans un parlement). Bref, les socialistes genevois ont le choix. Et c'est difficile, un choix. Surtout entre quatre bonnes cartes. Il lui faut un critère, à ce choix. Alors on leur en propose un : les villes.

On parle de Genève, là...


le gouvernement de la République de Genève compte, normalement, sept membres. Il n'en reste déjà plus que six. Dont trois font, de l'avis à peu près général, correctement leur travail, quelles que soient les critiques que l'on puisse leur faire quant à leurs choix politiques, les oppositions que l'on puisse formuler à ces choix et les luttes que l'on puisse engager pour les changer. Trois sur six, ou sept, ce n'est pas beaucoup. Le premier enjeu de l'élection partielle de juin serait donc de faire passer cette proportion à celle d'une majorité, de «redonner un peu de lustre» à un gouvernement terni -et pour cela, chacun-e des quatre candidat-e-s à la candidature socialiste convient, et même mieux que cela. Mais après tout, Maudet aussi conviendrait à ce lustrage et les quatre socialistes (et le PLR) ont une expérience politique à faire valoir, dans des exécutifs municipaux et/ou au parlement. Ce critère, celui de la compétence personnelle, n'est donc pas suffisant -et nous ne sommes pas un office de placement ni un cabinet de chasseurs de tête : nous sommes un parti politique, et nos critères doivent être politiques. Des critères de ligne, de programme, de culture, de positionnement politiques. Des critères électoraux aussi ? oui, bien sûr, mais là encore, ils ne départagent pas les socialistes entre elles eux : chacun-e peut être élu, et a même toutes les chances de l'être, si la gauche est unie. Et surtout si la droite ne l'est pas..

On parle de Genève, là, pas d'un canton des montagnes intérieures.
On parle d'une République urbaine, frontalière, tertiaire, internationale. On parle d'un territoire qui n'est pas seulement celui du canton, mais celui où vivent près d'un million de personnes. Un territoire sans gouvernement, sans parlement, sans corps électoral commun. Et même sans nom (Regio Genevensis ? trop pédant... Agglo ? ça fait Ikéa... région franco-valdo-genevoise ? de la langue de bois...). Parlant de Genève, on parle d'un territoire dont le maillage institutionnel est fait d'un espace politique qu'on retrouve des deux côtés de la frontière d'Etat, et des deux côtés des limites cantonales : les communes. Ce territoire n'est pas un rhizome dont le centre serait partout et la circonférence nulle part : il est un réseau de villes dont celle de Genève est le centre, et qui se déferait sans ce centre. Or ce sont les villes (toutes les villes) de Genève, à commencer, mais s'en s'y arrêter, par la Ville de Genève, qu'il nous faut en ce moment affirmer -y compris contre le canton.

Demain, au congrès du PS, dans le choix de qui défendra les couleurs de la gauche à l'élection partielle du Conseil d'Etat, on votera pour la Ville. Ou plutôt : pour les villes. Ce n'est pas affaire de domicile du/de la candidat-e, puisque, répétons-le, tout Genève, et pas seulement Onex, Vernier et la commune qui porte le nom qu'elle a donné au canton, est une ville. Y compris le plus idyllique des petits villages, ses bois, ses nants, ses rus, ses chemins et ses plants de cardons épineux. Il y a, dans l'année à venir, celle pour laquelle le siège de Mark Muller doit être repourvu en attendant l'élection générale de 2013, des enjeux importants à relever. On n'en relèvera ici que deux, qui renvoie tout deux à la conception que l'on se se fait, et que l'on veut ou non traduire en actes, du territoire, et des rapports, sur ce territoire, entre les différents espaces institutionnels (le canton, les communes) : une loi cantonale sur la culture, dont il importe de modifier le projet, et un projet de nouvelle constitution, dont on a déjà dit ici assez de mal, s'agissant de l'état dans lequel il est encore (mais on voit mal comment il pourrait être amélioré) pour que l'on comprenne, même à demi-mot, que l'enjeu est de s'organiser pour qu'il soit refusé -et donc, pour éviter qu'un Conseil d'Etat unanime appelle à l'accepter.

On votera demain pour Manu, parce qu'on votera pour les villes de Genève. On ne prendra pas un deuil désespéré si un-e autre est désigné-e. Surtout si cet-te autre est maire d'une grande commune suburbaine. D'abord parce que le désespoir est mauvais conseiller politique et que le deuil ne sied pas à l'élection. Ensuite, parce qu'il n'y a pas de mauvais-e candidat-e -de mauvaise carte dans le carré d'as socialiste, et que quelque soit le choix que fera le congrès, on pourra dire, sans même avoir recours à la langue de bois, que ce sera un bon choix, et que le PS a cette double chance d'avoir ce choix (le PLR ne l'avait pas, le MCG se l'est refusé, celui de l'UDC n'a aucune importance) et de l'avoir entre quatre bonnes cartes.

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