Fonds de tiroir

L'ancien député libéral Olivier Jornot, élu procureur général grâce à sa propre voix, a prêté serment pour n'entrer en fonction que le 1er avril prochain (le temps de laisser Zavatta se démerder avec l'Affaire Muller). Il aurait dû déjà prêter serment le 1er décembre, le jour même de son élection, mais il pouvait pas, le serment se prêtant devant le Grand Conseil où il siégeait encore comme député. Ben et alors ? S'il avait le droit de voter pour lui, il avait aussi celui de prêter serment devant lui-même, non ?

Lors de l'élection des vice-président-e-s du groupe parlementaire UDC aux Chambres fédérales, une candidate non-élue lors d'un premier vote, la zurichoise Nathalie Rick, a finalement tout de même été propulsée vice-présidente après que ses partisans, les blochériens, aient obtenu un second vote en arguant d'une majorité « hasardeuse » en faveur d'un autre candidat. Au cas où, la lettre D dans le sigle UDC signifie «démocratique»... comme la même lettre dans le sigle RDA...

Zabel Rochat, not'ministr de la police, de la justice et des prisons, trouve que faire passer dans le cadre des tests d'admission dans la police une épreuve de rédaction française représente un obstacle gênant à l'engagement de futurs flics. Son prédécesseur, Laurent Moutinot, avait déjà remplacé l'épreuve de la dictée par celle de la composition, mais c'est encore trop. Et Zabel pense maintenant à supprimer l'épreuve de la composition. On leur demandera quand même de savoir écrire, aux poulets, ou on se rabattra sur la vieille plaisanterie des flics qui vont toujours par trois parce que l'un sait lire, l'autre écrire et que le troisième doit surveiller ces deux dangereux intellectuels ?

L'Assemblée des délégués de l'UDC a décidé, par 442 voix contre 42 que le parti devait, par Ueli Maurer interposé, rester au Conseil fédéral. En décembre, après l'échec de sa tentative de reconquérir un deuxième siège au gouvernement, échec suivant celui subi aux élections fédérales de l'automne, l'UDC faisait pourtant de grands moulinets rhétoriques en menaçant de passer complètement dans l'opposition. Bon, ben voila, l'UDC reste. En fait, elle est encore plus accrochée à son siège que le PS aux siens. Et puis après tout, nous aussi, on veut qu'elle y reste, au gouvernement : avec Ueli Maurer au ministère de la Défense, le Groupe pour une Suisse sans Armée a enfin un représentant au Conseil fédéral.

Le patron du club de foot de Neuchâtel, Xamax, a déposé le bilan du club et s'est retrouvé, le même jour, en prison. A Champ-Dollon. On espère qu'il a été collé dans la même cellule où avait déjà été collé Marc Roger. Et qu'on en fera la cellule attitrée de tous les marlous du foot-pognon. Et y'a du monde. En attendant, Neuchâtel se retrouve avec un stade vide, et sans équipe de division d'« élite ». ça vous rappelle rien, à Genève ? Un concordat romand de gestion des conneries sportivo-financières s'impose... de préférence avant l'inauguration de la future nouvelle patinoire genevoise...


Le Conseil Municipal de la Ville a renvoyé à la commission des pétition une résolution de la droitunie demandant au Conseil administratif de faire évacuer le camp des « Indignés », dans le parc des Bastions. Cette résolution, c'est une excellente nouvelle. Parce que les Indignés n'intéressaient plus personne, et que nous mêmes désespérions de les voir passer de l'indignation à l'insoumission. Il ne fallait pas désespérer : les Indignés de Genève intéressent encore quelqu'un : la droite municipale genevoise. Même si elle a l'indignation sélective, à l'instar de cet avocat d'Ancien Régime qui trouve le campement des Indignés esthétiquement offensant sans se demander si le miroir devant lequel il se poudre le matin dans son boudoir n'a pas lui aussi un avis semblable à exprimer. Parce qu'enfin, celles et ceux qui ne supportent plus le spectacle des Indignés n'ont qu'à contempler le spectacle de la Rade la nuit : là, il y a véritablement offense esthétique généralisée : la Rade est esthétiquement dénaturée depuis tous les points de vue possible par les innombrables panneaux lumineux des banques et des assurances qui plus vulgaires que ne le sera jamais le plus dépenaillé des SDF proclament le triomphe du clinquant et du pognon sur la cité. Dès lors, que le campement des Indignés puisse, modestement, discrètement, rappeler que cette ville ne se résume pas à ces enseignes et au bling bling qu'elles surplombent et proclament nous sied parfaitement. D'autant que la traversée du campement des Indignés restera toujours moins dangereuse pour la droite que la sortie du Moulin à Danses.

« En élevant le niveau d'exigence de la langue française pour les candidats à la naturalisation suisse, le Conseil d'Etat a pris de court les partenaires de la politique d'intégration », écrit la «Tribune de Genève». Apparemment, il a aussi pris de court les journalistes de la «Tribune». Parce que c'est pas le niveau d'exigence de la langue française que le Conseil d'Etat a élevé, c'est le niveau de connaissance de la langue française. Et ça risque de faire des ravages chez les friqués qui sollicitent un passeport suisse en ne parlant que l'anglo-américain financier basique. Les Verts ont protesté contre la décision «autoritaire et improvisée» du gouvernement. Ils ont tort : elle favorise, pour une fois, les candidats africains francophones sur les américains anglo-saxons... Mais il devrait pas seulement l'élever pour les candidats à la naturalisation, le niveau de connaissance de la langue française, le Conseil d'Etat, mais aussi pour ceux à un mandat politique. ça nous permettrait d'entendre parler un peu plus souvent français au Conseil Municipal et au Grand Conseil.

Le Conseil municipal de la Ville, qui n'est unanime sur rien, l'a presque été (à deux oppositions près) pour subventionner l'exhibition de néanderthaliens obèses se tripotant en caleçons dans la sciure. Faut soutenir la candidature de Genève à la fête fédéral de gymnastique parce que c'est patriotique. Voila. Faut jamais désespérer de la capacité des parlements à produire du consensus. Dans la sciure.

GHI nous l'a appris : les Maires, adjoint-e-s, conseiller-e-s administratifs-ves des communes genevoises s'offrent un petit week-end à Dublin, en vol privatisé et hôtel quatre étoiles, pour 2500 francs par personnes. Dans le même temps, quelques communes genevoises paient la moitié (l'aller ou le retour ?) du voyage et du séjour d'une petite demie douzaine d'élu-es municipaux-pales à Ouagadougou, pendant une semaine. 2500 balles pour un week-end de maires en Europe, la moitié pour une semaine de conseillers municipaux en Afrique. L'inégalité nord-sud, c'est quelque chose.

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