Mali, Pakistan : Ouvrières à domicile et employées domestiques s'organisent

Des femmes sortent de l'ombre

200 millions de femmes travaillent dans le monde comme employées domestiques ou ouvrières à domicile. Leur lot : une absolue précarité, une absolue exploitation, sept jours sur sept, pour des salaires de misère, sans contrat, sans prestations sociales. A une situation digne du XIXe siècle européen s'ajoutent les effets de la mondialisation : les entreprises sous-traitantes des grandes multinationales et les entreprises sous-traitantes de ces sous-traitants sous-traitent à leur tour à des travailleuses à domicile le travail qu'elles peuvent payer le moins possible; les ouvrières à domicile ignorent pour qui elles travaillent et à qui, en fin de compte, profite leur travail, et les employées de maison, isolées les unes des autres, méconnaissent leurs droits et sont livrées à l'arbitraire, et souvent à la violence, de leurs employeurs. Mais désormais, même au fin fond des géhennes de la périphérie, les unes et les autres s'organisent. Et notre solidarité est requise pour les y aider.

Le XIXe siècle à portée de regard et de solidarité

Fantine et Cosette sont aujourd'hui, l'une ouvrière pakistanaise et l'autre domestique malienne. Le XIXe siècle hugolien est à portée de notre regard, si du moins nous consentons à le porter sur lui, et sur elles. Ne serait-ce que pour les aider à en sortir.
Les employées domestiques maliennes et les ouvrières à domicile pakistanaises ont donc fondé des syndicats : l'information n'a pas fait la « une » de nos journaux, mais elle témoigne pourtant, de la part de ces femmes, d'un courage qu'on a peine, ici, à mesurer, comme on a peine à mesurer les risques que prennent les militantes qui vont informer les plus exploitées des travailleuses de leurs droits, et les soutenir lorsqu'elles les revendiquent. A des milliers de kilomètres les unes des autres, les domestiques maliennes et les ouvrières à domicile pakistanaises ont les mêmes revendications : êtres reconnues pour ce qu'elles sont, des travailleuses, être respectées et voir leurs droits respectés.
Douze millions de Pakistanaises travaillent à domicile, pour coudre des ballons de foot et des vêtements, assembler des bijoux, broder des tissus ou peler des crevettes... travaillant jour et nuit pour des salaires (aux pièces) de misère (souvent moins d'un dollar par jour), plus mal payées que les ouvrières en usine, tenues d'acheter elles-mêmes leurs outils de travail, ne disposant d'aucune couverture sociale, elles ont commencé à s'organiser dans trois syndicats regroupant 4500 membres dans la fédération des travailleuses à domicile HBWWF, qui va mener campagne pour renforcer leur organisation, pour la reconnaissance de leur statut de travailleuses, pour une réglementation du travail à domicile, pour pouvoir bénéficier des prestations sociales et pour que le Pakistan ratifie la convention de l'OIT sur le travail à domicile.
Pour neuf francs par mois, au Mali, de jeunes femmes ayant quitté la campagne en quête de travail sont devenues domestiques à la ville. Vivant chez leur employeur, isolées les unes des autres, méprisées par ceux qui les emploient sept jours sur sept, jour et nuit, elles redressent la tête : en 2011, elles ont fondé une association pour la défense de leurs droits, l'ADDAD, qui compte aujourd'hui plus de 300 membres et qui revendique l'application aux domestiques des dispositions minimales du droit du travail : un contrat d'engagement écrit, un salaire minimum de 40 francs par mois, une durée maximale de travail de dix heures par jours six jours sur sept. L'ADDAD a besoin de soutien pour ouvrir une permanence à Bamako, pour fournir aux domestiques aide, conseils, soins médicaux (nombre d'entre elles sont victimes d'abus). Elle a également besoin de soutien pour assumer des frais (de déplacement, notamment : le Mali est immense) que ses faibles moyens ne lui permettent pas de couvrir.
Le Solifonds soutient la campagne des ouvrières à domicile pakistanaises regroupées dans la Home Base Women Workers Federation (HBWWF) et l'action des employées domestiques maliennes de l'Association pour la défense des droits des aides ménagères et domestiques (ADDAD). Il faut donc alimenter le fonds d'action qui permet de financer ce soutien : le SOLIFONDS fait à ce titre appel à notre solidarité.
Pour Fantine, et pour Cosette.

SOLIFONDS, Case postale, 8031 Zurich, mail@solifonds.ch, www.solifonds.ch, compte de chèques postaux CP 80-7761-7

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