Brèves

Le 11 mars prochain, dans sa lettre pastorale pour le Carême, l'évêque catholique de Coire et autres lieux rappellera à ses ouailles un point fondamental de discipline : pas de communion pour celles et ceux qui, ayant divorcé, se sont remariés civilement (de toute façon, l'église papiste ne reconnaissant qu'un seul mariage, et pas le divorce, les divorcés ne peuvent se remarier que civilement). Ah mais c'est qu'on rigole pas avec la communion. D'ailleurs, toute personne vivant dans le péché est exclue de la communion. Et on vit facilement dans le péché, chez les cathos (pas seulement chez eux, mais là, c'est d'eux dont on vous cause). En Thurgovie, l'église catho locale précise que les fidèles qui cessent de l'être en demandant leur extraction des registres paroissiaux perdent le droit à tous les sacrements : eucharistie, mariage, extrême-onction, obsèques. Reste bien sûr la résurrection. Très oécuménique, la résurrection : même pas besoin d'être chrétien (Lazare ne l'était pas. Jésus non plus, d'ailleurs), mais tout de même assez rare...

Or donc, titre « 20 Minutes » de lundi, « Estavayer-le-Lac a écrasé Genève dans la sciure », par 150 voix contre 22 dans le choix de la ville qui organisera la Fête fédérale de lutte en 2016. « Notre candidature était trop exotique », soupire Sami Kanaan. On est trop Grecs pour les Alamans, quoi...

On découvre tous les jours les beautés de la loi genevoise contre la mendicité : la Chambre pénale de recours a reçu un dossier portant sur le séquestre provisoire de la somme, colossale, de 70 centimes saisis par un gendarme dans la poche d'un mendiant (rrom). Zont rien d'autre à foutre, les gendarmes. Et l'a rien d'autre à foutre, la justice. A vue de nez, la seule constitution du dossier a du coûter cent fois la somme saisie. Et la procédure, de la saisie du pognon jusqu'à la décision de la chambre pénale, à peu près mille fois la somme en cause. En juin dernier, le Conseil d'Etat avait chiffré le coût de la loi antimendiants : pour 13'634 amendes infligées, pour un montant total de 1,629 million de francs, on avait réussi à faire rentrer 35'117 francs, en dépensant trois millions de frais divers. Comme le dit le vice-président de la Cour de Justice, «la question de la proportionnalité se pose et tout cela mérite réflexion ». Voui, vous avez raison, ça mérite réflexion. En fait, ça aurait même mérité réflexion avant que des imbéciles pondent une loi imbécile et que d'autres imbéciles la votent. Notez bien que l'un des auteurs de la loi en question, Olivier Jornot, sera bientôt en fonction comme Procureur Général. Et qu'il aura à gérer les conneries de l'Olivier Jornot député. Bien fait.

Des centaines de manifestants et quatre dirigeants de l'opposition ont été arrêtés à Moscou lundi soir au cours d'une manifestation contestant la victoire, arrachée au premier tour grâce à la fraude (il aurait de toute façon gagné au second tour, même sans fraude, c'est dire si c'est con de frauder dans ces conditions) de Vladimir Poutine à la présidentielle. La police moscovite applique la nouvelle loi genevoise sur les manifestations avant même que les Genevois l'aient acceptée? Décidément, on donne le ton loin à la ronde...

On avait reçu une lettre assez obscure de la présidente du Conseil Municipal où nous sévissons, et on s'interrogeait : la lettre évoquait « divers épisodes qui ont été portés à la connaissance du bureau »sans préciser de quels épisodes il s'agissait, elle évoquait « des propos sexistes, attentatoires à l'honneur ou d'autre manière irrespectueux à l'endroit d'un ou d'une collègue , mais on ne savait pas de quels propos il pouvait s'agir, ni qui s'en était rendu coupable, ni où ils avaient été tenus -bref, on nageait dans le brouillard. Heureusement, un èmecégiste (forcément) qui s'était senti visé a éclairé notre lanterne, après que la «Tribune » ait fait allusion à la lettre de notre vénérée présidente. Le grossier personnage, c'est lui. Et, dans la grande tradition èmecégiste, il nous la joue offusqué : c'est pas lui l'agresseur, au contraire, c'est lui l'agressé, y'a des nanas, en commission, qui font rien qu'à l'embêter, rien que parce que c'est un homme et qu'il est au MCG, et que le MCG, on le persécute en faisant croire que gens « sont des bas de plafond, agressifs, sexistes, etc...». C'est pas possible, y'a des malveillants qui voient les èmecégistes comme ça ? Mais qu'est-ce qui peut bien leur faire croire ça ?

Les Genevois-es se sont donc prononcés pour une restriction de la liberté de manifestation, sous prétexte de prévenir les « débordements »... Et ousque y'a eu la plus forte majorité pour l'accepter, cette restriction ? à Cologny... C'est vrai que les manifestations débordant violemment, on les compte plus, à Cologny...

On observe les résultats par communes des dernières votations à Genève, et constate que notre commune, a, contrairement à l'ensemble du canton, refusé l'initiative des milieux immobiliers pour «l'épargne logement», accepté (contrairement à la Suisse) à deux contre un le « prix unique du livre », accepté (contrairement au canton et à la Confédération) l'initiative pour une sixième semaine de vacances et refusé (contrairement au canton) la loi sur (c'est-à-dire contre) les manifestations. Home, sweet home, on est bien chez soi, on déménage pas.

La nouvelle loi genevoise sur les manifestations, acceptée par la majorité non-manifestante de la minorité votante du peuple, rend les organisateurs de manifestations responsables des dérapages desdites manifestations, même s'ils n'y sont pour rien et que ces dérapages sont le fait d'éléments incontrôlés ou de saboteurs de la manif. Ces organisateurs peuvent être privés pendant cinq ans du droit d'organiser des manifs, et être frappés d'une amende jusqu'à 100'000 balles. Dans ces conditions, il nous paraît plus prudent d'inviter le Bureau du Conseil Municipal, organisateur des deux prochaines séances plénières, à décider de les annuler.

Jeudi dernier, au Conseil des Etats, une motion de l'UDC a été acceptée à une voix (celle du président) de majorité. La motion demandait de couper l'aide au développement accordée par la Suisse à tout pays dont le gouvernement refuse de reprendre ses ressortissants expulsés de Suisse. Premiers problèmes : la motion est stupide, loupe sa cible et aurait des effets surprenants; d'une part la majorité des expulsés de Suisse proviennent de pays qui ne bénéficient pas de l'aide suisse au développement et se contrefoutent donc de la menace de supprimer une aide qu'ils ne reçoivent pas. D'autre part, la majeure partie de l'aide suisse au développement ne va pas aux Etats centraux, mais à des collectivités locales et à des organisations privées, qui ne peuvent être tenus pour responsables d'un refus gouvernemental d'accepter les expulsés de Suisse. Par ailleurs, la suppression des programmes de coopération « sur le terrain » équivaudrait à une aggravation des conditions de vie des populations qui en bénéficient, et donc à un renforcement de la tentation d'émigrer -et comme les programmes supprimés seraient suisses, cette tentation aurait naturellement la Suisse comme cristallisation. Enfin, les Etats qui auraient ainsi été punis pourraient facilement riposter en refusant même d'accepter le retour volontaire de leurs émigrants illégaux. Ce qui augmenterait le nombre d'immigrants illégaux qu'on ne peut expulser nulle part. Un texte stupide donc. Et accepté, et c'est le deuxième problème, lors d'un vote tout aussi stupide : non seulement deux Consellers aux Etats PLR se sont trompés de vote (ils ont voté « oui » alors qu'ils voulaient voter « non », ce qui aurait fait basculer la majorité), mais pour couronner le tout, il a été comptabilisé en tout 44 suffrages, alors qu'il n'y avait que 43 votants. Bref, on résume : une motion absurde de l'UDC (cherchez le pléonasme) a été acceptée lors d'un vote foireux du Conseil des Etats. Est-ce que finalement, on aurait pas là, en condensé, une assez bonne définition de l'état de la politique d'asile de notre beau pays ?

Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de réunion et d'association pacifiques, Maina Kiai, a estimé que certaines propositions de modifications à la loi sur les manifestations sur le domaine public dans le canton de Genève, en Suisse, pourraient «indûment restreindre les droits à la liberté de réunion pacifique et d'expression, qui sont l'essence de toute démocratie» et apparaissent problématiques, notamment l'amende, pouvant aller jusqu'à 100.000 francs pour quiconque aurait omis de requérir une autorisation de manifester, ne s'est pas conformé à la teneur de l'autorisation ou aux injonctions de la police. « Ce montant est disproportionné et aurait un effet néfaste sur l'exercice des droits de réunion pacifique et d'expression», a indiqué M. Kia, pour qui (et on est évidemment d'accord avec lui) « l'exercice des libertés fondamentales ne devrait pas être soumis à l'autorisation préalable des autorités ». Quant à la menace de priver le bénéficiaire d'une autorisation de manifester du droit d'obtenir une nouvelle autorisation pendant une période pouvant aller jusqu'à cinq ans si, même en l'absence de toute faute de sa part, la manifestation donne lieu à des atteintes graves aux personnes ou aux biens, M. Kiai a estimé que «de telles restrictions dissuaderaient également la population d'exercer son droit à exprimer son opinion au moyen de manifestations pacifiques ». M. Kiai a décoché sa dernière flèche en rappelant que « la Suisse mène actuellement d'importantes initiatives dans le domaine de la promotion et de la protection du droit de réunion pacifique. Les changements proposés à la loi sur les manifestations dans le canton de Genève ne sont pas en adéquation avec ces louables efforts » et que l'an dernier, durant la 18ème session du Conseil des droits de l'homme à Genève, la Suisse a été à l'origine de la tenue d'un débat majeur sur la promotion et la protection des droits de l'homme dans le contexte des manifestations pacifiques. On a l'air fins, maintenant...

La gauche est emmerdée : le Crédit Suisse veut distribuer un million à tous les partis nationaux, en le répartissant entre eux en fonction des sièges qu'ils détiennent dans les parlements cantonaux et fédéral. Faut-il accepter ce pognon, ou le refuser (puisqu'on dénonce depuis des plombes le financement des partis bourgeois par les banques et les grandes entreprises) ? Le président des Verts, Ueli Leuenberger, propose de se sortir de ce dilemne, plus labichien que cornélien, en créant une fondation qui recevrait l'argent des entreprises privées et de l'Etat et le reverserait ensuite aux partis. Une sorte de sas de décompression, en somme. Quant au président du PS, qui ne trouve pas l'idée de son homologue vert dénuée d'intérêt, il estime qu'il faut « prendre le temps de bien réfléchir aux conséquences d'accepter ou de refuser cet argent ». C'est si difficile que ça, de refuser le pognon de ses adversaires ?

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