Fonds de tiroir


«  Le Temps » de jeudi note que sur le matériel de campagne électorale de Pierre Maudet pour l'élection partielle du 17 juin au Conseil d'Etat, « on distingue à peine le logo du PLR, son parti ». Et alors ? Il est pas fou, Maudet... il sait bien qu'il ne va pas mobiliser son électorat en arborant l'image d'un corbillard...

L'Occident chrétien est vengé : le guide de montagne fribourgeois qui avait scié trois croix érigées sur des sommets, parce qu'il considérait qu'un symbole religieux particulier n'avait rien à y faire, a été condamné mercredi à 90 jours-amende avec sursis pendant trois ans, pour «atteinte à la liberté de croyance et des cultes ». On ne voit pas en quoi la mise à terre d'une croix atteint à la liberté de croyance (elle n'atteint qu'à un symbole d'une croyance), mais surtout, on rappelle que la croix, pour Jésus comme pour Spartacus (et tous les autres) fut un instrument de supplice, et qu'il conviendrait donc de féliciter plutôt que de condamner celui qui s'y attaque, comme on aurait félicité celui qui se serait attaqué au pal, au pilori ou à la roue. Ou à la guillotine.

Le Conseil d'Etat genevois a adressé ses « sincères félicitations», par l’intermédiaire du représentant permanent de la France auprès de l’Organisation des Nations Unies (ONU) à Genève, à François Hollande après son élection à la présidence de la République française. Le gouvernement genevois a fait part au président élu de ses «meilleurs voeux de succès dans cette nouvelle et importante fonction à compter du 15 mai prochain», et de sa conviction «que les bonnes relations qui ont toujours existé entre la France et Genève se poursuivront sous le gouvernement de M. Hollande»... A notre humble avis, le message genevois à Hollande n'a pas été soumis au MCG. Ni d'ailleurs à l'UDC, puisque le Conseil d'Etat y rappelle que « Genève et la France sont unis historiquement par des liens privilégiés et partagent 103 kilomètres de frontière commune, alors que seulement 4,5 kilomètres rattachent le canton au reste de la Suisse »... Bon, ben voilà, cette fois Hollande est vraiment élu, maintenant : l'onction qui lui manquait lui a été donnée, la Parvulissime République l'a salué...

Le Portugal va supprimer, pour cinq ans, quatre de ses quatorze jours fériés officiels pour remplir le contrat d'austérité passé avec l'Union Européenne, la Banque centrale européenne et le FMI. Mais pour supprimer deux de ces jours fériés, la Fête-Dieu (15 août) et la Toussaint (1er novembre), les deux autres saluant l'indépendance à l'égard de l'Espagne et la proclamation de la République,  il a dû, au nom d'un concordat passé avec le Saint-Siège en 2004, demander l'accord  du Vatican. Qui le lui a donné. Pas très laïque, tout ça... Alors on est partagés : comme anticléricaux primaires, on en a au mieux rien à secouer de la Fete Dieu et de la Toussaint, mais en tant que partisans du droit à la paresse, on tient à tous les jours fériés. Tous. Même les religieux. Cornélien, le dilemme, non ?

Elle en a l'habitude, l'Asloca genevoise : deux initiatives qu'elle a lancées et fait aboutir ont été jugées irrecevables par la majorité de droite (et des Verts) du Grand Conseil, jeudi. C'est presque toujours comme ça que ça se passe, d'ailleurs : l'Asloca lance une initiative, la fait aboutir, le Grand Conseil doit dire s'il la considère comme formellement valide, il dit que non (pas parce qu'il croit à ce qu'il dit, mais parce qu'il est opposé à l'initiative sur le fond), l'Asloca fait recours au Tribunal fédéral, gagne, l'initiative est soumise au peuple et le peuple l'accepte. C'est une sorte de procédure normale, quoi. En l’occurrence, les deux initiatives demandent que soit mis fin à la pratique des « congés-vente » que l'on maintiennent le parc locatif existant et que l'on construise des logements répondant aux besoins de la population plutôt que des logements de luxe et des bureaux. « Trop compliqué », a dit une partie de la droite, « trop politique », a dit une autre partie de la droite. C'est vrai, ça, une initiative qui propose une politique (du logement), c'est pas admissible... où va-t-on si les droits politiques permettent de faire de la politique ?

D'aucuns comparent, méchamment, injustement, le Conseil Municipal de la Ville de Genève à un bac à sable où s'ébroueraient joyeusement de sales gamins (et quelques sales gamines, quand même...). C'est un peu rapide, comme description. C'est surtout oublier que sur les places de jeux, les bacs à sable sont fréquemment à proximité d'un autre équipement ludique : le tourniquet. Et donc, de tourniquet, y'en a un au Conseil Municipal. Démonstration : deux conseillers municipaux libéraux-radicaux qui avaient claqué la porte du groupe PLR en septembre dernier, Alexandre Chevalier et Fabrenne Aubry-Conne, pour siéger en tant qu'indépendants, puis avaient adhéré aux Verts Libéraux, viennent de démissionner des Verts Libéraux. Et se retrouvent donc presque à leur point de départ (c'est le principe du tourniquet, d'ailleurs : tourner en rond). Une petite fugue, quoi : on met le nez dehors pour voir à quoi ça rassemble, on fait le tour du pâté de maison, on s'invite chez des voisins sympathique, puis on revient chez soi...  c'en est presque attendrissant...

Le Conseil fédéral a un projet d'aide fédérale à l'égalisation des salaires entre hommes et femmes. C'est-à-dire d'aide à la concrétisation d'un principe inscrit il y a 30 ans dans la Constitution fédérale. mais cette concrétisation, à laquelle voudrait aider le gouvernement, il la veut prudente : il accepterait une « marge de tolérance », c'est-à-dire une inégalité salariale légale, de 5 % (elle est globalement de 18,4 % actuellement, ou de 9,2 % si on ne tient compte que de celle qui s'explique par le genre et pas par les différences de fonction, d'expérience ou de formation). Le syndicat Unia fait savoir qu'il commence à perdre un peu patience : ça fait trente ans que l'égalité salariale a été proclamée dans la constitution, il serait temps de l'appliquer en y contraignant les récalcitrants...  Voilà, c'est ça, les syndicalistes, jamais contents : on leur donne un doigt (un article constitutionnel), il revendiquent le bras (le respect de cet article constitutionnel). Pis quoi, encore ? 

Le 25 mai, 96 chauffeurs des transports publics genevois vont être assermentés. Parmi eux, 45 frontaliers. Evidemment, hurlement du MCG, qui assure (sans pouvoir le prouver, mais peu importe) que des frontaliers ont été préférés à des chômeurs locaux détenteurs du permis poids lourd. Réponse des TPG : à compétences égales, les candidatures locales sont toujours privilégiées, mais disposer du permis poids lourd n'est pas une compétence suffisante pour transporter autre chose que du bétail. Et d'ajouter que le « marché du travail » local ne permet pas de couvrir les besoins en personnel, et qu'il faut donc, forcément, avoir recours à des frontaliers. A moins évidemment d'embaucher des «locaux»  pour la seule qualification d'être locaux. Et tant pis s'ils conduisent comme des pieds, ne voient rien à plus de dix mètres ou picolent. Ce serait pourtant dans la logique d'une «  préférence cantonale » pour les défenseurs de laquelle le monde civilisé s'arrête à la douane de Moillesulaz...




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