Fonds de tiroir


C'est une jolie histoire qu'on va vous raconter, un vrai conte de fée, un édifiant épisode de la vie quotidienne dans la Grande Genève, un chemin de croix pascal entre Genève et Aiud, en Roumanie. C'est l'histoire d'un Rrom roumain, M. Grasian. Borgne, unijambiste, atteint d'une maladie de la peau, rescapé de plusieurs infarctus... et désormais aussi rescapé des pratiques policières genevoises... Arrêté le matin du 19 février dans les Rues Basses, expulsé le 21 avril vers Bucarest, sans assistance et sans un sou en poche (les cent balles qu'il avait sur lui lors de son arrestation lui ont été confisqués), lâché dans cet état à Bucarest, à 350 km de son domicile, sans aucun moyen de se déplacer ni même de se nourrir, devant faire 14 km sur son unique jambe pour rejoindre la gare, prendre un train (sans pouvoir le payer) jusqu'à Aiud, arrivant à Aiud incapable de faire un pas de plus et ramené dans son village par un automobiliste compatissant, après 36 heures d'un véritable chemin de croix qui aurait pu lui coûter la vie et que l'association Mesemrom assimile, justement, à une forme de torture qu'elle dénonce auprès de la police, de la justice, des autorités fédérales et des instances de défense des droits humains. Voilà, c'était notre rubrique « la vie quotidienne des Rroms dans la capitale mondiale des droits de l'Homme ».

Bardonnex, commune impie, traîtresse à la patrie - sur proposition d'un élu de l'Alternative, le réglement du Conseil Municipal a été sauvagement modifié : il ne sera désormais plus nécessaire de lever la main droite pour prêter serment en tant que Conseiller Municipal. Et un Conseiller municipal MCG accuse Bardonnex d'être « la seule commune de Suisse à bafouer 721 ans de tradition ». Quels 721 ans, de quelle tradition ? On suppose que le èmmecégiste fait allusion au mythique serment et pacte du 1er août 1291, mythique puisqu'il n'y eut jamais de serment prêté, ni de pacte signé, ce jour-là... Ne plus lever la main pour prêter serment « ouvre la porte au grand n'importe quoi », se plaint l'élu MCG. On compatit. D'autant plus qu'on prête serment le poing levé, et que pour lever le poing, faut lever la main...

On a reçu de la « Société de la Restauration et du 1er juin »  une « invitation solennelle et officielle » à participer à la cérémonie de commémoration du «débarquement des troupes confédérées au Port Noir », le 1er juin 1814. Et on n'ira pas à ce machin. D'abord, parce qu'on ne voit pas ce qu'il y a à commémorer qui mériterait de l'être,  pas plus qu'on ne voit ce qu'il y a à commémorer le 31 décembre, lors de la fête de la Restauration, qui précisément commémore la restauration de l'ancien régime oligarchique par les vieilles familles genevoises revenues au pouvoir dans les fourgons des armées de la Sainte-Alliance après le départ des Français. Non mais faut quand même pas pousser : on veut bien commémorer l'Escalade (après tout, elle fut une résistance victorieuse à une tentative de faire revenir Genève sous la double domination du Duc de Savoie et de l'Eglise catholique), on veut même consentir à fêter le 1er août (même s'il ne commémore aucun événement avéré) en y voyant une manifestation de la volonté de continuer à « vivre ensemble », mais franchement, le 1er juin, non... ou alors, avec les Seronos, à la Nautique, pour demander à Bertarelli de rendre un peu du pognon gagné en vendant sa boîte à Merck...

Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a « félicité le peuple et le gouvernement algériens pour le déroulement pacifique de l'élection, le 10 mai, de l'Assemblée nationale populaire »  et a salué « la représentation accrue des femmes au sein de la nouvelle Assemblée ». Ouais. Y'a juste un chti problème : l'abstention a été massive (le taux réel de participation n'a sans doute pas dépassé les 25 %) et comme prévu, ce sont les partis gouvernementaux, et en particulier le parti gouvernemental depuis 1962, le FLN, ex-parti unique, qui ont gagné les élections en étant accusés d'avoir quelque peu fraudé... mais bon, c'est pas grave, c'est une tradition locale... non, c'est pas ça qu'il faut dire ? Ah bon... alors disons que l'Algérie est un microclimat politique en Afrique du nord, et que le « printemps arabe» n'y a pas fait fleurir grand chose. Il est vrai qu'un « printemps démocratique », l'Algérie en avait déjà connu un, en 1988. Et qu'il a débouché, parce que le pouvoir en place n'en acceptait pas le résultat (une victoire électorale des islamistes), sur quinze ans de guerre civile et 200'000 morts et disparus... Et qu'en plus, le reste du monde a besoin que l'Algérie ne bouge pas trop, vu qu'elle est la puissance militaire régionale et qu'on a besoin d'elle pour contenir les islamistes, et les Touaregs au Mali...

On lit dans le bulletin électronique (ton maire) du département municipal de la culture et des sports (le département de Sami Kanaan, donc) que «  Félicien Mazzola a été nommé au poste de Conseiller personnel du Magistrat au Département de la culture et du sport. Actuellement en charge de la communication du Parti socialiste de la Ville de Genève, il bénéficie de riches expériences dans le domaine de la communication politique et de la gestion et de l'utilisation des NTIC » (au sein du PSvG, son expérience s'étend même  aux NTOC...) . Félicien  prendra ses fonctions officiellement au 1er juillet 2012 et sera notamment «en charge des liens avec les médias». Même avec « CauseS TouSjours » ? Alors bon, déjà un truc : on met pas de « s »  à «media» : c'est déjà un pluriel...

Crise de la dette réglée, surendettement couvert par des prêts postposés (qui ne figurent pas au passif et ne sont remboursables qu'en cas de bonis), faillite d'abord ajournée, puis annulée, budget équilibré : c'est ce que le patron du FC Servette (et du HC Servette), Hugh Quennec, a annoncé lundi. «  Servette respire», titre « Le Temps », « Servette sauvé », titrent d'autres... Mais pourquoi on l'envoie pas en Grèce, Quennec, plutôt que Hollande en Allemagne ?

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