Fonds de tiroir


Sur pleine page, le « Temps »  de vendredi dernier nous présente Ecovela, l'«écoquartier qui séduit les Suisses», à Viry, à quinze bornes de Genève, juste de l'autre côté de la frontière. Un zouli projet bien dans l'air du temps, « génial », même, selon la Conseillère d'Etat genevoise Michèle Künzler : 800 logements, pour environ 2000 habitants, dans des immeubles aux toitures végétalisées ou équipées de panneaux solaires, une place centrale piétonne, des promenades arborisées... bon, c'est pas franchement pour des sous-prolos puisque c'est à acheter (mais à un prix défiant la concurrence genevoise : 4000 euros le mètre carré), et surtout ça promet d'être peuplé en majorité d'expatriés genevois ne trouvant pas de logements à leur goût ou à leur prix dans le canton. Et enfin, ça accouche d'un gros paradoxe : celui d'un écoquartier français habité par des Suisses se déplaçant en bagnole pour aller bosser à Genève. Parce que la desserte en transports publics est très insuffisante (c'est la ligne D des TPG) et qu'elle le restera au moins jusqu'en 2018 (et encore, si le projet de tram jusqu'à Saint-Julien se réalise). D'ailleurs, à la sortie de Viry, c'est carrément un échangeur autoroutier qui est prévu... Disons alors de cet écoquartier qu'il est à un écoquartier ce que les Verts libéraux sont aux Verts...

L'équipe de campagne de Pierre Maudet pour l'élection partielle au Conseil d'Etat fait long feu de tout bois mouillé : Invité par le PLR à soutenir la candidature de Pierre Maudet au Conseil d'Etat lors d'une soirée jeudi à Carouge, le Syndic de Nyon, Daniel Rossellat, hors parti mais soutenu par les Verts avait d'abord accepté -sans se préoccuper de ce que les Verts genevois soutenaient, eux, la candidate socialiste, Anne Emery Torracinta. Puis Rossellat a commencé par expliquer, maladroitement, au « Temps » qu'il avait répondu à l'invitation du PLR qu'il était «possiblement intéressé» mais qu'il ne savait pas qu'il allait devoir faire un discours, qu'il ne savait même pas s'il allait être là, et qu'il ne prévoyait en tout cas pas d'aller distribuer à Genève des tracts appelant à voter pour Maudet. Il a ensuite fait savoir qu'il ne pourrait pas être là et qu'il avait autre chose à faire. Grand bien lui fasse. Mais le « hors-parti » vert pâle nyonnais n'était apparemment pas le seul à avoir fait l'objet d'une tentative de débauchage de la part de l'équipe de campagne de Maudet : celle-ci avait même prévu dans son programme une intervention du président (PDC) de la radio-télé publique (la SSR), Raymond Loretan. On savait Maudet choyé par les media (ce qui ne sera d'ailleurs sans doute pas suffisant à le faire élire), mais impliquer le président de la SSR dans la campagne électorale d'un candidat, fallait oser. Et pour que ledit président accepte, fallait en plus qu'il mette carrément de côté sa déontologie présidentielle...  à supposer qu'il en ait une... Ben finalement, il doit en avoir une, en tout cas un bout d'une, Loretan, car lui  non plus ne viendra pas... et l'équipe de campagne de Maudet de nous expliquer que c'est tout à fait fortuitement que son nom s'est retrouvé sur un brouillon de liste d'invités putatifs. Elle est sûre, au moins, que Maudet est vraiment candidat, son équipe de campagne ? Et qu'elle n'a pas invité Eric Stauffer pour le soutenir ?

Rien ne va plus à Lausanne by night, tout le monde râle, c'est le bordel, le cauchemar... bref, « la ville qui se targue d'être un phare dans la vie nocturne d'Helvétie »  (« Le Temps » dixit ) ne tient plus du tout à mériter ce titre, quand à la sortie des boîtes de nuit (il y en a une quarantaine) la police doit user de spray au poivre contre des pochtrons pour permettre à une ambulance de secourir un blessé, ou mobiliser 40 agents et tirer des balles de caoutchouc pour disperser 200 teufeurs teigneux (dont un armé d'un Taser...). «  Lausanne arrive au bout de ce qu'elle peut supporter », admet le Municipal chargé de la Sécurité, Marc Vuilleumier (du POP, le Parti du Travail, quoi)... et pendant ce temps, à Genève ? Ben, on râle parce que c'est trop calme. Y'a pas moins de boîtes de nuit qu'à Lausanne, mais elles sont beaucoup plus sélectives par le pognon. Et donc, on geint sur la solitude de l'Usine, bastion des nuits alternatives, et la médiocrité du MOA. Bref, c'est trop calme au bout du lac et trop bruyant au milieu... allez, on transige : à mi-chemin du calme genevois et des énervements lausannois, on transforme Rolle en Las Vegas lémanique ?

De 1984 à 2004, nous apprend la « Tribune de Genève » de mercredi dernier, le Conducator du MCG, Eric Stauffer, a travaillé pour neuf sociétés différentes (gestion de fortune, conseil financier, vente de biens de consommation, compagnie aérienne, pharma). Toutes ont fait faillite. Dans la moitié des cas, Stauffer y occupait un poste à responsabilité. Il a donc tout pour faire un bon candidat au gouvernement genevois, Gominator. Si on veut renforcer le poids de la Ville face au canton. En mettant le canton sur la paille.

Un nouveau record de surpopulation a été battu mardi, avec 668 détenus, mais le directeur de la geôle Constantin Franziskakis assure qu' « Il s'agit toutefois d'un record relatif, car nous  disposons de 100 places supplémentaires depuis septembre dernier avec l'extension de Champ-Dollon.». Ouais, mais elles sont déjà toutes prises, ces places supplémentaires. Et on a commencé à y doubler les lits. Et le directeur note que depuis le début de l'année 2012, la tendance est à la hausse de la population carcérale. Et nous, on note que c'était prévisible. Et que ça va continuer. A Champ-Dollon comme dans toutes les prisons genevoises. Et que cette croissance là ne souffre pas de la crise, puisqu'elle s'en nourrit... Elle nourrit d'ailleurs le secteur du bâtiment (et vide les caisses de l'Etat) : la loi ouvrant un crédit complémentaire de 9,5 millions (en plus des 25 millions déjà votés) pour la construction d'une annexe à Champ-Dollon est passée comme une lettre à la poste... et en Courrier A, encore...

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