Fonds de tiroirs


Le Conseil d'Etat a constaté l'aboutissement du référendum lancé par la droite politique et bagnolesque contre la délibération du Conseil municipal de la Ville de Genève douvrant un crédit de 5'136'000 francs destiné à la réalisation des mesures à l'essai, durant une année, de la première tranche de l'initiative populaire intitulée « 200 rues sont à vous - pour des rues ouvertes à la vie et aux mobilités douces ». La vérification des signatures déposées à l'appui de cette demande de référendum a donné les résultats suivants : 5183 signatures déposées, 4322 signatures contrôlées, 4010 signatures validées. Il en fallait 4000 pour que le référendum aboutisse. On va donc voter. Et on s'en réjouit d'avance, parce que vu les débats au Conseil municipal et les arguments des référendaires, on sent que la campagne va voler à des hauteurs politiquement stratosphériques....

On appellera désormais la région franco-valdo-genevoise «Grand-Genève», a décidé le «Grand comité de pilotage» du Grand projet d'agglomération après consultation publique. Les habitants de la région avaient le choix entre «  Le Genevois » (historiquement absurde, puisque exclusif notamment du Pays de Gex et du Faucigny, «  GenevAgglo » (on dirait un label Ikea) et «Grand Genève». Entre trois âneries, il fallait bien en choisir un, c'est fait, alors on s'adapte,  mais la choix portée sur le « Grand Genève »  est grammaticalement fausse puisque Genève est une nom propre féminine. Et que c'est con d'avoir masculinisé Genève : «La Grande Genève», ça aurait été marrant, ça faisait assez pute dans un Maigret ou un film de Carné des années trente, genre « La Grande Genève arpentait depuis des heures son bout de trottoir des Pâquis quand la petite Annemasse fut égorgée par le gros Ferney »...

Chose promise, chose due, chose faite : le comité unitaire contre la nouvelle loi genevoise sur les manifestations, approuvée le 11 mars dernier par les votant-e-s du canton (mais refusée par celles et ceux de la Ville) a déposé un recours au Tribunal fédéral contre plusieurs dispositions de la loi, et demande l'effet suspensif de l'application de cette dernière. Le comité conteste notamment, sous l'angle de la conformité au droit supérieur : l'interdiction pour l'organisateur d'une manifestation qui aurait « dérapé » sans qu'il y soit pour rien, d'en organiser d'autres; le montant maximal de l'amende (100'000 francs) infligé aux organisateurs de manifestations non autorisées; la responsabilité causale obligeant à un dédommagement même en l'absence de faute; l'obligation de mettre sur pied un service d'ordre qui remplirait des tâches de police. Voilà, c'est bien la gauche ça, mauvaise perdante, sous prétexte de défendre un droit fondamental. Mais quand est-ce qu'ils comprendront, ces gaucheux, qu'il n'y a pas de droits fondamentaux (à part le droit de propriété, bien sûr), seulement un devoir fondamental : faire comme on vous dit de faire là où on vous dit de le faire quand on vous dit de le faire ?

Le « journal en ligne » Les Observateurs.ch, lancé par le sociologue Uli Windisch (et soutenu par des copains de Christoph Blocher) pour, disait-il, offrir « une vision de l'actualité suisse libérée de la pensée unique » de gauche qui dominerait les media, va peut-être devoir bientôt changer à la fois de nom, et passer de « Les Observateurs » à «L'Observateur unique», et de prétexte, en se vouant non plus à combattre une « pensée unique », mais à diffuser la pensée d'un unique : Uli Windisch lui-même, qui est en passe de se retrouver tout seul dans son machin, après les départs successifs de Philippe Barraud et d'Olivier Grivat (qui regrette l'impossibilité d'exprimer au sein du « journal en ligne » un avis divergent de celui de Windisch.). On suggère à Windisch de reprendre pour titre de son site celui du maître-livre de Max Stirner : «L'Unique et sa propriété».

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