Thérapie de groupe post- et pré-électorales genevoises

Reviens, Manu !

On est parti samedi après-midi à la Fête de la Musique assez furax d'avoir lu les compte-rendus donnés par la presse des états d'âme de la gauche genevoise après l'élection cantonale foireuse d'il y a dix jours, et avant une élection municipale complémentaire que la droite voudrait réglée comme du papier à musique, dans quatre mois... et puis, samedi soir, on en est revenu, de la Fête de la Musique avec en tête plein d'images de foules paisibles déambulant dans la vieille ville, et plein de mélodies euphorisantes ou apaisantes... et une idée géniale, née quelque part entre les acidités balkaniques de la terrasse Agrippa d'Aubigné et les douceurs baroques de l'Auditoire Calvin : et si on (re)présentait Manu, sa notoriété, son expérience et son matelas électoral, à l'élection partielle au Conseil administratif de la Ville, hein ? D'ailleurs, le site internet de Manu est prêt. Depuis longtemps, même, y'a plus qu'à le refraîchir un peu (le site, donc...)  :
www.socialiste.ch/manuel_tornare/pourquoi_mt_au_ca.html

 « Je me les sers moi-même, avec assez de verve, mais je ne permets pas qu'un autre me les serve...»

u PS, le debrifing post-électoral se fait donc sur la place publique (pourquoi pas, après tout ? Une élection est bien un événement public, et les raisons de son résultat des raisons publiques, non ?), mais à grands coups d'hypothèses simplistes, d'accusations frappées de paranoïa conspirationniste, d'excommunications et d'appel à la discipline... On ne reprochera ni aux uns, ni aux autres de s'exprimer publiquement sur les déboires du PS genevois (on serait, il est vrai, assez mal placés pour formuler ce genre de reproche à qui que ce soit...), mais on leur reprochera tout de même de s'exprimer pour dire n'importe quoi : l'un proclame la déchéance électorale des magistrats socialistes des grandes communes où le MCG est arrivé en tête il y a dix jours (alors que le PS y avait triomphé, comme en ville il y a un an), un autre nous pontifie que « si un congrès du PS se gagne à gauche, une élection se gagne à droite » (alors que celle de dimanche dernier a précisément été perdue par défaut de mobilisation de la gauche), un troisième découvre  que la Julie n'est pas un organe de campagne électorale du Parti Socialiste -mais l'été, sans doute, pourvoira à l'octroi à nos camarades d'un peu plus de distance critique et de capacité d'analyse que celle dont nos éminences partisanes font preuve. De ce flot de réactions socialistes sur la défaite socialiste, on en retiendra d'ailleurs une, qui donne aux auteurs des autres une belle leçon de dignité et, paradoxalement, d'objectivité : la réaction d'Anne Emery-Torracinta dans la Tribune de Genève de samedi... Et on notera l'excellente question posée par Christian Levrat dans Le Courrier de samedi : « Pourquoi les socialistes ont-ils bien résisté lors des élections communales dans (les) villes et pas dans le cadre de cette élection complémentaire ? » ...


Voilà pour le PS -mais à sa gauche (admettons-en l'autoproclamation), le bouillon de culture n'est pas moins réjouissant : la demie-douzaine de composantes d'Ensemble à gauche s'étripe déjà à propos de la décision de l'une d'entre elle, le Parti du Travail, de présenter une candidature (celle de Salika Wenger) à l'élection municipale partielle de novembre en Ville de Genève (c'est le fauteuil de Pierre Maudet qui est à repourvoir), en attendant (avec une impatience fébrile) l'apparition à la fois d'une nouvelle formation, la Gauche Républicaine, et d'une nouvelle tentative d'unification de la gauche de la gauche, mais de la vraie gauche de la vraie gauche, forcément. Donc une tentative concurrente de celle de La Gauche (qui tient son congrès national samedi à Bienne). C'est vrai que ça manquait, un groupe de gauche de la gauche de plus, et une posture unitaire de plus...


Et c'est donc sur cet arrière-fond roboratif que l'on s'achemine vers une nouvelle élection complémentaire, en Ville de Genève cette fois, pour désigner qui aura l'honneur de s'asseoir sur le fauteuil jusque là occupé par Maudet. Et la question qui se pose à la gauche est simple : faut-il laisser cette élection, et le débat qui, forcément, va se tenir à sa faveur, se faire uniquement à droite, entre la droite et la droite de la droite ? la gauche peut-elle être absente de cette élection et de ce débat, et y assister en spectatrice muette, pour se réserver peinardement un rôle d'arbitre au moment du choix ? La réponse, on le sait a été donnée par le Parti du Travail et par Salika Wenger : il y aura une candidature de gauche en novembre : la sienne. Et on la soutiendra, puisqu'aucune autre ne s'annonce (pas même celle de Manu...). On ne la soutiendra pas tant pour récupérer le seul siège de la Municipalité que la gauche ne détient pas, et qu'elle n'a d'ailleurs pas une furieuse envie de récupérer, mais pour qu'elle ne soit pas absente, avec son discours, ses propositions, ses refus, d'un moment (une élection) qui n'a de légitimité que s'il est celui d'une confrontation politique. On se permettra, au passage, de trouver amusant que ceux qui nous accusent quasiment de désertion lorsque nous appelons à voter «blanc» (ce qui est tout de même voter...) à un projet de constitution qui ne mérite ni notre approbation, ni notre rejet, trouvent judicieux de laisser la droite débattre avec ellle-même, sans contradiction de gauche, dans une élection exécutive -mais passons : ce sont là des incohérences dont nous sommes nous mêmes tout à fait capables de nous offrir le luxe, et dont nous pouvons donc nous contenter de ricaner doucement, puisque c'est aussi ricaner de nous-mêmes -moins par goût de l'autocritique que, comme Cyrano, pour ne pas laisser ce  soin à d'autres, quand nous aimons croire que nous nous servons ce fiel mieux que quiconque...

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