Fonds de tiroir


Le rapporteur spécial des Nations Unies,sur les droits de réunion et d'association pacifiques, Maina Kiai, présentera demain au Conseil des droits de l'Homme son premier rapport. Dans lequel il blâme la République de Genève, siège du Conseil des droits de l'Homme, pour s'être dotée (disons : affublée) d'une loi sur les manifestations restrictive et disproportionnée, prévoyant une amende jusqu'à 100'000 francs pour toute personne organisatrice de manifestation qui n'aurait pas requis l'autorisation de manifester ou ne se serait pas conformée aux conditions de l'autorisation, exigeant des organisateurs de manifs la mise en place d'un service d'ordre, et les rendant responsables des dommages causés par autrui dans le cadre de la manif. Un très mauvaise exemple donné par la « capitale mondiale des droits de l'homme » (Genève, donc), et un pays (la Suisse, donc) qui a multiplié les initiatives en faveur du droit de manifester. Mais ailleurs. Bref, il est en train d'apprendre l'une des plus anciennes lignes de conduite de la Suisse, le rapporteur : le «  faites ce que je dis, pas ce que je fais »...  Un truc dans lequel on est passés maîtres.

Mark Muller (mais oui, vous savez, le type qui occupait le siège sur lequel Maudet va s'asseoir...) s'est trouvé un petit boulot : il sera (ou plutôt, redeviendra...) juge assesseur à la Chambre d'appel du Tribunal des baux et loyers, en tant que représentant des milieux immobiliers (ben forcément, il allait pas y représenter l'Asloca, il en vient, des milieux immobiliers, faut quand même pas pousser sur les reconversions professionnelles...). Et on est bien content de voir ainsi un chômeur recasé à un poste qu'on le suppose capable d'occuper efficacement, cette fois. Sinon, on l'aurait recasé dans quel emploi, MàD Mark ? videur de boîte de nuit ?


Le Tribunal de police de Genève vient d'établir une jurisprudence amusante : les agents municipaux n'ont pas le droit de prononcer des ordonnances pénales dans le cadre de la funeste loi antimendicité, les amendes infligées par des policiers municipaux à des mendiants sont donc illégales et plusieurs centaines, voire, selon Mesemrom, plusieurs milliers d'entre elles, vont être annulées. On a donc le choix, avec la loi antimendicité, entre deux types d'amendes : celles qui sont légales mais qu'on ne peut pas encaisser et qui coûtent plus cher à l'administration genevoise que ce qu'elles exigent des mendiants, et celles qui sont carrément illégales. Si c'est pas de l'inventivité juridique, ça, une loi pareille, et si elle ne mérite pas le titre de Genferei de l'année (voire de la décennie)...

Le Mouvement citoyens genevois (MCG pour les intimes) a déposé un recours contre l’arrêté du Conseil d’Etat constatant les résultats de l’élection de dimanche. Si le recours était couronné de succès, ce qui n'est pas l'hypothèse la plus probable (de toute façon, le MCG, quérulent, se fout du destin de son recours et assure que son objectif n'est pas de faire annuler l'élection, mais seulement de faire constater des irrégularités), on aurait droit à de nouvelles élections. Le MCG dénonce des  irrégularités qui auraient été commises lors des opérations électorales (urnes non surveillées, transfert d'urnes par des employés d’Etat non assermentés...). Il semble que le recours ait un effet suspensif, ce qui retarde en tout cas la prestation de serment (et le départ du Conseil administratif de la Ville) de Pierre Maudet... à moins que l'Etat fasse recours contre l'effet suspensif, et obtienne donc une sorte d''effet suspensif de l'effet suspensif...  Bon, ben comme ça, y'aura au moins un élément de cette élection calamiteuse qui nous aura fait marrer...
La justice allemande a fort pertinemment décidé avant-hier que la circoncision d'un enfant pour des motifs religieux était passible d'une condamnation, puisqu'elle modifie durablement son corps sans qu'il ait pu en décider lui-même en toute conscience. Les parents doivent donc attendre que l'enfant soit précisément en mesure de prendre la décision d'être circoncis pour manifester son propre choix d'appartenir à une communauté religieuse. Et c'est une excellente décision qu'elle a prise là, la justice allemande : elle respecte la liberté religieuse, mais condamne la contrainte religieuse sur les enfants. En somme, elle dit que la liberté religieuse ne donne aucun droit d'imposer ses propres choix à ses enfants. Du coup, évidemment, les communautés religieuses concernées par le destin des prépuces des gamins sont montées aux barricades pour défendre la circoncision des garçons nouveaux-nés comme élément essentiel de leur religion, «pratiqué depuis des milliers d'années partout dans le monde », a plaidé le président du Conseil central des juifs d'Allemagne... et alors ? une pratique religieuse (ou à prétexte religieux) contraire aux droits fondamentaux de la personne devient-elle admissible parce qu'elle est ancienne ? Il faudrait admettre la lapidation des femmes adultères ou l'excision des jeunes filles, puisqu'ils se trouve des abrutis pour les justifier au nom des traditions religieuses ?

Or donc, à la suite de l’élection de Pierre Maudet à la fonction de conseiller d'Etat, le Conseil d'Etat a fixé (à vos agendas !) au dimanche 4 novembre 2012 la date de l’élection complémentaire d’un membre du Conseil administratif en Ville de Genève -élection où il sera possible de voter par Internet. Le délai pour déposer des listes de candidatures au service des votations et élections est fixé au lundi 17 septembre 2012, avant midi. Qu'on se le dise !  Deux questions se posent à la gauche genevoise, à propos de cette élection : doit-elle présenter un-e candidat-e, ne serait-ce que pour ne pas laisser le monopole du discours politique pendant la campagne à la droite (PLR-PDC) et à sa droite (DC-MCG) ? et cette candidature de la gauche peut-elle être celle de Salika Wenger, candidate déjà annoncée et confirmée du Parti du Travail ?  A moins que « La Gauche »  décide de présenter elle-même une candidature, c'est aux formations politiques existantes à gauche de la gauche (en Ville de Genève) de le faire, sachant que le PS détenant déjà deux des cinq sièges de la Municipalité ne va pas en revendiquer un troisième (et la majorité absolue à lui tout seul), que solidaritéS étant déjà représentée par Rémy Pagani ne va pas revendiquer un deuxième siège et que la candidature verte qui pourrait être lancée n'est de loin pas, à en croire la rumeur, une candidature de gauche. Donc s'il n'y a que Salika à être candidate, on ne voit pas comment, et au nom de quoi (sauf à se lancer dans des attaques personnelles) la gauche toute entière (PS et Ensemble à Gauche) pourrait ne pas la soutenir... Et les attaques personnelles, c'est pas notre genre, à gauche. Pas du tout.

Le nouveau parlement vaudois n'aura pas de groupe à la gauche du PS : les quatre élus de La Gauche (POP + solidaritéS) n'ont réussi ni à s'intégrer au groupe PS ou au groupe Vert, ni à se faire « prêter » par les socialos ou les écolos un-e élu-e pour former un groupe. Résultat, les élus de La Gauche ne siègeront pas dans les commissions. Où la gauche (sans majuscules : le PS et les Verts) sera donc plus faible face à la droite que si les socialistes ou les Verts avaient accepté que l'un-e de leur député-e-s complète le quatuor de La Gauche. C'est malin... euh, non, c'est pas malin. Et fait, c'est même assez gauche... cela dit, si la gauche de la gauche n'a pas de groupe parlementaire au Grand Conseil Vaudois, elle n'en a pas non plus au Grand Conseil genevois. Mais là, c'est parce qu'elle n'a même pas été foutue d'y entrer, alors les conseils du bout du lac au bord du lac, le bout du lac peut se les garder...

Annonce tintamarresque d'une opération policière franco-suisse contre un « réseau mafieux »  (selon la police française) accusé d'envoyer, depuis la France, des Rroms roumains mendier à Genève, pour leur piquer ensuite, comme de vulgaires policiers genevois, l'argent récolté. ça, c'est la version policière. Version de l'avocate Dina Bazarbachi : «  il n'est pas possible de mettre sur pied un réseau mafieux »  financé par l'argent de la mendicité, celle-ci ne rapporte pas assez (une dizaine de francs par jour, sur quoi le mendiant doit manger). Réponse rationnelle et empirique, confirmée par la police genevoise, qui évalue à une centaine en tout et pour tout le nombre de mendiants à Genève, et ajoute qu'aucun élément ne corrobore l'hypothèse d'organisations mafieuses vivant de la mendicité dans notre bonne ville. En revanche, ajouterons-nous, une foultitude d'éléments corroborent l'hypothèse d'organisations politiques vivant de l'exploitation des stéréotypes anti-rroms, et prêts à gober tout ce qui peut nourrir ces stéréotypes. Lesquels, contrairement à la mendicité, ne sont ni interdits, ni amendables. Et seraient même entretenus officiellement par une loi imbécile qui est en train de faire des petits guère plus intelligents du côté de Lausanne.

Le canton de Genève a créé un label (1+ pour tous) pour récompenser les entreprises (privées ou publiques) et les communes ayant engagé un ou plusieur-e-s chômeurs et/ou chômeuses de longue durée depuis au moins six mois. Les dernières entreprises ayant reçu le label « 1+ pour tous »  ont été la boucherie du Palais, Gastromer, la Vélopostale, Genilem, les TPG et l'agriculteur René Jungo. Pas Merck Serono ? non : eux, ils ont pas reçu le label « 1+ pour tous » , mais le lamoche « tous niqués pour les actionnaires » . Moins méritoire, mais suggérant plus de profits.

Election complémentaire à l'exécutif de la Ville de Genève: outre les candidatures à la candidature de la droitunie (Kalbermatten, Genecand, Fiumelli), la candidature de la droitunie de la droite (Bertinat) et la candidature de la gauchun... euh... non : de la gauchencoràunir (Wenger), on nous annonce la possibilité d'une candidature verte (mais pas franchement de l'aile gauche des Verts). Ajoutons à cela l'appel désespéré que nous lançâmes (« Manu, reviens »), mais dont on doit bien avouer qu'il n'a guère suscité de frémissement perceptible à la base et une petite idée marrante en gestation improbable, et n'excluons ni le Prophète, ni les Verts libéraux, ni les Pirates, et vous verrez qu'en novembre prochain, l'étal électoral municipal genevois vous offrira un choix complet de fruits politiques. De quoi nous faire oublier la pitance d'il y a dix jours ? Miam, miam...

Petit rappel à l'intention des ceusses qui proclament déjà que la défaite du PS il y a dix jours condamne toute tentative de re-présenter la candidate battue à l'élection générale de l'année prochaine : ça n'est pas le première fois qu'un-e candidat-e socialiste battu lors d'une élection est représenté-e par le parti à l'élection suivante, pour être cette fois élu-e : ce fut le cas d'un certain Christian Grobet (battu à une complémentaire par un certain Aloys Werner, et élu à la générale suivante) et d'une certaine Micheline Calmy-Rey (battue à une générale et élue à la générale suivante).





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