Constitution genevoise : Un choix à 55 % de 35 % de 50 % ?

Hier soir, on en était à 22,6 % de participation au vote sur la constitution, à trois jours de la clôture du scrutin. Si la tendance se poursuit, on se situera quelque part autour des 35 % de participation -et des 65 % d'abstention. On ne risque donc pas le tsunami démocratique sur cet enjeu dont on nous clame pourtant qu'il est dé-ci-sif.  Il vous reste jusqu'à demain pour voter par internet, et de dix heures à midi dimanche matin pour voter, à l'ancienne, dans un local de vote, en déposant dans une urne un bulletin propre sur lui. Parce que c'est bô, un bulletin de vote virginal, immaculé, préservé des grafitis... Gardez donc le vôtre dans son innocence, ne le mélangez pas à ceux de l'UDC et du MCG ni à ceux du PLR et du PDC, n'y mettez pas de croix (les croix, c'est bon pour les cimetières), laissez-le aussi propre que vous l'avez reçu : VOTEZ BLANC !

Dès dimanche midi, en tout cas, c'est promis, on change de jaja : on passe du blanc au rouge


Le résultat prévisible du vote de dimanche,  s'agissant du taux de participation (s'agissant des scores respectifs du « oui », du « non » et des votes blancs ou nul, on a parié sur une victoire du «non», mais on n'est pas prophète, sinon dans notre désert...), promet d'être cinglant. Ce vers quoi on s'achemine, c'est un « bof » retentissant, avec les deux tiers (ou pas loin) de l'électorat s'abstenant, et manifestant ainsi son étrangeté à un exercice constituant pourtant commis en son nom, mais également à la campagne navrante qui a ponctué la publication de son résultat. L'affrontement historique des Bisounours et des Néanderthaliens se sera ainsi déroulé dans une assez somptueuse indifférence. Les plus motivés (ou les moins démotivés) le gagneront -cela ne dit pas grand chose de la qualité de leurs motivations, et moins encore de celle de leur argumentation, si cela dit quelque chose de leur efficacité.


Côté gauche du « non », on semble n'avoir retenu que la pire des leçons données depuis des années par le côté droit : on a fait une campagne style UDC, en appliquant le principe connu de tous les fils de pub : peu importe ce que vous dites, si vous le dites assez fort, assez souvent et assez longtemps, on vous croira. Ce qui valait pour les minarets et les criminels étrangers a valu pour la chasse et le 9 novembre 1932.

Côté gauche du « oui », en revanche, on a donné l'impression d'avoir appris la communication politique par un visionnage intensif de La Petite Maison dans la Prairie. L'envoi de jolie ballons multicolores dans le ciel de Piogre ne compense en tout cas pas l'absence de souffle du projet, et son incapacité à susciter l'adhésion au-delà du cercle, restreint, de ceux qui l'ont d'abord rédigé, puis négocié, puis à nouveau rédigé, et qui, s'étant échinés à cette tâche benedictine, prennent depuis des semaines toute critique du projet (et on ne parle pas ici des excommunications majeures dont il est accablé) pour une attaque mesquine à leur propre personne...

Ce vendredi matin, Genève a une constitution. Dimanche à midi, Genève aura encore une constitution. La même, ou une autre (pas si «autre» que cela, d'ailleurs, ou du moins pas assez « autre » pour que nous la soutenions). Comme le souligne en défendant le « oui » au projet, le socialiste Thierry Apotheloz, si le projet de constitution « passe la rampe le 14 octobre, tout restera à faire »... en effet, mais s'il ne passe pas la rampe aussi... Et dès dimanche midi, en tout cas, c'est promis, on change de jaja : on passe du blanc au rouge (Salika, qui d'autre ?)

Alors, rassurons nos camarades d'un bord comme de l'autre : la terre ne va pas s'arrêter de tourner. ni la République (et nous) de bouger le 14 octobre à midi. Genève ne sortira pas du XXIe siècle grégorien si le projet de la Constituante est refusé, ni de la démocratie s'il est accepté. En revanche, que le vainqueur aux points de ce vote auquel seule la moitié de la population a été conviée, et auquel, vraisemblablement, seul le tiers de cette moitié aura participé, -que ce vainqueur soit le « oui » ou le « non », le texte finalement adopté ou confirmé n'aura  qu'une légitimité fort contestable, et rapidement très contestée. Parce que la légitimité d'une charte fondamentale qui n'aura été acceptée (si c'est le projet) ou confirmée (si c'est l'actuelle) que par 10 % de la population de la République ne pèsera pas lourd.
Disons que si elle devait passer le poids de l'intelligence et de la force des arguments avancés. pour nous faire voter en faveur du projet de la constituante ou du maintien de la constitution en vigueur, il nous faudra une balance d'orfèvre pour l'évaluer.

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