Election municipale du 4 novembre : Sortir du marais...

Les choses et le choix devraient être simples, pour la gauche, lors de l'élection municipale de ce week-end : Il y a trois candidats et une candidate au Conseil administratif de la Ville de Genève. Et d'entre ces quatre candidatures, il n'y en a qu'une seule de gauche : celle de Salika Wenger. Et en face, une seule qui s'assume clairement comme une candidature de droite : celle d'Eric Bertinat. Et entre les deux, au «centre», c'est-à-dire dans le marais, clapotent un candidat de « centre-droit » ne s'assumant pas de droite, Guillaume Barrazone, qui ne sait même pas à 100'000 balles près combien va coûter sa campagne quand nous en sommes à payer avec nos jetons de présence de Conseillers municipaux les 2500 balles des « pavés » pour Salika dans « Le Courrier », et un candidat de «centre-gauche», Didier Bonny, de gauche in pectore et centriste bénévolant urbi et orbi. La gauche peut-elle choisir le marais ?

L'histoire du débat démocratique, c'est la gauche contre la droite, depuis 223 ans...

Avec une seule candidature de gauche, le choix de la gauche de soutenir cette seule candidature devrait couler de source claire. Mais on est à Genève, et au Parti socialiste, chez les Verts, ou à solidaritéS, les choix les plus simples deviennent immensément douloureux. Et on finit par choisir d'enfoncer une porte ouverte : le PS et les Verts n'appelleront pas à voter pour le candidat de l'UDC et du MCG. Qui ne soutiendront pas non plus la candidate du Parti du Travail... Résultat de ce concours de truismes : on trouve des socialistes et des Verts dans le camp de Salika, d'autres dans celui de Bonny, d'autres qui s'apprêtent sans trop oser le dire à voter pour Barrazone au nom d'un «front républicain anti-Bertinat... Et pourquoi pas des socialistes et des Verts votant carrément Bertinat ? Après tout, tant qu'à partir du principe que « la droite a droit à un siège » à la Municipalité et que c'est à la gauche de le lui assurer, pourquoi ne pas appeler ouvertement à voter pour le seul candidat qui s'assume clairement comme étant de droite ? Et du même mouvement pour le candidat UDC à la Cour des Comptes, Nydegger, pour ne pas laisser le monopole de cette cour aux partis gouvernementaux ?


En attendant que la gauche genevoise redescende sur terre, les deux candidats qui ne s'avouent ni de gauche, ni de droite, le PDC Barrazone et le chrétien-social Bonny, nous jouent tous deux le cantique du rassemblement des bonnes volontés autour de leur bénévolente personne. Et il se trouve des socialistes et des Verts pour entonner avec eux ce chant émouvant qui monte du marais centriste à destination de qui voudra bien le trouver à son goût.  Que Barrazone, sur le nénuphar de droite du marigot (un nénuphar doré, vu les moyens dont il dispose pour sa campagne), et Bonny, sur le nénuphar de gauche, plus modeste, nous coassent le consensus, relève après tout de l’éthologie du centrisme. Mais que des partis, des organisations, des militants de gauche entonnent à leur tour ce lai mollachu signale une assez singulière confusion des rôles. Il est vrai que l'argumentation déployée pour justifier le refus du PS de soutenir la candidate de gauche présageait déjà de l'adhésion de quelques socialistes au choeur centriste... Ainsi du refus d'un « Conseil administratif monocolore » (comme si l'élection de Salika Wenger pouvait produire quoi que ce soit de «monocolore»...) : on ne dira jamais assez l'indigence d'une telle prise de position de la part d'un parti politique dont la fonction est tout de même de renforcer le camp dont il est supposer participer (la gauche). Ainsi, également, de cette protestation aburde du « droit de la droite à un siège au Conseil administratif » : d'où nous sort-on ce « droit » de qui que ce soit à un siège où que ce soit ? Personne n'a « droit à un siège », en démocratie. Personne, ou tout le monde. C'est-à-dire toutes celles et tous ceux qui sont capables de le conquérir, mais seulement celles-là et ceux-là...


Nous sommes à gauche, nous appelons à voter à gauche, et il n'y a qu'une seule candidature de gauche (« Salika, qui d'autre ? »)... Si les urnes nous sont favorables et qu'un deuxième tour est nécessaire pour la première fois depuis des décennies, il faudra bien que les partis et les organisations qui ont jusqu'à présent refusé de choisir se résignent à le faire. Certes, il aurait mieux valu qu'ils le fassent plus tôt, mais on fait avec les partis qu'on a... On se surprend même à attendre avec impatience l'entrée en vigueur des nouvelles dispositions constitutionnelles sur le mode d'élection aux exécutifs, qui nous fera passer de l'exigence d'une majorité simple à celle d'une majorité absolue pour être élu-e au premier tour... et donc, après s'être compté dans un premier temps, de se rassembler dans un second, gauche contre droite, comme il convient en démocratie depuis les premières assemblées révolutionnaires françaises, il y a 223 ans... Celles-là même qui baptisèrent « marais » ce « centre » où l'on attend sur son nénuphar de savoir de quel côté souffle le vent pour savoir de quel côté se tourner pour se reproduire..

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