Fonds de tiroir

Un tribunal allemand ayant proscrit, sauf raisons médicales, la circoncision des enfants en la qualifiant d'« atteinte irréversible à l'intégrité corporelle » sur des personnes ne pouvant donner leur accord, il s'en est suivi une mobilisation des communautés juive et musulmane en faveur de l'ablation du prépuce, La Société suisse de chirurgie pédiatrique a décidé d'empoigner, si on ose écrire, le problème et de l'étudier sous l'angle du droit helvétique, et des hôpitaux publics de Zurich et de Saint-Gall ont, dans un premier temps, décidé de ne plus pratiquer de circoncisions hors raisons médicales. Finalement, l'hôpital des enfants de Zurich a décidé de reprendre le décapsulage des chtis garçons, sous conditions et après examen minutieux de chaque cas, en assurant que le point de vue de l'enfant sera pris en compte « dans la mesure du possible » -ça va être facile, tiens de prendre en compte l'avis d'un bébé de huit jours... Les professionnels de la profession sont divisés, entre ceux qui privilégient le droit de l'enfant à son intégrité corporelle et ceux qui privilégient la liberté religieuse. Parce que décapsuler le zigouigoui des chtis garçons, ça relève de la «liberté religieuse» ? ... Pour les musulmans en tout cas, la circoncision ne relève pas d'une prescription religieuse mais d'une coutume, alors que pour les juifs, il est supposé être un commandement de Dieu à Abra(ha)m et marquer l'entrée du gniard dans la communauté. Du coup, une quarantaine de rabbins orthodoxes de toute l'Europe ont, collectivement, franchi le mur du con en proclamant que l'interdiction de la circoncision est « peut-être l'attaque la plus grave contre la vie juive en Europe depuis l'Holocauste ». Pas moins. Et le rédac'chef adjoint de la « Tribune de Genève » croit pouvoir sentir derrière la décision du tribunal de Cologne « l'haleine de 1939-1945, avec étoile jaune accrochée en fonction de la configuration du pénis de l'enfant ... Rien que ça. Est-ce que ces connards ont conscience d'injurier les victimes de la Shoah en comparant une décision fondée, à juste ou injuste titre, peu importe, sur le droit à l'intégrité corporelle à un génocide ? Non, sans doute... Et faut-il leur rappeler que les tziganes, non circoncis, ont été exterminés comme les juifs par les nazis, contrairement aux musulmans, circoncis ? Oui, sans doute... Et au théologien genevois, professeur d'éthique (en toc), qui proclame dans la « Julie » que « la liberté religieuse des parents prime l'intégrité physique de l'enfant », on lui rappellera quoi ? de tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de dire des conneries ? 

Le Tribunal fédéral a débouté, le 9 juillet, la commune vaudoise de Préverenges, dans l'ouest lausannois, qui refusait que le canton réquisitionne un abri de protection civile pour loger des requérants d'asile. Et qui ne le refusaient pas parce qu'elle estimait ce logement indigne de la « tradition d'accueil de la Suisse »: non, elle le refusait parce qu'elle ne voulait pas des requérants d'asile chez elle. A côté, dans les communes voisines, oui, pas de problème. Mais chez elle, non. Manque de pot (et de places) : le Tribunal fédéral a estimé que le canton était parfaitement en droit d'ordonner aux communes d'ouvrir leurs abris PC pour héberger temporairement des requérants d'asile. Cela dit, on aurait bien aimé entendre le Tribunal fédéral dire aussi qu'enterrer des réfugiés dans des abris souterrains ne correspond pas particulièrement à leur assurer des conditions d'hébergement dignes, mais bon, on est en Suisse en 2012, hein... Et si les abris PC sont conçus pour résister à des bombardements, faut encore les tester pour savoir s'ils peuvent résister à la connerie xénophobe. 

Mercredi soir, au Conseil Municipal de la Ville de Genève, le MCG proposait un projet de délibération en quatre points, dont trois n'étaient guère contestables puisqu'ils recommandaient à la Municipalité de faire ce qu'elle fait déjà, à savoir annoncer à l'Office de l'Emploi les postes vacants dans ses services, collaborer avec cet office, «prioriser» l'engagement des chômeurs, leur proposer une formation complémentaire et faire appliquer ces règles aux institutions subventionnées par la Ville. Et puis, il y avait un point relevant de l'obsession antifrontalière du MCG, mais si mal rédigé qu'on ne savait pas, quant il évoquait les résidents genevois à « prioriser » dans l'engagement de personnel, s'il évoquait les résidents de la Ville, ce qui serait logique puisque la proposition était faite à la Ville, ou ceux du canton, ou ceux de la région, et si elle considérait ou non comme « résidents genevois »  ces genevois-es qui, ne trouvant pas de logements à Genève se sont installés en France ou dans le canton de Vaud. Bref, sur proposition d'une (fort méritante) conseillère municipale de la gauche de la gauche, ce point a été biffé de la proposition et celle-ci a été renvoyée en commission. Et le MCG, que toute la droite municipale soutenait, s'est retrouvé avec sa proposition amputée de ce à quoi il tenait le plus, et réduite à recommander ce qui se fait déjà. Finalement, on lui a trouvé une utilité, au MCG : enfoncer les portes ouvertes...

La Société Suisse d'Utilité Publique, gestionnaire de la prairie du Grütli (dont elle a fait don à la Confédération), veut lancer un concours pour moderniser le texte de l'hymne national suisse, qu'elle juge «lourd» et « peu actuel ». Normal, c'est un cantique... mais c'est vrai que, vu de Genève, « Sur nos monts quand le soleil annonce un brillant réveil », ça sonne bizarre vu que les monts derrière lesquels se lève le soleil sont tous en France... et qu'on imagine avec ravissement les élus et membres du MCG chanter le 1er août la gloire de montagnes frontalières... Allez, on la soutient l'initiative de la SSUP, pour un hymne national léger et actuel : sur nos banques quand le secret bancaire...un truc dans le genre, quoi. Ou alors le ranz des vaches ? les paroles sont en patois, personne ne les comprend, mais au moins la mélodie et les harmonies sont belles...

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