Politique d'asile : référendum et initiative ?

Marcher avec ses deux jambes

Les partis socialistes genevois, jurassien et zurichois, ainsi que la Jeunesse Socialiste, ont décidé de soutenir le référendum contre les derniers durcissements en date de la politique d'asile. Le Parti suisse, lui, en décidera dans dix jours, en Assemblée des délégués, le 1er décembre. Mais le moins que l'on puisse dire est que sa direction n'est pas très chaude pour se lancer dans ce combat qu'elle juge perdue d'avance. La bonne nouvelle, cependant, c'est qu'elle semble également prête à prendre l'offensive sur ce terrain, en lançant une initiative réaffirmant clairement quelques solides principes fondamentaux. Les deux démarches, celle du référendum et celle de l'initiative, ne sont évidemment pas incompatibles : l'une est défensive, l'autre offensive. L'une est de résistance, l'autre de proposition. Ne conviendrait-il pas de les assumer toutes deux ? Après tout, marcher sur ces deux pieds, quand on a la chance de les avoir les deux, c'est encore la meilleure façon d'avancer, non ?


Si on se bat, on peut perdre. Mais si on ne se bat pas, on a déjà perdu.

Le PSS envisage donc, enfin, de prendre l'offensive sur le terrain, miné, de la politique d'asile, en étudiant le lancement, une « large coalition » à l'appui, d''une initiative populaire garantissant le respect des principes humanitaires (et du droit international) dans ce domaine où depuis des années, ces principes et ce droit sont perçus par l'extrême-droite comme d'intolérables contraintes, et par la droite comme une gêne. Lancer une initiative, cela veut dire ne plus se contenter de combattre par référendums les durcissements successifs de la politique suisse d'asile, mais ouvrir le champ à une autre politique, fondée sur des principes qui sont non seulement ceux proclamés par le droit international, mais aussi ceux revendiqués par le programme « migratoire » du PS, adopté en septembre dernier au congrès de Lugano, et dont le volet consacré à l'asile dessine précisément une autre politique que celle décidée par le parlement et menée par le gouvernement. Une politique qui pourrait parfaitement être portée par une initiative populaire, qui nous ferait sortir par le haut de l'enfermement dans un combat purement défensif, et redonnerait à la gauche, dans le champ de la politique d'asile, une capacité d'action et de proposition qui, si nous sommes capables de construire le rapport de force nécessaire, fera entendre un autre discours que celui d'une droite gouvernementale tétanisée par l'emprise des discours xénophobes -au point de les tenir elle-même de plus en plus souvent. C'est d'ailleurs avec son apport, quand ce n'est pas à son instigation, que les mesures scélérates contre lesquelles le référendum est lancé ont été adoptées : non reconnaissance de l'objection de conscience ou de la désertion comme motif légitime de demander l'asile politique, création de camps pour requérants «récalcitrants , notamment).

« Il vaut mieux proposer notre vision des choses que se contenter de s'opposer à celle de la droite », résume, judicieusement, la Conseillère nationale vaudoise Cesla Amarelle. La proposition et l'opposition, l'initiative et les référendums, ne se contredisent cependant pas, mais se complètent, comme se complètent l'offensive et la défensive, la percée et la barricade. Le PS n'a en tout cas rien à perdre à pratiquer les deux, et le lancement, dans un délai non précisé, d'une initiative n'exclut nullement le soutien au référendum lancé, dans un délai précis, lui, contre les dernières mesures votées par la majorité parlementaire. Les dernières, mais pas les ultimes : il y a déjà d'autres mesures prévues (sur l'aide d'urgence et l'accélération des procédures), qu'il faudra combattre comme les précédentes, et pour les mêmes raisons. Parce qu'il y a urgence à dire, et à redire « non » à une dérive vers la xénophobie d'Etat. Même si ce « non » est minoritaire. Parce que même en ce cas, on pourra s'appuyer dessus pour pouvoir ensuite dire « oui » à des propositions ressemblant à celles que nous faisons dans des programmes qui doivent bien servir à autre chose qu'à caler les pieds de nos tables boiteuses.

A l'annonce que le combat référendaire est «perdu d'avance», il n'y a qu'une réponse à donner : les seuls combats perdus d'avance sont ceux que l'on renonce à mener. Bien sûr qu'on peut perdre, quand on se bat. Mais si on ne se bat pas, on a déjà perdu. Et on s'est déjà perdus.

Signez le référendum :  www.stopexclusion.ch/spip.php?article97

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