45 budgets publics adoptés. Reste le 46ème... Jouer la montre, manier la hache...

 
Les 45 communes genevoises ont bouclé leurs budgets. Seules deux d'entre elles (Bernex et Troinex) prévoient un déficit, qu'elles devront résorber dans les quatre ans, et deux autres une (légère) hausse de l'impôt communal pour équilibrer leurs prévisions. Sur les 46 collectivités publiques du canton, 45 ont donc fait leur boulot à temps. Laquelle manque à l'appel ? Celle qui s'est elle-même chargée de vérifier si les autres ont fait ce qu'elle-même ne fait pas : le canton. Il devait adopter son budget ces jours, il en sera incapable, la droite ayant refusé même d'examiner le projet du gouvernement. La République entamera donc l'année 2013 sans budget. Tout à l'heure, à 16 heures 30, devant l'Hôtel-de-Ville, on aura l'occasion, à l'appel du Cartel intersyndical de la fonction publique, de dire ce qu'on en pense -et ce qu'on pense des propositions délirantes faites par ceux qui, après avoir joué la montre, jouent de la hache pour tailler dans les dépenses les plus utiles à la population. Celles qui permettent aux services publics d'être un peu plus que des distributeurs de sparadraps sociaux...

Les cadeaux fiscaux se paient toujours. Mais jamais par ceux qui les font.


e Cartel intersyndical et le personnel de la fonction publique appellent donc à un rassemblement  cet après-midi,  à 16 heures 30, devant  l'Hôtel de Ville pour manifester leur refus des propositions irresponsables de la droite, leur volonté de défendre les services publics et de combattre la dégradation des conditions de travail du personnel et la réduction de ses effectifs, ou leur plafonnement en-deçà des besoins. On ne fera pas ici l'inventaire exhaustif de ces propositions et de leurs conséquences, quelques exemples suffisant à en illustrer l'inanité : 25 postes en moins que nécessaire pour absorber les effets de la réforme du Cycle d'Orientation, 200 postes en moins aux Hôpitaux Universitaires alors que le nombre de personnes hospitalisées ne cesse et ne cessera d'augmenter, un poste non remplacé sur deux départs dans l'administration, et, au chapitre de la seule hausse d'impôt que la droite accepte, celle qui va frapper ceux dont les revenus sont si bas qu'ils ne sont même plus imposables : la multiplication par quinze de la « taxe personnelle » Tout cela pour quoi ? Pour pouvoir «équilibrer le budget» sans avoir à rétablir les ressources fiscales mises à mal par les cadeaux fiscaux de ces dernières années.
Les cadeaux fiscaux, en effet, se paient toujours -mais ce ne sont jamais ceux qui les font qui les paient. On a beau nous dire à chaque fois qu'on les fait qu'ils rapporteront plus, au bout du compte, que ce qu'ils coûtent, à chaque fois aussi on s'aperçoit qu'en réduisant les ressources fiscales des collectivités publiques, on les rend plus fragiles à la conjoncture, et que lorsque celle-ci est mauvaise, les ressources disponibles se réduisent en même temps qu'augmentent les besoins d'intervention des collectivités pour remédier aux effets de la crise. Ce cercle vicieux n'est pas une perversité du système, il en est le coeur, il est ce qui permet ensuite aux distributeurs des cadeaux de venir ensuite en réclamer le prix, aux salariés d'abord et aux usagers des services publics ensuite -mais jamais à ceux qui en ont bénéficié (puisque ce sont des cadeaux), ni à ceux qui les ont accordé (on ne fait pas payer les cadeaux de noël au Père Noël). Le coût de ces cadeaux pour la collectivité, puis le refus de rétablir les charges fiscales qu'on avait réduites, puis encore le refus d'admettre qu'en temps de crise (même si la crise n'a pas à Genève, et plus largement en Suisse, la gravité qu'elle a ailleurs) on a encore plus besoin de services publics qu'en temps de prospérité, voilà ce qui caractérise à la fois le projet de budget du Conseil d'Etat et les propositions de la droite parlementaire, et voilà ce contre quoi il nous importe de manifester.

Et à ceux qui diront (puisqu'ils le disent toujours) que les manifestations, les grèves organisées pour dénoncer l'incompétence budgétaire et l'irresponsabilité sociale de la majorité parlementaire et gouvernementale de ce canton, ne rassemblent qu'une minorité des travailleuses et travailleurs de la fonction publique, on répondra encore une fois que, si minoritaires qu'ils puissent être, ils seront toujours plus nombreux que ceux contre qui ils manifestent, et qui prétendent décider au nom de tous.
Le système politique représentatif les y autorise, sans doute. Mais que vaut un tel système quand les représentants qu'il produit ne sont même pas foutus de faire le travail pour lequel ils ont été élus -ou ne sont capables de le faire qu'en dégradant le fonctionnement, et en réduisant les prestations, des instruments (les services publics) dont la collectivité s'est dotée pour garantir concrètement les droits qu'elle proclame ?

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